Adaptation climatique : bénéficiaire du fonds fiduciaire du FMI, le Rwanda montre la voie

(Crédits : Dr)

Le Rwanda va bénéficier d’un prêt de 310 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de son nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST). Le fond a été lancé en mai dernier pour aider les pays en développement et à faibles revenus à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Le pays devient ainsi le premier pays africain à bénéficier de ce fonds qui vient récompenser les efforts de Kigali en matière de stratégie d’adaptation au changement climatique alors qu’en dépit des engagements, le continent peine à mobiliser les fonds nécessaires pour faire face aux conséquences des chocs climatiques qui plombent déjà la croissance de nombreux pays.

La COP 27 qui se tiendra le mois prochain à Charm El Cheikh en Egypte s’annonce sous de bons auspices pour le Rwanda. Le pays de Kagamé vient en effet de bénéficier d’un accord du FMI pour recevoir 310 millions de dollars dans le cadre de son nouvel instrument destiné à aider les pays en développement et à faibles revenus à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique. Le nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (RST en anglais), lancé en mai dernier, permet au FMI d’accorder un financement à long terme et à moindre coût, aux Etats bénéficiaires. L’objectif est de les aider à mettre en place les politiques nécessaires pour faire face aux répercussions du changement climatique ou des pandémies.

L’accord, qui doit être validé dans les semaines prochaines par le Conseil d’administration de l’institution de Breton Woods, comprend la mise en place d’un nouvel instrument de coordination de sa politique économique (PCI) qui intègre les conditions à remplir dans le cadre du financement, pour une durée de trois ans. Avec cet accord, le Rwanda dévient le premier pays africain à bénéficier d’une aide du genre dans le cadre du RST et avant lui, deux pays américains, le Costa Rica et l’île de la Barbade sont également parvenus à trouver un accord avec le FMI pour en bénéficier.

Atténuer l’impact des chocs climatiques sur une croissance dynamique

L’accord avec le FMI vient ainsi récompenser les efforts du pays en matière de stratégie d’adaptation au changement climatique. Il permettra dans un premier temps au Rwanda d’atténuer l’impact des différents chocs sur sa croissance économique malgré le dynamisme dont elle fait preuve ces dernières années ainsi que les perspectives favorables sur lesquelles surfe le gouvernement de Kigali pour accélérer le développement du pays. C’est ce qu’a d’ailleurs mis en avant le FMI à la suite de la mission qu’une de ses équipes vient d’effectuer sur place du 26 septembre au 7 octobre. Selon les prévisions, le pays devrait atteindre une croissance de 6,8% pour 2022, malgré le contexte économique mondial compliqué. Le pays reste toutefois confronté à une inflation élevée, les prix alimentaires ayant progressé de 15,9% en août.

« Le Rwanda dispose d’un bilan solide en termes de réformes économiques et est très avancé dans la mise en place d’une stratégie climat. Ce nouveau PCI, combiné avec les fonds du RST, doit permettre de soutenir les autorités dans leurs efforts de stabilisation macroéconomique et d’adaptation au changement climatique. Le pays reste en effet vulnérable aux chocs extérieurs. Les prix de l’énergie et alimentaires élevés vont continuer à nourrir l’inflation et affaiblir ses réserves », a souligné M. Haimanot Teferra, le chef de mission du FMI au Rwanda après une visite à Kigali du 26 au 07 octobre 2022.

Le Rwanda, un exemple à suivre pour le continent en matière de stratégie d’adaptation climatique

Cet accord constitue aussi un argument de taille pour Kigali de mobiliser davantage de ressources internationales pour financer son plan d’actions pour le climat alors que le continent peine à attirer les fonds nécessaires pour faire face aux conséquences des chocs climatiques sur leurs économies. La preuve a été administré lors du récent sommet de Rotterdam destiné à mobiliser les fonds de soutien aux pays africains à l’adaptation climatique. Le bilan a été des plus ternes puisque sur des besoins de près de 26 milliards de dollars, moins de 30 millions ont été annoncés. « Ce qui est très peu pour 54 pays du continent au regard de l’impact déjà perceptible et des risques à venir », comme s’est désolé le président ghanéen Nana Akufo-Addo, de passage cette semaine à Paris.

Avec cet accord qu’il vient de décrocher auprès du FMI, le Rwanda vient de montrer l’exemple à suivre.  Il faut dire que Kigali s’est doté ces dernières années d’un ambitieux plan d’actions pour le climat d’un coût global estimé à quelques 11 milliards de dollars dont 6,9 milliards de dollars de nouveaux financements. Le gouvernement s’est engagé dans ce cadre à réduire jusqu’à 38 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour se faire, prévoit d’investir jusqu’à 8,8 % de son pays chaque année comme l’a expliqué le ministre rwandais des Finances et de la Planification économique, Uzziel Ndagijimana, qui a souligné par la même occasion dans la presse, que certaines ressources ont déjà été mobilisées sous la pression des chocs externes. 

Avec cette stratégie, l’objectif pour ce pays d’Afrique de l’Est est d’atténuer l’impact du changement climatique sur le dynamisme de sa croissance dont certains secteurs comme l’agriculture sont fortement dépendant aux aléas climatiques. Dans un rapport publié la semaine dernière, la Banque mondiale a d’ailleurs mis en évidence les politiques et interventions clés qui sont nécessaires au pays afin de renforcer la résilience climatique dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat et ainsi permettre au Rwanda d’atteindre ses objectifs. « La mise en œuvre des engagements du Rwanda en matière d’adaptation et d’atténuation réduirait considérablement la volatilité du PIB résultant de la variabilité climatique accrue », a ainsi estimé dans le rapport, Pablo Benitez, économiste principal spécialiste de l’environnement à la Banque mondiale pour qui, « cela réduirait également l’impact du changement climatique sur la croissance annuelle du PIB et stimulerait la production industrielle et l’emploi ».

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