Robert Nesta Marley, alias Bob, lead vocal des Wailers, a disparu depuis le 11 mai 1981. D’outre-tombe, ses recommandations nous parviennent toujours pour nous réconcilier avec notre passé, nous ragaillardir et emprunter sans haine ni frustration, la voie du progrès.
Un lundi matin, de ce mois de mai, il y a 44 ans, jour pour jour, la nouvelle tomba raide comme un couperet, le roi du Reggae, Bob Marley, venait de nous quitter, à la fleur de l’âge. Il était alors âgé d’à peine 36 ans ! Roi du reggae, c’est un qualificatif trop réducteur pour ce géant jamaïcain de la musique qui fut à la fois un sage, un professeur, un exemple de courage, un chantre de l’amour (No Woman, No Cry), un mentor…
Très pédagogue, Bob s’adressait directement à nous ! « Ce que la vie m’a appris, je le partagerai avec ceux qui veulent apprendre » était son leitmotiv. Je trouve extraordinaire que son discours est d’une acuité qui dépasse l’entendement. Si nombre de ses messages étaient destinés à la jeunesse du monde, il n’en demeure pas moins qu’il interpellait le monde entier (no regard to race, sans distinction de races).
Des stratégies de développement, toutes tracées
Son fameux refrain « If you listen carefully now, you’ll hear », pour « Si vous écoutez attentivement, vous entendrez », est devenu un classique dans nombre de familles, traduit litteralement par « Celui qui n’entend pas, verra » ! Dans son album « Uprising », le « Soulèvement », le Sage de Kingston nous interroge directement « Why do you look so sad and forsaken ?… pour « Pourquoi as-tu l’air si triste et hagard ? ». Cet optimiste hors pair rappelait « When one door is closed, another is opened », pour « Quand une porte est fermée, une autre s’ouvre ». Dans cet album où il chante l’amour (Could You beloved, Forever Loving Jah… ce soldat de la paix universelle appelle aussi à la résilience et l’attachement à son passé historique. La chanson culte « Redemption Song » qui est une injonction qui perdure, plus qu’une complainte, avec le fameux « Emancipate yourself from mental slavery, none but ourselves can’t free our minds », « Émancipons-nous de l’esclavage mental, personne d’autre que nous-mêmes ne peut libérer notre esprit », en est l’illustration. Ce tube planétaire qui se termine sur une note inachevée, nous nourrit de courage et nous gonfle d’espoir. Réécouter « Have no fear for atomic energy, none of them can’t stop the time », « Ne craignez pas l’énergie atomique, aucune d’entre elles ne peut arrêter le temps », peut ragaillardir n’importe quel sceptique. Tout au long de sa carrière musicale, Bob Marley n’a cessé de nous interpeller à l’engagement au développement durable, au travail, à la résilience et à une fierté recouvrée !
Se réconcilier avec son patrimoine socio-culturel pour triompher
Ayant fait un diagnostic sans complaisance du système (No chains around my feet, but I’m not free », « Pas de chaînes autour de mes pieds, mais je ne suis pas libre »), il nous incite à lui résister. Dans One drop, qui figure sur l’album Survival (illustré par une image d’une cinquantaine de drapeaux Africains, barrée du plan d’un bateau négrier du commerce de la honte), il nous suggère « Resisting against the system… We no want no devil philosophy… Resisting against ism and skism », « Résister au système… Nous ne voulons pas de philosophie du diable… Résister aux ismes et aux anticonformistes ». Un discours importantissime pour une jeunesse qui compte relever les défis de la souveraineté, du développement économique inclusif. Justement dans Babylon System, qui figure sur cet album, Bob Marley attire l’attention sur un groupe de faux dévots et vampires qui ne sont intéressés que par leurs profits, en dépit des maisons de culte et écoles construites… « Babylon system is a vampire, sucking the blood of the sufferers, building churches and universities… Le système babylonien est un vampire, suçant le sang des malades, construisant des églises et des universités… » Face à de tels fléaux, Bob a plaidé un Jour nouveau, « A New Day » sans « Rat race ou Course de rats », mais aussi l’Unité africaine « Africa Unite », pour éviter les querelles et réunifier les familles séparées, depuis les razzias jusqu’à la Conférence de Berlin 1884-1885, « No more trouble ». Par ses hymnes de la Victoire dans « Positive Vibration », Zimbabwe … il clame « Everyone got a right to decide his own destiny », pour « Chacun a le droit de décider de son propre destin », « I don’t want my people to be tricked by mercenaries » pour « Je ne veux pas que mon peuple soit trompé par des mercenaires », ou encore dans Who That cap fit «Who Jah bless, no one curse », pour « Celui que Dieu bénit, personne ne peut nuire », il continue de retracer des stratégies gagnantes et de l’espoir pour un développement durable et inclusif en Afrique et à travers le monde.
Aujourd’hui, le monde se remémore un géant, un humaniste qui a su tracer une voie à suivre pour le salut de l’humanité, à travers sa musique, très en phase avec son discours. Nous en avons compulsé une toute petite partie.