Niger : Investissements massifs dans l’autosuffisance en riz d’ici 2030

Avec une consommation qui avoisine, les 20 millions de tonnes par an, les pays d’Afrique de l’Ouest, dont le plus grand producteur de riz blanchi, le Nigéria, ne cumule qu’à 5 millions de tonnes par an, accusent un déficit structurel en riz. (Crédit : Dr).

Le Niger ambitionne de couvrir ses besoins en riz d’ici 2030. Pour ce faire, le gouvernement vient de dévoiler une stratégie qui va nécessiter la mobilisation de quelques 653 millions de dollars sur dix ans pour accroitre la production locale et viser le marché de l’export.

Vaste pays sahélien qui couvre une superficie de 1.267. 000.000 de km2 avec de riches terres irrigables, le Niger importe à ce jour l’essentiel de ses besoins en riz de l’extérieur. Actuellement et selon les données officielles, la production locale du pays ne couvre qu’environ un sixième de ses besoins nationaux en riz soit 440.000 tonnes par an et ces dernières années. Les importations nigériennes se sont envolées puisque, selon les mêmes données, elles ont été multipliées par près de trois en dix ans pour atteindre 460 000 tonnes en 2021. Les effets du changement climatique qui se sont traduits ces dernières années avec des cycles de sécheresse et d’inondations ainsi que les récentes répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur les marchés alimentaires mondiaux, ne cessent d’accentuer la pression sur les finances du pays qui se voit ainsi dans la nécessité de miser sur ses multiples potentialités agricoles, notamment les terres irrigables et les aménagements le long du fleuve Niger, pour réduire sa forte dépendance aux importations notamment pour ce qui concerne le riz. C’est ainsi que le gouvernement nigérien vient de dévoiler une ambitieuse stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) qui, sur une période de dix ans (2021-2030), vise à rehausser significativement la production agricole. Il s’agit, selon les explications du ministre de l’Agriculture Dr Issa Alambeidji, de contribuer à moyen terme:

« A une augmentation durable de la production nationale de riz en quantité et en qualité et ainsi satisfaire à long terme les besoins et exigences des consommateurs avec la perspective d’exporter l’excédent sur les marchés sous régional et international ».

Financement public et privé

Selon la feuille de route présentée par le ministre à Niamey en ce mois de septembre, le coût de cette stratégie est estimé à 425,8 milliards de francs CFA soit quelques 650 millions de dollars US dont une première d’ici 2025 qui va nécessiter une enveloppe de 287 milliards de FCFA. La seconde phase va mobiliser, d’après les mêmes estimations, 139 milliards de francs CFA à partir de 2026 jusqu’en 2030.

« Le financement de la mise en œuvre de cette stratégie ambitieuse s’articule autour de la mobilisation des ressources internes et externes et à cet effet, le gouvernement va privilégier l’appui budgétaire global ou sectoriel ainsi que les autres modes de financement notamment les Partenariats public et privé (PPP), les fonds communs ainsi que les conventions et les accords de financement », a annoncé le ministre de l’Agriculture Dr Issa Alambeidji.

A terme, l’objectif visé est de passer d’une production de 128.000 tonnes en 2021 à 1,458 million de tonnes en 2030, soit 948.000 tonnes de riz paddy. L’atteinte de ces objectifs permettra, selon le ministre, d’assurer une couverture des besoins de consommation de riz blanc à 100% en 2025 et 132% à l’horizon 2030 avec à la clé, la création de 420.000 nouveaux emplois et 2.000 nouvelles entreprises de transformation dans le secteur.

La nouvelle stratégie nationale sera mise en œuvre en accordant la priorité à l’accroissement des surfaces exploitées, une gestion optimale des ressources en eau, la promotion de l’utilisation des semences améliorées et des fertilisants ainsi que la mécanisation de la riziculture, l’amélioration de la compétitivité du riz local, la promotion de l’accès des acteurs aux crédits ainsi que le renforcement de leur capacité opérationnelle notamment en matière de transport, stockage  ou transformation de la production. Aussi, ont annoncé les autorités, un accent particulier sera accordé à la recherche et à la diffusion de la recherche et des pratiques innovantes de production.

Il convient de noter que cette stratégie sectorielle destinée à la production du riz s’inscrit dans le cadre plus global de celle visant l’autosuffisance alimentaire à travers l’initiative « les Nigériens nourrissent les nigériens » (3N) du gouvernement nigérien. A cela s’ajoute le fait que l’agriculture représente un pilier majeur et stratégique de l’économie nigérienne dont le poids est estimé à 85%. Selon les statistiques du Réseau des chambres d’agriculture du Niger (RECA), le riz local, troisième céréale après le mil et le sorgho tant au point de vue superficie que de la production ne représente que 1,7% du chiffre d’affaires du secteur de la production agricole primaire et seulement 2,3% du volume moyen des céréales produites annuellement. Dans son ambition de rehausser sa production nationale, le pays bénéficie déjà de l’appui de différents partenaires techniques et financiers notamment la coopération japonaise (JICA) à travers la principale société nationale « Riz du Niger » (RINI).

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