Tribune : Afrique – Le reniement aux ressources ou les racines d’une sous-industrialisation chronique

Depuis le samedi 15 avril 2023, le Soudan est de nouveau en proie à une instabilité politique qui se traduit cette fois par de violents affrontements, avec utilisation d'armes lourdes et de l'aviation militaire, entre l’armée que dirige le général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Mohamed Hamdane Dagalo dit "Hemetti". ( crédit: Dr).

Contrairement à certaines régions du monde où des populations font face à un stress hydrique sévère, en Afrique des stations peuvent recevoir jusqu’à 4 m d’eau de pluies, par an. De manière analogique, le sous-sol est riche et procure matières précieuses et minerais indispensables à l’industrie moderne. Cependant, une sous-industrialisation chronique est en train de pondérer le développement des régions africaines concernées.

L’Afrique n’a pas que des amis. Ceux, qui veulent y contrôler des secteurs stratégiques pour le développement économique, défendent souvent que la décision pour nombre d’États africains de céder l’exploitation de leurs mines d’or plutôt que de les exploiter eux-mêmes peut être influencée par des capacités techniques et financières limitées, le souci de transférer une partie des risques associés à l’activité minière ou encore de bénéficier de capitaux, de technologies et de savoir-faire provenant de sociétés internationales spécialisées dans l’exploitation minière ou de se focaliser sur d’autres priorités de leur économie, tels que l’éducation, la santé, les infrastructures ou l’agriculture. Mais lorsque les teneurs sur les champs aurifères sont connues et très importants, que le travail de l’or fait partie d’un patrimoine historique qui ne demande qu’à être revisité, quels sont les risques encourus ? Au contraire, comme pour ces exploitations minières de poche en Alaska ou en Australie, les coûts d’investissement pour une mine d’or de taille moyenne peuvent n’atteindre que quelques dizaines de milliers de dollars. 

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Vu sous cet angle, la décision de céder l’exploitation minière à des sociétés privées ou étrangères reste controversée. Certains observateurs affirment que cela peut entraîner une exploitation non durable des ressources naturelles, des pratiques minières non éthiques, une fuite des bénéfices à l’étranger et une dépendance accrue envers les sociétés étrangères. Il est donc essentiel d’établir des cadres réglementaires solides, de renforcer les capacités locales et de promouvoir la transparence et la responsabilité dans le secteur minier pour maximiser les avantages économiques et sociaux pour les États africains et leurs populations.

Manque à gagner

En termes d’exportations de matières premières brutes, le manque à gagner fait référence à la perte potentielle de valeur économique résultant de ces ventes sans les transformer ou les traiter davantage. Lorsque nos pays exportent des matières premières brutes, telles que des minéraux, des produits agricoles non transformés ou des ressources naturelles, ils vendent souvent ces produits à des prix, relativement bas par rapport à leur valeur ajoutée potentielle. N’est-il pas grand temps que ces décideurs publics s’affranchissent des fluctuations des cours des matières premières brutes, réalisent qu’une matière première brute exportée sans être transformée, fait perdre au pays exportateur la valeur économique potentielle ? Si des industries locales ajoutaient de la valeur aux matières premières en les transformant en produits finis ou semi-finis, cela pourrait se traduire par des revenus plus élevés et une création d’emplois accrue.

Approche de la diversification économique

En décidant de rompre avec ces pratiques qui consistent à faire l’économie de la transformation, ces pays deviendraient invulnérables aux chocs externes et ignoreraient une baisse de la compétitivité à long terme. En effet, la dépendance excessive à l’exportation de matières premières brutes peut freiner le développement d’autres secteurs de l’économie, tels que l’industrie manufacturière ou les services à valeur ajoutée. Des solutions sont à trouver dans la promotion de la transformation locale des matières premières. Pour ce faire, il est nécessaire d’investir dans des industries de transformation et en encourageant la création de chaînes de valeur ajoutée, les pays peuvent augmenter leurs revenus, créer des emplois et réduire leur dépendance aux prix des matières premières brutes. On considère alors l’approche de l’industrialisation ou de la diversification économique que fort heureusement le Botswana, le Kenya, le Mali… commencent à adopter.

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