Au moment d’une promotion, souvent trop volontaire, de la ZLECAf, dans un continent aux économies différenciées, certains pays ont mis en place des barrières non tarifaires et/ou de subtiles barrières administratives, pour un protectionnisme qui ne dit pas son nom… Les difficiles équilibres se muent petit à petit en déséquilibres.
Si on n’y prend garde, la ZLECAf sera un beau fiasco. La trop grande obligation de résorber le gap du commerce interafricain, qui tourne autour d’à peine 15%, pousse les Etats africains à instaurer, vaille que vaille, un marché unique. Toutefois, pour une ZLECAf réussie, il est nécessaire de niveler les économies, parfaire les complémentarités, bref de travailler à éradiquer la pauvreté.
Face au manque de formalisme de cet élan de soutien des économies les plus nanties aux autres évoluant dans des pays estampillés PMA (Pays moins avancés) ou PPTE (Pays pauvres très endettés), la tare de la migration irrégulière ira plus nuisible. Pour y faire face, des pays ont signé ou érigent parallèlement des accords bilatéraux ou multilatéraux pour atténuer à défaut d’interrompre les flux jugés importants de clandestins ou de touristes légaux. A cela s’ajoutent de légales mesures de sauvegarde de leurs économies.
Dans un pays, tel que le Gabon, peuplé d’à peine 2,539 millions d’habitants sur une superficie de 267 667 km2 dont 75% recouverte de forêts, avec une densité de seulement 6,14 habitants au km2, et riche en hydrocarbures, la carte de séjour est un document crucial pour tout étranger souhaitant y vivre ou y travailler. Elle permet de garantir un séjour légal et en toute sécurité. S’il est vrai que les tarifs varient en fonction des lois et réglementations en vigueur, et des durées, mais là où le bât blesse c’est quand ce document coûte, sur 02 ans, 5 fois plus cher pour un Africain (1250 €, soit environ 820 00 f CFA) que pour un Français (228 €, soit environ 150 000 f CFA).
Si le souci du Gabon de gérer le syndrome de l’envahissement reste compréhensible, ce qui heurte est la grande différence entre les tarifs de ressortissants de pays nanti comme le France et ceux de pays Africains ! D’autres pays mettent en place système similaire ou des tracasseries administratives incluant des cercles vicieux quasi-insurmontables ou initient des plateformes digitales qui ignorent les conventions déjà signées…
Développement économique harmonieux et Bourses dynamiques
Dans un continent jeune, doté de cours d’eau sur des centaines, voire des milliers de km, de précipitations qui vont jusqu’à 4 m d’eau par an, de terres arables et de ressources inestimables, il est grand temps de reconstituer les grands ensembles, coordonner les stratégies de développement industriel intégré par une meilleure complémentarité des activités économiques. Cela passera par une lutte acharnée contre la pauvreté qui ne fera pas l’économie de bourses dynamiques, d’une part de valeurs mobilières, et, d’autre part de matières premières. Une telle approche les mettrait à l’abri d’agences de notation aux soldes de sociétés transnationales, promptes à les dégrader. L’agence Moody’s, qui vient de dégrader la note du Sénégal de B3 à Caa1, en dépit des satisfécits du FMI et de la Banque mondiale sur l’exercice de transparence dont il a fait preuve et un récent sommet FII 2025 (Forum Invest in Senegal) qui a glané 13 211 milliards de f CFA (23,38 milliards $ US) de promesses d’investissements, n’a-t-elle pas été impliquée dans la crise des subprimes ? Rappelons qu’elle a été critiquée pour avoir attribué des notes surestimées aux titres adossés à des créances hypothécaires à risque (subprimes), ce qui a contribué à la bulle immobilière et à la crise financière de 2008. Elle a fait partie d’agences, payées par les banques qui émettaient ces titres. C’est du conflit d’intérêts, un manque de transparence …
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Face à ces faiblesses du système de notation de crédit, mises en évidence pendant cette crise, ne devons-nous pas conduire des réformes réglementaires visant à améliorer la surveillance et la transparence de ces agences de notation ou en créer de nouvelles domiciliées sur le continent ?