Chronique : David Malpasse en Afrique – quelle est l’efficacité du soutien limité de la Banque mondiale à l’Afrique subsaharienne ?

Le Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, s’est rendu au Niger puis au Togo du 29 mars au 1er avril 2023. Au menu de cette visite, le renforcement de la sécurité et de la paix, de la croissance économique inclusive et durable, de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’énergie et à l’éducation. (Crédit : Dr).

Dans le cadre de sa tournée d’adieu, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, vient d’effectuer une visite du 29 mars au 1er avril 2023 au Niger et au Togo. S’il a rencontré, au cours de ce déplacement, les chefs d’Etat et partenaires respectifs de ces deux pays, en prélude aux réunions du printemps des institutions de Bretton Woods, prévues du 10 au 16 avril 2023 à Washington, évoquant des appuis supplémentaires aux programmes de développement, la taille et le montage laisse toujours à désirer.

Celui, qui contrôle l’argent, dirige le monde, a-t-on coutume de dire. Jacques Bordiot l’a très bien décrit dans son ouvrage « Une main cachée dirige », paru aux Editions du Trident. Larry Flint, CEO de Blackrock, conglomérat valorisé à 10 000 milliards de dollars, derrière les Etats Unis d’Amérique et la Chine, ne nous contredira pas. A ce titre, l’Afrique au Sud du Sahara doit prendre son destin en main. Nous continuons de croire, justement, que point de supplétifs pour des secteurs prioritaires, tels que la sécurité alimentaire, l’éducation, l’accès à l’énergie, la croissance économique et durable, le développement numérique, à la paix ou encore la protection sociale. L’Afrique au Sud du Sahara a certes besoin de soutiens financiers supplémentaires pour assurer tous les programmes de développement.

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Après une première visite en février 2021, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale (BM), au Togo pour discuter de la coopération entre l’institution de Bretton Woods et ce pays, saluant les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, soulignant l’importance de la poursuite des réformes économiques pour soutenir la croissance du pays, puis encourageant le gouvernement à poursuivre ses efforts pour améliorer l’accès à l’électricité, renforcer le secteur privé et favoriser les investissements dans les infrastructures, il y est retourné, du 31 mars au 1er avril 2023, en compagnie de M. Ousmane Diagana, Vice-président BM en Afrique de l’ouest et du centre, et Sergio Pimenta, Vice-président Société financière internationale (SFI). Avant d’atterrir à Lomé, le président du Groupe de la Banque mondiale et sa délégation ont rencontré à Niamey au Niger, les 29 et 30 avril 2023, le président Mohamed Bazoum et les acteurs et partenaires. Le discours, dans ces 2 pays et pour la sous-région du Sahel, était quasi-identique. Il portait sur l’appui à l’agriculture, une réponse urgente à la sécurité alimentaire, à la paix, à l’éducation, au renforcement à l’accès à l’énergie.

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Sur les 10 dernières années, les financements de la BM ont quadruplé. En Afrique de l’ouest et du centre, entre avril 2020 et fin juin 2022, ce sont 234 projets qui ont bénéficié de 28,5 milliards de dolllars de la BM. Sur la seule année 2022, la SFI a injecté 9,4 milliards de dollars dans le secteur privé de 36 pays de la sous-région. Qu’on ne s’y méprenne, face aux besoins colossaux, nous trouvons ces financements insuffisants…

Quel impact pour une aide aussi limite?

ll reste légitime de se demander, quel a été l’impact de ces soutiens financiers apportés au cours des dernières années ? Les contributions à la modernisation des secteurs agricole et énergétique des pays, pour stimuler la croissance économique et réduire la pauvreté, ont-elles été à la hauteur et efficientes ? Si nous prenons l’exemple du Togo qui se trouve dans le top 15 des producteurs mondiaux de phosphates, avec 1,3 million de tonnes en 2020, la BM a fourni un premier lot de 34 000 t d’engrais. Cette assistance s’inscrit dans le Programme régional de résilience des systèmes alimentaires (FRSP, suivant l’appellation en Anglais) et va profiter à 100 000 exploitants dont 25 000 femmes. Aucun détail n’est cependant donné sur l’origine de cet engrais. Le soutien serait plus efficient si ce don de la BM avait été produit par une entreprise togolaise, à partir de la transformation du phosphate togolais. Par conséquent, l’accent doit être mis sur l’industrialisation, entre autres secteurs prioritaires, pour asseoir une croissance économique et durable dans cette partie du continent.

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