Chronique : Mondial 2022, de l’économie dans le sport

S&P Global Market Intelligence, fournisseur mondial de services d'information et d'analyse financières, estime dans sa dernière analyse, qu’au cours du Mondial 2022 de football, le Qatar devrait générer 6,5 milliards de dollars.

Depuis un peu plus de dix 10 jours, la Coupe du monde de football, qui se déroule au Qatar, galvanise les foules et occupe tous les espaces médiatiques. Grosse machine à sous, elle va générer à la Fifa, au pays organisateur et aux opérateurs privés la bagatelle de 6,5 milliards de dollars. En athlétisme, sports automobile, nautique ou en rugby, la filière du sport démontre sans cesse son volet lucratif, pour peu que les décideurs saisissent les opportunités.

Plus que jamais, les opportunités commerciales sur le terrain et en dehors, notamment dans le secteur de la technologie, des médias et des télécommunications, ne manquent pas. S&P Global Market Intelligence, fournisseur mondial de services d’information et d’analyse financières, estime dans sa dernière analyse, qu’au cours du Mondial 2022 de football, le Qatar devrait générer 6,5 milliards de dollars. Ce chiffre record dépasse tous les tournois précédents et représentant quatre fois les revenus, lors de la Coupe du Monde en Corée et au Japon en 2002. Comparés aux revenus de la Coupe du monde 2018 en Russie, alors de 5,2 milliards de dollars, le bond est de 25%.

La FIFA, maître d’œuvre, fait mieux que tirer son épingle du jeu et soutient que tous les revenus étant redistribués dans le sport, pendant les 64 matchs que se disputent les équipes qualifiées, réparties dans 8 groupes de 4. Les débours ne comprennent que les coûts liés à l’événement, les redevances aux nations membres, la gouvernance et d’autres frais d’administration. Parallèlement, le pays organisateur bénéficie de retombées diverses, liées au tourisme, commerce et autres services, tout comme bien d’autres opérateurs privés à travers le monde.

Les droits de diffusion, le gros lot

Plus généralement, les manifestations sportives mondiales génèrent des revenus colossaux, provenant surtout des droits de retransmission, de la publicité et du parrainage, et un peu moins de la billetterie. Si dans certains pays, les groupes de médias arrivent à s’entendre pour se partager les droits de diffusion, gros lot de tels événements sportifs, dans d’autres les organes de régulation de l’audiovisuel ont du pain sur la planche pour arbitrer, voire départager des chaines. Au football, ces droits peuvent être si onéreux que des groupes médiatiques surenchérissent pour s’octroyer l’exclusivité – Groupe TF1 a déboursé 130 millions d’euros pour mondial 2014 au Brésil – pour ensuite les rétrocéder sous licence, en France. Une partie des meilleurs matchs peut être diffusée en clair, tandis que la totalité passe sur des chaines payantes. D’autres encore ne diffusent que quelques matchs y compris ceux de leur équipe nationale, des ½ et de la finale. Tous les acteurs se frottent les mains. A titre d’exemple, sur TF1, la grille tarifaire du spot publicitaire de 30 secondes à la mi-temps du match France-Australie (le premier au mondial) ne valait pas moins de 245 000 €, soit 160 709 470 f CFA ! Une publicité qui investit tous les espaces allant de l’athlète (de haut en bas, soit maillot, short, bas, casque, godasse…) au terrain (panneaux publicitaires, espaces VIP…), les véhicules et équipements divers.

Les enjeux sont énormes. En Afrique francophone, l’opérateur togolais New World TV, qui a remporté les droits de diffusion en Afrique francophone, a été attaqué par le groupe sénégalais EMedia Invest (1,12 million d’euro, soit 720 millions f CFA pour 10 matchs) qui a décidé d’ester au Tribunal Arbitral du Sport- la RTS, ayant revendiqué l’exclusivité au Sénégal). En Russie, pays que la Fifa a banni des compétitions internationales, les 3 chaines Channel One, Match TV et VGTRK, ont bien pu négocier et bénéficier de droits de retransmission pour 39 millions de dollars, équitablement répartis (13 millions de dollars chacune) …

Les paris et équipements sportifs

A côté des Droits de diffusion et la publicité, le business des paris et les équipements constituent une manne financière qui chiffre en milliards de dollars. Du basketball au polo, en passant par le golf, l’équitation, les sports nautiques, de courses mécaniques, l’athlétisme, qu’elles soient de prestige ou populaires, toutes ces disciplines sont fortement porteuses de revenus. La bataille des marques est omniprésente et interfère quelque fois jusque dans les équipes où le branding de stars s’opposait à l’équipementier national… Quant aux paris, ils constituent un pan entier du développement du sport. En termes de billetteries, excepté le cachet affectif et le rush sur les premières émissions d’avant Event, les chiffres restent encore dans les normes. Au Qatar, les billets du Mondial ont varié de la catégorie préférentielle à 11 dollars, réservée aux locaux, à 1 607 $ pour la finale. Des tarifs officiels qui flambent facilement au marché noir, à la veille des rencontres.

Gare aux dérives

Les chiffres faramineux, qui peuvent rendre les disciplines sportives inaccessibles au citoyen lambda, ont ouvert de plus en plus des brèches pour une diffusion illégale dans les réseaux sociaux, voir sur Internet via l’IP (Internet Protocol), en dépit des outils anti-piratages et l’intensification de la lutte contre le streaming classique. Dans le sillage des paris sportifs, un autre bémol a trait aux à la triche et aux matchs ou épreuves truqués. Justement, il faudra que les spectateurs fassent l’économie de passions.  C’est d’autant plus juste quand le sport, qui normalement unit, invite au respect, suscite les rencontres… arrive à produire malheureusement, malgré des slogans répétés (pour le respect, anti-racistes), des hymnes sifflés, provoque des émeutes, paradoxalement souvent après des victoires, telles que vécues présentement à Bruxelles, à Anvers, et à Liège.

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