Bénin : un budget rehaussé de 3.000 milliards FCFA pour 2023

Le ministre d'Etat en charge des Finances du Bénin, Romuald Wadani, devant les députés à l'Assemblée nationale.

L’Assemblée nationale du Bénin a adopté, la semaine dernière, le projet de loi de finances pour l’année 2023 avec un budget équilibré en recettes et en dépenses à 3.033,337 milliards de francs FCFA dont près du tiers de l’enveloppe consacré au social selon le gouvernement. Avec une croissance du PIB projetée à 6,5%, l’économie béninoise surfe sur des perspectives favorables en dépit de la conjoncture mondiale morose et doit faire face à certains risques avec les élections législatives prévues l’année prochaine mais aussi et surtout, les menaces sécuritaires dont la prise en charge vont nécessiter un plus grand effort budgétaire. Ce qui risque de contrecarrer certaines ambitions du gouvernement.

C’est à l’unanimité par les députés béninois ont adopté, le jeudi dernier, le projet de loi de finances pour la gestion 2023 qui a été soumis par le gouvernement et défendu à l’Assemblée nationale par le ministre d’Etat, en charge de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, après plusieurs semaines d’examen en commission et de débats en plénière.

« Le Budget de l’Etat que cette loi porte, marque une accélération du ‘’Hautement social’’ annoncé par le Président de la République, M. Patrice Talon. Avec ce budget, notre pays va continuer à se développer, tout en mettant en place des politiques économiques et sociales pour le mieux être de nos populations », s’est félicité le ministre à la suite de l’obtention du feu vert du Parlement.

De manière générale, le budget général pour 2023 qui s’élève à 3033 milliards de francs CFA a été adopté dans le cadre de la mise en œuvre des nouvelles réformes budgétaires induites par l’entrée en vigeur de la nouvelle loi organique relative aux Lois des Finances. Selon le gouvernement, ses orientations sont en parfaite cohérence avec le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) 2021-2026 et dans son articulation et conformément, cette loi des finances matérialise la politique économique et sociale de l’Etat en phase avec l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD). 

Un budget orienté vers le social

Selon les explications du ministre des Finances, plus du tiers du budget, soit environs 1000 milliards FCFA seront consacrés aux actions et initiatives sociales. C’est ainsi que le budget de l’État pour la gestion 2023, porte de nouvelles initiatives sociales et renforce les allocations budgétaires au profit des programmes existants. Il s’agit, à titre illustratif, du projet de renforcement des filets sociaux en République du Bénin « GBESSOK »  dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des ménages dans l’extrême pauvreté et leur autonomisation socio-économique, de l’accès à l’électricité à tous les ménages d’ici 2026 ainsi que d’autres mesures destinées à venir en appui aux couches les plus vulnérables et à améliorer les conditions des travailleurs tout en veillant  à renforcer la classe moyenne.

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 Sur ce dernier registre, le gouvernement envisage la revalorisation des salaires des agents de l’État et selon le Secrétaire général Adjoint et porte-parole du gouvernement a expliqué que les options retenues par le gouvernement satisferont à coup sûr les attentes des partenaires sociaux. En ce sens, une rencontre entre le gouvernement et les partenaires sociaux est prévue du 06 au 08 décembre selon Wilfried Léandre Houngbédji, qui n’a pas manqué de souligner que ce qui est prévu pour les travailleurs est chiffré à plusieurs dizaines de milliards de FCFA chaque année. « Si cela est possible, c’est parce que le gouvernement a travaillé pour bâtir une économie résiliente. Nous allons continuer le travail », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qu’il animée au lendemain de l’adoption de la loi des finances. Le Porte-parole du gouvernement a aussi assuré que l’Exécutif est en train de négocier avec le secteur privé pour que cette mesure soit étendue dans le cadre des efforts du gouvernement à créer « les conditions pour l’essor de l’entreprise ». La loi des finances comprend également plusieurs mesures destinées à soutenir la croissance de l’économie béninoise avec des incitations pour le secteur industriel, la promotion de l’investissement ainsi que la création de l’emploi et aussi des réformes fiscales accompagnées de reformes visant à améliorer la gouvernance et la mobilisation des recettes.

Des perspectives économiques favorables et aussi des menaces

Pour 2023, le gouvernement béninois vise une croissance du PIB de 6,5%. En dépit de la conjoncture mondiale défavorable avec la multiplication des chocs, l’économie béninoise connait une bonne dynamique comme en atteste la dernière notation du pays, d’octobre 2022, par l’agence internationale de notation financière Fitch qui a maintenu la notation de B+ attribuée à la République du Bénin, avec perspective stable. Selon l’agence, cette confirmation s’explique par la résilience du pays face à la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, ainsi que de la qualité de ses fondamentaux économiques, malgré un contexte macroéconomique global dégradé. Fitch a aussi salué notamment les perspectives de croissance de l’économie béninoise, dans un cadre budgétaire sain marqué par un endettement modéré et un déficit maîtrisé. 
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Pour Fitch, le dynamisme de l’économie béninoise et son rebond marqué en 2021, à 7,2%, suivi d’une croissance de 5,5% attendu en 2022 va se maintenir malgré les chocs externes et avec des projections d’une croissance moyenne de 6% sur 2023-2024, portée par le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG). Dans sa note, l’agence a par ailleurs mis en exergue l’exposition modérée du Bénin aux pressions inflationnistes actuelles, en raison de la qualité des récoltes et des mesures de soutien introduites par le gouvernement afin de limiter les répercussions de la hausse des prix sur la population. Le niveau d’inflation est ainsi demeuré contenu en 2022, s’établissant à 1,3% entre janvier et août. L’agence a aussi mis en avant le programme conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI), qui participe à couvrir les besoins de financement du gouvernement et soutient le retour à une trajectoire de consolidation fiscale, anticipée dès 2022. Dans ce cadre, les analystes prévoient une augmentation progressive des recettes du gouvernement, portée par le programme de réformes en cours et la forte croissance économique avec un solde budgétaire devrait ainsi converger en 2024 vers la norme communautaire de -3,0%. Aussi, le niveau d’endettement public du pays est contenu puisque l’agence l’estime à 49,8% du PIB en 2021, soit un niveau inférieur aux pays de notation équivalente, et nettement plus faible que la norme communautaire de l’UEMOA. Mieux, Fitch s’attend par ailleurs à une diminution du taux d’endettement public du Bénin à partir de 2024, portée par la performance budgétaire du Bénin et le dynamisme de la croissance. 

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En dépit de ces fondamentaux solides ainsi que des perspectives favorables, l’économie béninoise fait face à certains risquent qui peuvent ralentir cette dynamique. En plus des élections législatives de 2023, le pays fait face à une montée des menaces sécuritaires avec la multiplication des attaques terroristes ces derniers mois dans les zones frontalières avec le Burkina, le Niger ou le Togo. Ce qui va engendrer un nouvel effort budgétaire pour renforcer les capacités du pays en matière de défense et de sécurité et qui risquent de détourner certains investissements sociaux vers d’autres défis urgents.

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