Coup d’Etat au Gabon : Quel bilan des Bongo après 55 ans de règne ?

Renversé ce mercredi 30 août par un coup d’Etat, orchestré par une douzaine d’officier, le président gabonais Ali Bongo s’apprêtait à entamer son troisième mandat à la tête du pays, après la publication des résultats de l’élection présidentielle du 26 août dans lesquels il est donné vainqueur. C’est la fin d’un règne qui avait suscité l’espoir d’une transformation économique, il y a 14 ans. (Crédit AFP).

A peine les résultats confirmant la victoire d’Ali Bongo Odimba annoncés au premier tour avec 64,27% des voix, l’armée gabonaise est intervenue à la télévision nationale pour les annuler et destituer le président sortant. Ali Bongo Ondimba est le président du Gabon depuis 2009, succédant à son père Omar Bongo qui avait dirigé le pays pendant près de 41 ans.  Un règne cumulé de 55 ans des Bongo. Ali Bongo avait promis la justice sociale et la diversification économique, 14 ans plus tard le bilan est plus que mitigé.

Renversé ce mercredi 30 août par un coup d’Etat, orchestré par une douzaine d’officiers, le président gabonais Ali Bongo s’apprêtait à entamer son troisième mandat à la tête du pays, après la publication des résultats des élections présidentiellesdu 26 août dans lesquelles il est donné vainqueur. C’est la fin d’un règne qui avait suscité l’espoir d’une véritable transformation économique il y a 14 ans. Dès son accession au pouvoir en 2009, Ali Bongo Odimba a fait de la diversification de l’économie – très dépendante des recettes pétrolières – sa priorité. Les investissements ont été portés en premier lieu sur l’agriculture, le tourisme, les infrastructures et les services. Le pays a aussi entamé des réformes afin de simplifier les procédures administratives pour attirer les investisseurs. Le président gabonais a mis en place des programmes pour pallier à la faiblesse des infrastructures, au manque de connectivité du pays de 2,3 millions d’habitants (en 2021) en encourageant les investissements dans le développement des réseaux routiers, ferroviaires et des télécommunications. Des investissements pour désenclaver l’hinterland et améliorer la connectivité économique avec la sous-région d’Afrique centrale. Le Gabon connu pour ses forêts tropicales a lancé des initiatives pour la conservation de l’environnement et la préservation de la biodiversité forestière. Le pays a intégré la Central African Forest Initiative (CAFI) et a eu des résultats tangibles. D’ailleurs il y a deux semaines, le Gabon a converti de la dette en une nouvelle « obligation bleue » de 500 millions de dollars avec un taux d’intérêt plus bas et une échéance plus longue dans une transaction qui devrait générer 163 millions de dollars pour des projets de conservation marine au cours des 15 prochaines années. Des programmes sociaux ont été lancés pour améliorer les services de base tels que l’éducation et les soins de santé, sans parvenir à un partage équitable des richesses, selon les militaires putschistes qui ont déploré à la fois des fraudes et la dégradation de la cohésion sociale du pays.

« Aussi, force est d’admettre que l’organisation des échéances électorales, dites élections générales du 26 août 2023, n’a pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais. A cela s’ajoute une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos », a déclaré les putschistes dans un communiqué lu à la télévision publique gabonaise Gabon 24 dans la matinée du mercredi 30 août.

En dépit de ces efforts déployés par le gouvernement d’Ali Bongo, le Gabon a toujours fait face à des défis liés aux inégalités économiques et à la corruption héritées du règne paternel, Omar Bongo Odimba. Il a été le président du Gabon pendant une période prolongée de 1967 jusqu’à son décès en 2009. Son règne a été critiqué pour corruption et mauvaise gestion des ressources publiques. Une grande partie des revenus pétroliers aurait été détournée au profit de l’élite politique, laissant peu de ressources pour le développement social et économique du pays. Malgré les ressources pétrolières, le Gabon n’a jamais pas réussi à diversifier son économie de manière significative. Il est resté largement dépendant du secteur pétrolier, ce qui a limité les opportunités de croissance dans d’autres secteurs tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière et le tourisme. Les réformes entamées n’ont pas significativement réellement inversé la tendance.

Gabon : une économie tributaire des hydrocarbures

Quatrième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, le Gabon a enregistré une forte croissance économique au cours de la décennie passée, portée notamment par la production de pétrole et de manganèse. En 2020 le secteur pétrolier a représenté 38,5 % du PIB et 70,5 % des exportations malgré les efforts engagés pour diversifier l’économie, selon les chiiffres de la banque mondiale en juin 2023. Prévue à 3,4 % avant la COVID-19, le Gabon a enregistré une croissance de -1,8 % en 2020. Les mesures restrictives pour lutter contre la pandémie et la chute du prix du pétrole en 2020 ont eu pour conséquences la hausse du chômage, une baisse significative de la mobilisation des recettes intérieures, suivie d’une baisse des exportations et des investissements directs étrangers, entrainant un important déficit budgétaire. Les répercussions de l’invasion de l’Ukraine ont entravé la croissance économique du pays. Les ménages gabonais sont confrontés à la hausse des prix alimentaires depuis début 2022 alors que le taux d’inflation atteignait 4,3 % pour la même année, estime l’institution de Bretton Wood, malgré les efforts gouvernementaux. Le pays a en effet pris des mesures pour lutter contre la hausse du coût de la vie, notamment avec un plafonnement temporaire des prix pour 48 produits de consommation importés d’octobre 2022 à mars 2023.

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Un nouveau ministère dédié à la lutte contre la hausse du coût de la vie a aussi été créé en janvier 2023. L’économie du Gabon se redresse progressivement, soutenue par la bonne performance des secteurs pétrolier, minier et du bois. La levée, en mars 2022, des restrictions liées à la pandémie a également contribué à la croissance du secteur des services. La hausse du PIB a été estimé à 3,1 % en 2022, en progression par rapport au 1,5 % enregistré en 2021. En outre, le solde budgétaire est devenu excédentaire, à 3 % du PIB pour 2022, après un déficit de 1,9 % en 2021. Grâce à ce redressement progressif, la dette publique s’est réduite en 2022, représentant 52 % du PIB, par rapport aux 60,7 % enregistrés en 2021.

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