Tunisie : la victoire sans surprise de Kais Saied au référendum

Le Président Tunisien Saied Kais dans un bureau de vote lors du référendum du 23 juillet 2022. (Reuters)

Le président Tunisien a sans surprise remporté le référendum sur la nouvelle constitution, alors que l’opposition qui a majoritairement boycotté le scrutin continue de dénoncer un vote illégal.

Le référendum sur la nouvelle constitution voulu par Kais Saied passe, mais avec une faible participation de 25%. L’opposition dénonce un score illégal et non représentatif du choix des tunisiens. Le 30 juin le gouvernement tunisien a publié son projet de constitution « au journal officiel ». Le texte provoque l’ire de l’opposition qui pointe du doigt plusieurs dispositions jugées régressives. D’abord le président de la république qui s’est arrogé les pleins pouvoirs. L’article 87 stipule que « le président de la république exerce la fonction exécutive avec le concours d’un gouvernement dirigé par un premier ministre ». Il supprime le parlementarisme, renoue avec le pouvoir présidentiel fort, réduit le rôle des instances constitutionnelles.

Le texte supprime aussi la majorité et prive du droit de grève l’armée, la police, la douane ainsi que la justice. «Le droit de grève est garanti conformément aux dispositions de la loi. Ce droit ne s’applique pas à l’armée nationale. Le droit de grève n’inclut pas les juges, les forces de sécurité intérieure et les douanes», précise l’article 41 de la nouvelle constitution.

Autre point de crispation est la suppression de l’Islam comme région d’État dans l’ancienne version. La nouvelle constitution dans son article 5 précise que « « la Tunisie fait partie de la nation islamique, et l’État seul doit œuvrer pour atteindre les objectifs de l’islam pur ». Ce qui laisse présager pour les détracteurs de la nouvelle constitution un glissement vers l’application de la charia. De pleins pouvoirs que les partisans du chef de l’État justifient par la nécessité de disposer d’une marge de manœuvre nécessaire pour dérouler sa stratégie et sortir le pays de sa crise économique et sociale.

« Les répercussions de la guerre en Ukraine aggravent les déséquilibres déjà profonds dont souffre l’économie tunisienne et mettent la population à rude épreuve. La gravité de la situation économique accroît ainsi la nécessité de mettre en œuvre sans délai des réformes ambitieuses », a déclaré Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI) en juin. Depuis 2011, à la suite de la révolution tunisienne qui a abouti au départ de l’ancien président Benali, le pays s’est embourbé dans une crise économique et sociale.

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