Chronique : Souveraineté alimentaire en Afrique – Ferme à 1 000 vaches ou agriculture écoresponsable

Rappelons qu’entre 2018 et 2020, l’Afrique a importé près de 4 milliards $ de blé russe ! La souveraineté alimentaire vise à garantir que les pays africains aient la capacité de produire suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de leur population, sans dépendre excessivement des importations alimentaires. (Crédit : DR).

Pour éliminer l’extrême pauvreté – moins de 2,15 USD par jour, selon la Banque mondiale – à l’horizon 2030, il faudra relever la part de population mondiale vivant avec moins de 6,85 USD par jour, soit le seuil de pauvreté fixé pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Asseoir la souveraineté alimentaire pourrait aider à sortir les 700 millions de personnes vivant avec moins de 2,15 USD par jour. S’il n’existe pas de modèle agricole parfait pour garantir la souveraineté alimentaire, qui de la ferme à 1000 vaches ou d’une agriculture, dite bio, privilégiée ?

Au moment où la planète entière célèbre la Journée Mondiale pour l’élimination de la pauvreté, sous le thème « Travail décent et protection sociale pour mettre la dignité en action », nous osons croire qu’en assurant la souveraineté alimentaire, les pays africains pourraient lutter vigoureusement contre l’extrême pauvreté concomitante à la sous-alimentation, à défaut de l’éradiquer totalement. Pour relever les défis alimentaires sur le continent tout en préservant l’environnement et les communautés locales, la souveraineté alimentaire, les fermes à 1.000 vaches et une agriculture écoresponsable sont interdépendantes. Toutefois, compte tenu de la disponibilité des terres arables et de l’eau, sur l’Afrique, qui est en dispose en quantité par rapport à d’autres espaces, un équilibre entre la nécessité de nourrir une population croissante et la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité est nécessaire. A mon avis, les politiques agricoles et les décisions d’investissement doivent prendre en compte les spécificités de chaque région africaine, en favorisant des solutions adaptées aux contextes locaux et aux besoins des populations. Aussi, la coopération internationale, la recherche agricole et le transfert de connaissances sont essentiels pour trouver des solutions durables pour l’agriculture en Afrique. La Cnuced révélait dernièrement que pas moins de 25 pays africains importent plus d’un tiers de leur blé de la Russie et de l’Ukraine… Bénin, Soudan, Egypte, RD Congo, dépendent du blé russe, respectivement à hauteur de 100%, 70%, 60% et 50%.

Contenir les emplois à domicile

Rappelons qu’entre 2018 et 2020, l’Afrique a importé près de 4 milliards $ de blé russe ! La souveraineté alimentaire vise à garantir que les pays africains aient la capacité de produire suffisamment de nourriture pour subvenir aux besoins de leur population, sans dépendre excessivement des importations alimentaires. Elle encourage la promotion des pratiques agricoles locales et durables, le renforcement des agricultures familiales, et la préservation des variétés de cultures indigènes pour assurer une alimentation diversifiée et équilibrée. La souveraineté alimentaire peut contribuer à réduire la vulnérabilité de l’Afrique aux fluctuations des marchés mondiaux et aux chocs climatiques. Quid de l’implantation de fermes à mille vaches ? Il s’agit de grandes exploitations laitières intensives, mais ont suscité des débats en raison de leurs impacts potentiels sur l’environnement, la santé animale et le tissu social des communautés locales. En Afrique, des projets de grande échelle, comme les fermes à 1 000 vaches, peuvent potentiellement augmenter la production de lait, mais ils doivent être mis en œuvre de manière à minimiser les effets négatifs sur l’environnement, à favoriser la création d’emplois locaux et à respecter le bien-être des animaux. La disponibilité de vastes espaces arables serait une aubaine pour éviter des enclos où le bétail serait sédentaire.

L’agriculture écoresponsable, une solution

L’agriculture écoresponsable en Afrique vise à concilier la production agricole avec la protection de l’environnement, en utilisant des pratiques durables et respectueuses de la biodiversité. A nos dirigeants, qui ferment les yeux sur toute une jeunesse qui s’embarque dans l’émigration clandestine, en quête d’un hypothétique eldorado, c’est un vaste réservoir d’emplois, à condition d’y inclure la promotion de l’agroécologie, de l’agriculture biologique, de l’irrigation efficace et de la gestion des ressources naturelles. Ce sont la condition sine qua non pour accroître la résilience des agriculteurs aux changements climatiques. Il n’y a aucun doute que l’agriculture écoresponsable peut contribuer à la sécurité alimentaire, tout en améliorant la productivité agricole et en préservant les écosystèmes locaux. C’est d’autant plus judicieux que des habitudes alimentaires traditionnelles pourraient revenir au goût du jour et des spéculations d’antan (mil, millet, fonio, manioc, tubercules, anacarde, arboriculture endémique…) refaire surface.

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