« De la vision à l’impact », thème de l’édition 2024 des Réunions de Printemps du Groupe Banque mondiale, 17-19 avril à Washington, permettra-t-il de mettre le doigt sur les efforts déployés depuis et mesurer leur impact sur les populations ? Etendre les services de santé à 1,5 milliard de personnes, établir de nouveaux partenariats pour connecter plus de 300 millions d‘Africains à l’électricité à l’horizon 2030, ou apporter un soutien de poids aux nouveaux outils de financement ont compté parmi les faits saillants de ces rencontres annuelles.
La Banque mondiale (BM) entend devenir une Banque meilleure et porter de plus grandes ambitions. Le 17 avril 2024 à Washington DC, Ajay Banga, président de la BM, donnait déjà le ton, en préambule aux Réunions de Printemps et lors d’un événement spécial avec la BAD (Banque africaine de développement), annonçant raccorder 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2023, soit 50 millions de plus que le précédent objectif. Dans la réalisation de cet objectif, visant à atténuer le gap de ces 600 millions d’Africains qui n’ont pas encore accès à l’électricité, l’IDA (Association internationale de Développement- Appel à l’action de Dakar, 7 juillet 2022), institution de la BM qui fournit des dons et prêts à faible taux d’intérêt, va jouer un rôle essentiel dans le décaissement des 30 milliards de dollars, a-t-on assuré à Washington. L’accès à l’électricité étant synonyme de meilleurs soins de santé, d’une éducation et d’une productivité améliorées, d’inclusion numérique et de création d’emplois, le groupe BM va aussi étendre les services de santé à 1,5 milliard de personnes en se concentrer sur des priorités sanitaires, telles que la santé maternelle et infantile, porter les services de santé aux zones enclavées et, de concert avec les services publics, œuvrer à réduire les frais inutiles et autres obstacles financiers aux soins. Sur les 70 milliards de dollars, nécessaires à de tels engagements sur la décennie à venir, pour faire face efficacement aux défis mondiaux, quelque 11 pays ont déjà annoncé des contributions à hauteur de 11 milliards de dollars pour appuyer les nouveaux instruments du Groupe BM, singulièrement la Plateforme de garantie de portefeuille (premiers engagés : Belgique, Etats Unis, France et Japon), le Mécanisme de capital hybride (Allemagne, Danemark, Italie, Lettonie, Norvège, Pays Bas, et Royaume Uni) et le nouveau Fonds pour une planète vivable (engagement à une première contribution du Japon).
Un train de mesures, mais …
Afin d’accroître sa capacité de prêt et prendre davantage de risques face aux défis mondiaux qui ignorent les frontières, le Groupe de la BM a donc mis en place ces nouveaux instruments financiers. Compte tenu des soutiens importants annoncés, en faveur de tels véhicules et la capacité de levier exceptionnelle du Groupe, les contributions pourraient être décuplées, croit-on du côté de Washington DC. Rappelons que dans le cadre de l’examen du cadre d’adéquation des fonds propres, conformément aux recommandations du groupe d’experts du G20, le Groupe BM a adopté une série de réformes et mis au point des instruments financiers novateurs. Ainsi, il est question de réviser le ratio de prêts sur fonds propres afin d’augmenter la capacité financière de la BIRD de 40 milliards sur 10 ans, de relever le plafond des garanties bilatérales de 10 milliards de dollars, de mieux tirer parti du capital exigible en publiant un rapport détaillé à l’intention des agences de notation afin de mieux évaluer sa valeur potentielle et la capacité financière de la Banque, de lancer des émissions de capitaux hybrides, de développer la plateforme de garantie de portefeuille et de lancer le nouveau Fonds pour une planète vivable. A cela s’ajoutent d’autres mesures permettant d’introduire des modalités de prêt sur 50 ans pour la BIRD, sans coût supplémentaire sur des projets qui ont des retombées transfrontalières, ou instaurant un système de réduction des taux d’intérêt pour les projets qui répondent à des enjeux mondiaux. A noter qu’une coalition de 10 banques multilatérales de développement, à savoir African Development Bank, Asian Development Bank, Asian Infrastructure Investment Bank, Council of Europe Development Bank, European Bank for Reconstruction and Development, European Investment Bank, Inter-American Development Bank, Islamic Development Bank, New Development Bank et World Bank Group, a lancé, le 19 avril 2024, une nouvelle plateforme de cofinancement qui leur permettrait de canaliser des capitaux supplémentaires pour accroître l’ampleur et l’impact du développement. Sur le continent africain, où certaines zones affichent un manque criard d’infrastructures de bases, nous trouvons que ces mesures passent pour des mesurettes.