Forum Africain sur la Garantie financière : 600 milliards de dollars mobilisés par des institutions financières en faveur des MPMEs

Bien qu'il représente 90 % des entreprises, une contribution de 40% au PIB africain et plus de 50% des postes d'emploi, le secteur des MPMEs en Afrique fait face à de nombreux obstacles dont les difficultés liées à l'accès aux financements.

Dans le cadre de la Semaine africaine de l’Industrialisation dont l’édition 2022 s’est étalée du 20 au 25 novembre, s’est tenue à Niamey, au Niger, le premier Forum Africain sur la Garantie financière, une initiative d’une coalition d’institutions financières continentales. A cette occasion, elles se sont engagées à mobiliser sur un an, une enveloppe d’un milliard de dollars soit environ 600 milliards FCFA en faveur des Micro, petites et moyennes entreprises (MPMEs), afin de stimuler leur contribution à l’accélération de leur contribution à l’économie africaine à travers différents mécanismes de garanties et de mécanisme.

La première édition du Forum africain sur la Garantie financière s’est déroulé du 21 au 22 novembre 2022 à Niamey, la capitale nigérienne qui a également accueilli, le 25 novembre dernier, un Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) sur l’industrialisation et la diversification économique, dans le cadre de la célébration de la Semaine africaine de l’Industrialisation. Le Forum qui a réunit durant deux (02) jours, des décideurs politiques ainsi que des acteurs économiques et des experts et autres chefs d’institutions financières et responsables d’établissement bancaires, est une initiative du Fonds de Solidarité Africain (FSA), de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), du Fonds Africain de Garantie et de Coopération Economique (FAGACE), de l’African Garantee Fund (AGF) et de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA). Les échanges ont essentiellement porté sur la réduction des risques en matière d’investissement et de commerce pour les micro, metites et moyennes entreprises (MPMEs) africaines à travers plusieurs panels qui ont notamment portés sur la nécessaire coalition mondiale des MPME africaines, le rôle des garanties et des assurances ; les perspectives des banques commerciales, le rôle des parties prenantes non financières dans les MPMEs ainsi que l’intégration régionale dans le cadre de la ZLECAf.

Utiliser les instruments de garantie pour atténuer les risques pour les MPMEs africaines

Au sortir du Forum, les institutions financières partenaires ont adopté une déclaration dite « Déclaration de Niamey« , dans laquelle elles ont réaffirmé leur plein engagement à faciliter l’accès aux financements pour les micros, petites et moyennes entreprises africaines. Elles se sont également engagées à utiliser leurs instruments de garantie et de financement dans le strict respect du mode opératoire de chaque institution pour faciliter la mobilisation d’un milliard de dollars américains, soit l’équivalent d’environ 600 milliards de FCFA, sur les douze prochains mois, en soutien aux MPMEs africaines comme première tranche des facilités financières en appui à cette catégorie d’entreprises.

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Dans cette dynamique, le Niger qui a abrité cette première édition du Forum a été choisi comme pays hôte d’une expérience pilote qui va se traduire par un accompagnement des institutions financières africaines de garantie et de la BADEA dans le cadre de la stratégie du pays de soutien aux PMEs pour véritablement changer la situation actuelle et assurer un accès effectif des PME nigériennes aux financements bancaires conformément au mode opératoire de chaque Institution. Pour ce projet pilote, une enveloppe de cent cinquante millions de dollars américains, soit l’équivalent d’environ cent milliards de FCFA de garanties sera mise à la disposition du dispositif d’appui au financement des PME en cours de mise en place sous la houlette du Conseil économique, social et culturel (CESOC) du pays. Les institutions partenaires de la coalition ont également convenu de la mise en place d’une Task Force composée des représentants des institutions impliquées pour assurer le suivi de la mise en œuvre des engagements pris dans la Déclaration.

Les MPMEs, véritable épine dorsale des économies africaines

Des différents exposés et interventions des panélistes durant les deux jours du Forum, il a été mis en évidence le rôle et la contribution des micro, petites et moyennes entreprises (MPMEs) qui sont considérées comme l’épine dorsale des économies africaines avec 90 % des entreprises qui relèvent de cette catégorie sur le continent et une contribution au PIB africain à 40% ainsi plus de 50% en termes de création d’emplois dont une bonne part est destinée aux jeunes et aux femmes. Dès lors, les MPMES constituent une source majeure d’emplois et produisent d’importantes recettes intérieures et d’exportation sur le continent. Avec 80% des nouveaux postes dans le secteur formel sont créés par les MPMES, leur rôle dans la création d’emplois est plus important pour absorber entre dix et douze millions de jeunes qui entrent sur le marché du travail chaque année. Le développement des MPMES est un instrument clé de la croissance économique à travers la création d’emplois et la contribution au PIB et par conséquent, elles constituent un important facteur de réduction de la pauvreté d’autant plus, comme cela a été mis en exergue, elles sont également de loin les principaux producteurs alimentaires en Afrique et dans le monde en général et elles constituent également un puissant catalyseur pour combler l’écart entre les genres, car elles garantissent la participation pleine et active des femmes à l’économie et à la société. Les MPMES sont enfin un vecteur de redistribution de revenus et par conséquent, de prospérité et de paix sociale.

Cependant, malgré cette importance, force est de reconnaître que la contribution des MPMES africaines est encore bien en deçà de leur potentiel en raison des nombreux défis auxquels elles sont confrontées. Ces défis relèvent d’un accès limité au financement et aux débouchés commerciaux. Celles-ci sont, en effet, souvent considérées comme trop petites pour s’adapter aux modèles d’affaires des institutions financières de développement, et trop risquées pour les banques commerciales et les institutions financières traditionnelles. Les estimations de la Société financière internationale (SFI) révèlent en ce sens que 40 % des MPMES du secteur formel dans les pays en développement ont un besoin de financement non satisfait de 5.200 milliards de dollars américains chaque année.

« Il est donc crucial que Nous, les décideurs, les partenaires et les financiers africains, unissions nos efforts pour libérer pleinement le potentiel des MPMES, qui sont vitales pour l’avenir des économies du continent en améliorant l’environnement des affaires, en renforçant leurs capacités et leur accès au crédit », a estimé le Directeur général du FSA pour qui,  « les perspectives d’industrialisation du continent reposeront également sur la libération du potentiel de croissance des petites, moyennes et micro-entreprises, laquelle croissance est conditionnée par leur accès au financement ».

Des initiatives pour faciliter l’accès aux financements des MPMEs

Cette vision partagée par différents intervenants notamment l’économiste et banquier d’affaires Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et Managing Partner de SouthBridge, a reçu l’échos des décideurs politiques.  C’est pourquoi, le Premier ministre du Niger tenu à saluer cette initiative qui va donner un coup d’accélérateur à l’industrialisation du continent. « L’industrialisation est le plus grand facteur de transformation économique du continent par ses effets sur la création des richesses, sur l’emploi l’amélioration des revenus et la réduction de la pauvreté », a déclaré M. Ouhoumoudou Mahamadou qui a ajouté que pour les jeunes nations avec un faible tissu industriel et peu de moyens financiers, une des voies d’accélération de leur industrialisation, réside dans la promotion du secteur manufacturier et l’agro-industrie.

« Ces secteurs en effet sont facilement accessibles aux petites et moyennes entreprises disposant de peu de ressources financières et managériales. Parce que justement elles disposent de peu de ressources financières et managériales, malgré leur potentiel de création d’emploi et des ressources, les PMEs constituent des entreprises à risque tant du point de vue de leurs partenaires financiers que commerciaux », a souligné le Chef du gouvernement.

Le ministre nigérien des Finances Dr Ahmat Jidoud a également rappelé la contribution combien importante ainsi que les enjeux stratégiques dont est porteur toute initiative d’appui au développement des MPMES à l’économie africaine. Il n’a pas manqué de déplorer que malheureusement, les MPMEs africaines font face à de nombreux obstacles nombreux qui limitent leur potentiel, en particulier dans la recherche de financements. « Ces obstacles concernent entre autres le niveau élevé des taux d’intérêt, une offre inadaptée des services financiers aux besoins des populations, les coûts relativement élevés des facteurs, l’exigence de collatéraux non adaptés à la situation réelle des populations, notamment les femmes et les jeunes, l’absence de mécanismes de garantie des activités risquées, notamment agricoles, et l’absence d’éducation financière pour beaucoup de MPMEs opérant dans le secteur informel », a cité le ministre Jidoud qui a aussi ajouté qu’en outre, l’insuffisance d’infrastructures de transport, de commerce et de connectivité accroit considérablement le risque porté par ces entreprises. Le ministre nigérien s’est donc félicité, à juste titre, de l’initiative conjointe de ces institutions financières qui selon lui, constitue une innovation supplémentaire et une preuve de synergies d’interventions entre les institutions financières, publiques comme privées, visant à soutenir le développement des MPMEs africaines.

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