Mines de fer, de manganèse, d’or, de phosphates… quels sont les avantages d’une exploitation minière endogène en Afrique au sud du Sahara, par rapport à des partenariats budgétivores et dont la répartition des bénéfices est incertaine ?
L’ambition est un puissant levier. Une exploitation endogène des ressources minières en Afrique au sud du Sahara offre des perspectives de gains économiques et de développement importants. Toutefois, sa réussite dépendra de la capacité des pays (secteurs Public et Privé) à mobiliser les investissements nécessaires, à développer l’expertise locale, à améliorer les infrastructures et à garantir une gestion transparente et responsable du secteur. Le libéralisme le plus rétrograde n’impose pas de brader les bijoux de famille !
Dans cette région, l’exploitation des mines de fer, de manganèse, d’or et de phosphates, par des acteurs locaux, pourrait générer des bénéfices considérables.
Contrairement aux partenariats où une part importante des bénéfices peut être transférée à l’étranger, une exploitation endogène permettrait de réinvestir les gains dans l’économie locale, favorisant le développement et la création de richesse au sein du pays.
Une gestion nationale des mines privilégierait l’embauche de main-d’œuvre locale, contribuant à réduire le chômage et à développer les compétences au sein de la population.
Développement industriel et renforcement de la souveraineté
Un autre atout et non des moindres a trait au fait quel’exploitation endogène pourrait stimuler la mise en place d’industries de transformation des matières premières sur place, augmentant la valeur ajoutée des ressources et diversifiant l’économie.
La maîtrise de ses ressources naturelles est un pilier de la souveraineté d’un État. Une exploitation endogène renforcerait l’autonomie des pays d’Afrique au sud du Sahara dans leurs décisions économiques et stratégiques.
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Des entreprises nationales, publiques, gérées de façon autonome, ou privées, seraient potentiellement plus sensibles aux besoins des communautés locales et plus enclines à mettre en œuvre des pratiques d’exploitation responsables sur les plans social et environnemental.
Des challenges à emporter
Les défis à relever pour une exploitation minière endogène réussie en Afrique au sud du Sahara restent importants. Les besoins en investissements étaient massifs. Pendant longtemps, le secteur minier a requis des capitaux considérables pour l’exploration, l’extraction et la transformation. Avant certains de ces pays n’avaient pas toujours les ressources financières nécessaires. Aujourd’hui, avec l’avènement de nano-usines, il est possible de contourner cette entrave.
A cela s’ajoutel’exploitation minière moderne qui exige des compétences pointues en géologie, en ingénierie minière, en métallurgie, etc., qui peuvent faire défaut localement.
En termes de défis infrastructurels, souvent, les zones minières sont éloignées et manquent d’infrastructures de transport (routes, chemins de fer, ports), d’énergie et de communication adéquates.
Mais de notre point de vue, l’un des plus gros handicaps a trait aux risques de mauvaise gouvernance et de corruption. Une gestion opaque du secteur minier par des acteurs décideurs politiques nationaux pourrait entraîner des problèmes de corruption et de détournement de fonds, limitant les retombées positives pour la population.
Vivement qu’on se débarrasse de gouvernants qui préfèrent des bunkers remplis de devises et de lingots chez eux que de places fortes dans nos banques centrales remplies de lingots raffinés sur place.
Phosphates du Sénégal
Si nous prenons l’exemple du Sénégal dans l’exploitation du phosphate. Avec les Industries chimiques du Sénégal (ICS) et Senchim, ce pays possède déjà une expérience significative dans l’exploitation de ses ressources minières, notamment la filière des phosphates qui a réussi une transformation jusqu’aux dérivés phosphatés et à l’acide phosphorique. L’extension de cette expertise à d’autres minerais pourrait être une voie prometteuse pour renforcer l’économie nationale. Aujourd’hui le Sénégal n’a besoin de personne pour exploiter son phosphate qui, rappelons-le, affleure par endroits !
Les partenariats avec des entreprises étrangères peuvent apporter des solutions à certains de ces défis, en termes de financement, de technologie et d’accès aux marchés mondiaux. Néanmoins, il est crucial que ces partenariats soient transparents, équitables et bénéficient réellement aux pays africains, en évitant les accords qui favorisent excessivement les intérêts des partenaires étrangers au détriment du développement local. En effet, une approche stratégique pourrait consister à développer progressivement les capacités nationales, tout en sélectionnant des partenariats bénéfiques et bien encadrés. Surtout ne pas perdre de vue que les Etats n’ont pas d’amis, mais plutôt des intérêts !