Chronique- Quand souveraineté alimentaire rime avec débouchés aux exploitants agricoles

En Afrique, un État industriel peut renforcer sa souveraineté alimentaire et offrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs en développant l’agro-industrie. Cette approche permet de transformer localement les matières premières agricoles, de créer de la valeur ajoutée et de réduire la dépendance aux importations alimentaires.

Le constat reste alarmant. En 2024, des sources dignes de confiance ont fait état de quelque 35 milliards de dollars d’importations alimentaires de l’Afrique. Des prévisions, à peine pessimistes, tablent sur 110 milliards de dollars d’ici fin 2025. Plus couramment les produits importés sont le blé, l’huile végétale, le lait en poudre, le poisson et le riz. La faible offre locale et des méthodes de production et d’entreposage inadaptées en sont les principales causes.  Pour une souveraineté alimentaire accrue, l’industrialisation agroalimentaire est un levier essentiel pour améliorer la souveraineté alimentaire des pays africains.

En transformant les produits agricoles locaux (céréales, fruits, légumes, etc.) en produits finis (farine, jus, conserves), les États africains, qui ont pris la résolution d’être industriels, diminuent leur besoin d’importer des biens de consommation courants. Cela rend le pays moins vulnérable aux fluctuations des prix sur les marchés mondiaux et aux chocs extérieurs. Il ne s’agit pas de tout faire, mais au moins servir de lead dans certaines filières stratégiques (Sucre, lait, huile, mil, riz, poisson…).

Le corollaire est une sécurité alimentaire renforcée. La transformation permet de conserver les aliments plus longtemps et de les distribuer de manière plus efficace, notamment dans les zones urbaines. Des industries locales, bien établies, peuvent ainsi mieux répondre aux besoins alimentaires de la population, en particulier en cas de crise, en garantissant un approvisionnement stable.

Maîtrise de la chaîne de valeur

Un État industriel peut développer des chaînes de valeur intégrées, de la production agricole à la distribution. Cela donne au pays un plus grand contrôle sur son système alimentaire, de la qualité des produits à leur prix, et favorise l’établissement de normes locales.

Au-delà d’assurer cette sacro-sainte souveraineté alimentaire, un gros acheteur assure collecte et de nouveaux débouchés pour les agriculteurs. Ces derniers n’auront plus à se soucier d’éventuelles méventes, une assurance agricole en supplément. L’industrialisation crée des opportunités économiques directes pour les exploitants agricoles, souvent des petits producteurs.

Les usines agroalimentaires ont besoin d’un approvisionnement constant en matières premières. Cela crée un marché fiable et prévisible pour les agriculteurs, qui peuvent signer des contrats à long terme. Cette demande peut aussi se diversifier pour inclure des cultures jusqu’alors moins valorisées.

Augmentation de la valeur ajoutée

En vendant leurs produits à des industries de transformation plutôt qu’en vendant des produits bruts, les agriculteurs peuvent obtenir de meilleurs prix. Par exemple, une usine de jus de fruits achète des mangues qui sont ensuite transformées et vendues plus chères, et une partie de cette valeur est répercutée sur le prix d’achat initial.

Les industries agroalimentaires modernes travaillent souvent en partenariat avec les agriculteurs pour garantir la qualité et la quantité de la production. Ces partenariats peuvent inclure la fourniture d’intrants (semences améliorées, engrais adaptés) et de formations sur des pratiques agricoles plus productives et durables, comme l’agroécologie.