Sénégal : l’opposition maintient la pression malgré l’accalmie

De gauche à droite : le président Macky Sall, l'opposant Ousmane Sonko. (Dr).

Après les tensions suscitées par le rejet en juin de la liste des titulaires de YAW, principale coalition de l’opposition, le Sénégal connait une relative accalmie. Mais les partisans d’Ousmane Sonko qui ont sursoit à leurs marches interdites restent mobilisés pour arracher la majorité aux élections législatives du 31 juillet.

A l’approche de la fête de Tabaski, le chef de l’opposition Ousmane Sonko annonce une accalmie  dans son bras de fer avec les autorités sénégalaises pour ne pas perturber ou pénaliser les activités et festivités autour de cette fête. Une période durant laquelle les travailleurs du secteur informel réalisent une bonne partie de leurs chiffres d’affaires annuels. Ses partisans de la coalition Yewi Askan WI (YAW) évoquent l’intervention des chefs religieux, leur  volonté de ne pas perturber les examens scolaires ou encore le départ des pèlerins à la Mecque. Un soulagement pour ceux qui craignaient que la manifestation interdite du mercredi 29 juin, ne dégénère comme celle du 17 juin.  La police a tiré des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les foules, tuant trois personnes.

Ousmane Sonko, leaders du par Pastef a dans une série de tweets du 29 juin appelé les Sénégalais à se mobiliser massivement pour voter contre le président Macky Sall, lors des prochaines élections.

Report des marches certes,  mais l’opposition, qui a trouvé en ces concerts de casseroles une nouvelle manière de s’exprimer, ne relâche pas la pression sur le président Macky Sall à moins d’un mois des élections législatives programmées au 31 juillet. La coalition YAW avait conditionné sa participation aux législatives par la validation sa nationale de titulaires. Elle s’est rétractée pour se positionner derrière sa liste de suppléments, elle validée, pour rendre le président Macky Sall minoritaire à l’assemblée nationale.

Tout est parti du rejet de la liste principale de YAW – coalition des principaux partis de l’opposition sénégalaise – éliminant ses ténors dont le chef fil Ousmane Sonko. Les Sénégalais sont descendus massivement la rue à Dakar et Zinguichor le 17 jui afin de contester la décision, défiant l’arrêt du préfet de Dakar interdisant cette marche pour risque de trouble à l’ordre public. Ce qui n’est pas sans rappeler les événements de l’année dernière.

Le spectre de l’élimination d’un nouvel adversaire politique

En mars 2021, Ousmane Sonko avait été inculpé pour viol et menace de mort et placé sous contrôle judiciaire, à la suite d’une plainte déposée en février 2021 par Adji Sarr.  La jeune fille de 20 ans était employée dans un salon de beauté, où il se faisait massait pour mal de dos. L’interpellation du leader de Pastef en mars dans cette affaire avait déclenché les pires émeutes connues par le Sénégal au cours de ces dernières années. Plus d’une dizaine de personnes ont été tuées. Des voix se sont élevées pour accuser le leader de l’APR Macky Sall – qui maintient le flou – de vouloir briquer un troisième mandat et d’éliminer tout adversaire potentiellement dangereux. Le cas de Karim Wade est encore frais dans les mémoires. Le  fils de l’ancien chef d’Etat Abdoulaye Wade, leader du PDS, a été accusé de détournement de deniers publics. Reconnu coupable, il a écopé d’une peine de prison de plus de 6 ans lui dépouillant ses droits civils et politiques et le rendant inéligible. Il a été ensuite libéré par un accord, sans éclaircissement sur le devenir des fonds en question. Il s’ensuit le cas d’un autre adversaire politique. Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar, a été accusé de détournement, condamné et destitué de son poste de maire. Il a été aussitôt libéré, mais dépouillé de ses droits civils et politiques, lui rendant inéligible.

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