Chronique : Comment transformer le secteur privé africain en levier de développement ?

Avec une multitude d’organisations patronales, l’Etat central a des difficultés pour trouver un interlocuteur crédible, une force de propositions quant aux mesures à mettre en route pour le développement socio-économique. (Crédit : DR).

Face à des budgets sous tension, un secteur privé, bien structuré, peut venir en appoint aux financements d’infrastructures. En 2023, il a injecté 86 milliards $ dans 322 projets d’infrastructures dans 68 pays, à travers le monde, selon la Banque mondiale. C’est une tendance qui peut s’alourdir, d’autant plus que la rentabilité de nombreuses branches dans des secteurs dits régaliens n’est plus à discuter.

Avec une multitude d’organisations patronales, l’Etat central a des difficultés pour trouver un interlocuteur crédible, une force de propositions quant aux mesures à mettre en route pour le développement socio-économique. En Afrique, nous sommes souvent face à un secteur privé atomisé. Certains pays, qui ont su déceler les entraves, ont rapidement rectifié le tir en réunissant la floppée d’organisations du Privé en fédérations, voire en une seule et unique confédération patronale, à présidence tournante. Le rôle du secteur privé dans le développement n’est plus à démontrer. Présent dans tous les secteurs d’activité, y compris ceux qui étaient d’antan régaliens, à savoir l’éducation, la santé, la sécurité, les autoroutes… En effet, même les projets structurants, tels qu’autoroutes, terminaux à conteneurs… ne sont pas occultés par le secteur privé. La rentabilité d’autoroutes à péage, de concessions dans des espaces portuaires et aéroportuaires, a amené de plus en plus d’entreprises privées à investir dans les infrastructures.

Gare au Business des Forums à « Trophées »

Des analystes constataient naguère, dans certains pays émergents, que le capital-risque investi les yeux fermés dans l’enseignement privé, les cliniques privées, la branche sécurité… La Banque mondiale confirme cette tendance avec des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars à l’échelle mondiale et l’intérêt croissant de banques multilatérales de développement à de tels financements. Pour plus d’efficiences, le patronat gagnerait à structurer sa représentativité. Le morcellement d’un secteur privé nuit doublement à l’entreprise. Certes, les branches analogues doivent se regrouper naturellement et les leaders doivent y assurer la représentativité. Il reviendrait aux championnes de diriger les instances, à tour de rôle, dans un cycle de présidence accepté de façon collégiale. A l’échelle nationale, tous les fausses organisations patronales, juste mercantiles qui parasitent le patronat, organisant des forums à Awards pour la raquette et « la récompense » de pseudo-champions, doivent laisser la place aux vaisseaux-amiraux, entourés d’une flottille d’entreprises. Humblement et de façon volontaire, tout l’écosystème de l’entrepreneuriat national doit accepter une telle structure du patronat pour une contribution plus efficace au développement. Unies, les entreprises sont plus fortes. Un patronat atomisé fait perdre des points de croissance.  

A lire aussi : Capital-risque : Comment l’Afrique a percé sur fond de ralentissement mondial

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici