Hydrocarbures : avec Congo LNG, le Congo bientôt exportateur de gaz sur un marché en pleine croissance

La preuve de l'ambition du gouvernement congolais pour le développement de ce projet, c'est le Président Denis Sassou Nguesso en personne, accompagné pour la circonstance par le Directeur général d'ENI S.P.A, Claudio Descalzi, qui ont procédé, le mercredi 25 avril dernier près de Pointe-Noire, à la pose de la première de Congo LNG, un projet de liquéfaction de gaz naturel qui promet de transformer le pays en un exportateur clé de gaz naturel liquéfié (GNL). (Crédit ; Dr - AI)

Annoncé en grande pompe en avril 2022 entre le gouvernement congolais et la major italienne ENI S.P.A, l’ambitieux programme de développement de l’exploitation de gaz au Congo vient de connaitre un coup d’accélérateur. Le 25 avril dernier a eu lieu la pose de la première pierre de Congo LNG, le premier projet de liquéfaction et de commercialisation de gaz naturel liquéfié. D’un investissement initial de cinq (5) milliards d’euros, le projet devrait atteindre une capacité globale de production de gaz naturel liquéfié (GNL) de 3 millions de tonnes par an soit environ 4,5 milliards de mètres cubes/an à partir de 2025 et devrait permettre non seulement au pays de satisfaire ses besoins en matière de production d’électricité tout en assurant les moyens de sa transition énergétique. Il devrait aussi permettre à ENI de diversifier ses sources d’approvisionnement dans le sillage de son objectif de la réduction de sa dépendance au gaz russe, amplifiée par la crise russo-ukrainienne. Une aubaine pour le Congo qui dispose de ressources importantes en la matière et qui va tirer de substantielles gains sur un marché du GNL en pleine expansion à l’international. De quoi tourner la page de l’or noir qui malgré les immenses gisements exploités n’a pas encore permis au pays d’amorcer son décollage socioéconomique.

La preuve de l’ambition du gouvernement congolais pour le développement de ce projet, c’est le Président Denis Sassou Nguesso en personne, accompagné pour la circonstance par le Directeur général d’ENI S.P.A, Caudio Descalzi, qui ont procédé, le mercredi 25 avril dernier près de Pointe-Noire, à la pose de la première de Congo LNG, un projet de liquéfaction de gaz naturel qui promet de transformer le pays en un exportateur clé de gaz naturel liquéfié (GNL). Le projet qui va nécessiter une enveloppe de 5 milliards d’euros d’investissements devrait atteindre une capacité de production de GNL globale de 3 millions de tonnes par an, soit environ 4,5 milliards de mètres cubes par an, à partir de 2025. Selon les responsables du projet, il vise à exploiter les énormes ressources de gaz de Marine XII pour répondre aux besoins de production d’électricité du pays et alimenter les exportations de GNL vers les marchés internationaux, principalement en Europe. Et pour ce faire, deux usines de liquéfaction de gaz naturel flottantes (FLNG) seront installées aux champs de Nenè et Litchendjili, qui sont déjà en production et d’autres champs vont être également développer. La première usine FLNG, d’une capacité de 0,6 million de tonnes par an, est actuellement en conversion et devrait commencer la production en 2023. La deuxième usine FLNG, d’une capacité de 2,4 MTPA, est déjà en construction et devrait devenir opérationnelle en 2025. Selon toujours les responsables du Projet, sa particularité est qu’il va s’appuyer sur un calendrier de développement accéléré et une approche zéro torchage, garantissant que le projet est à la fois rentable et écologiquement durable. C’est ce qu’a indiqué le Directeur général d’ENI Congo, Mirko Araldi selon qui, le projet bénéficiera des technologies les plus avancées pour que le gaz soit brûlé intentionnellement et ainsi valoriser l’énergie.

« Ce projet permettra également d’atteindre l’objectif de zéro torchage. Il n’y aura plus de torchage de routine dans nos usines, conformément à la stratégie de décarbonation de la République du Congo et d’Eni », a-t-il expliqué.

La mise en œuvre de ce projet est le fruit de l’accord signé entre le gouvernement du Congo et la société italienne ENI S.P.A, en avril 2022. Dans les faits, il s’agit d’un partenariat public-privé (PPP), notamment pour l’important et très prometteur bloc marine XII dont ENI est le principal opérateur, mais en partenariat stratégique avec la société publique SNPC (Société nationale de Pétrole du Congo) et le groupe Loukoil. L’accord d’avril 2022 fait suite au lancement du Plan Directeur pour le Gaz (PDG) par le ministère congolais des Hydrocarbures avec pour principal objectif, de faciliter et d’optimiser l’utilisation des ressources en gaz naturel du pays, y compris le gaz associé, qui est le gaz produit dans les puits de pétrole.  Selon le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, « le gaz naturel dans le siècle présent car il est le moteur par excellence de la transition énergétique ».

Exportation, diversification et transition énergétique

Pour le Congo, en effet, le projet revêt un intérêt particulier. En plus de permettre au pays de satisfaire ses besoins de consommation locale notamment pour la production de l’électricité, la mise en œuvre du projet va permettre au pays de gérer sa transition énergétique et pour la première fois de son histoire malgré ses importantes ressources, pouvoir exporter du gaz naturel liquéfié.  Présente au Congo depuis plus une cinquantaine d’années, l’entreprise italienne fournit à travers sa filiale locale, ENI Congo, fournit du gaz à la Centrale électrique du Congo, qui garantit 70 % de la production d’électricité du pays avec une capacité de production de 484 mégawatts. Les volumes estimés avec la mise en œuvre de Congo GNL dépassant largement les besoins du marché congolais, ENI Congo entend valoriser cet excédent en l’exportant, ce qui se traduira par de substantielles ressources pour les caisses de l’Etat congolais.

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Selon le Directeur général d’Eni, Claudio Descalzi, le lancement de Congo LNG est l’un des principaux projets de l’entreprise, en termes de diversification de son approvisionnement et de transition énergétique en République du Congo. Congo LNG est, en effet, destiné à contribuer de manière significative à la sécurité énergétique et à la compétitivité industrielle de l’Italie et de l’Europe. Lors de la pose de la première pierre de l’usine, il n’a pas manqué de souligner l’importance d’une collaboration à long terme avec les partenaires africains, en particulier à un moment où des choix stratégiques importants doivent être opérés dans la dynamique de diversification des itinéraires d’approvisionnement et des mélanges énergétiques européens, vers l’accessibilité et la disponibilité de l’énergie et la décarbonisation progressive. Il convient de noter que dans la même dynamique, la major italienne a signé plusieurs accords avec d’autres pays africains pour son approvisionnement en gaz, ce qui anime davantage le marché africain du GNL.

Une demande mondiale en GNL en hausse qui stimule le marché africain

Avec la mise en œuvre de ce projet, le Congo va donc bientôt devenir un exportateur de GNL, un marché stimulé par la croissance de la production d’électricité et de la demande industrielle en Afrique et à l’international. Dans les pays en développement qui ont besoin de plus d’énergie, le marché du GNL devrait augmenter de 50% d’ici à 2030 selon les estimations en la matière et cela va se traduire par des dizaines de milliers d’emplois générés dans chaque installation de GNL, ainsi que par une augmentation des activités économiques dans les zones d’implantation. Le fait d’être considéré comme une énergie de transition n’est qu’un des avantages du GNL dont le Congo pourrait bien en tirer davantage de bénéfices.

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La réalisation de ce projet revêt aussi un intérêt stratégique pour ENI, en quête accélérée de diversification de ses sources d’approvisionnement en gaz depuis le début du conflit russo-ukrainien. Cette guerre a, en effet, perturbé l’approvisionnement en énergie dans la majorité de pays européens et plusieurs pays africains qui disposent d’importantes gisements se positionnent pour combler le vide. Selon la dernière édition du rapport Global Energy Monitor (GEM) du cabinet World Energy Review, basée aux Etats-Unis d’Amérique, « la part de l’Afrique dans les exportations mondiales de gaz naturel liquéfié (GNL) était de 11,3 % en 2021 mais les projets déjà en cours pourraient augmenter cette part jusqu’à 15% ». Le rapport estime que « l’Afrique peut augmenter sa capacité de production de gaz naturel liquéfié (GNL) de près de 80 % dans les prochaines années ». En décembre dernier, la publication a recensé qu’au moins 31 terminaux, d’une capacité de 75,8 millions de tonnes par an, sur le continent africain, ont été dénombré alors que sept autres terminaux pour 14 millions de tonnes de GNL par an sont en construction, et 20 autres terminaux pour 45,8 millions de tonnes de GNL par an sont à la phase de pré-investissement.

« La production gazière en Amérique du Nord est de 73,9 millions de tonnes par an tandis que celle de l’Afrique pourra atteindre 135,6 millions de tonnes de GNL par an, soit le triple de l’exportation de gaz des pays producteurs de l’Amérique du nord », projette la même source en surfant sur les bonnes perspectives du GNL en Afrique.

En plus de leurs besoins locaux pour satisfaire leur déficit en électricité et assurer leurs transitions énergétiques, les fournisseurs de gaz africains cherchent désormais à répondre à la future demande de GNL de l’Europe, ce qui ouvre de nouvelles perspectives au marché du gaz africain.  En 2021, l’Europe a importé 37,2 milliards de mètres cubes de gaz par gazoduc en provenance d’Algérie (34,1 milliards) et de Libye (3,1 milliards), selon l’étude « World Energy Statistical Review 2022 » du géant mondial BP et de manière globale, indique les mêmes statistiques, l’Afrique représentait 6,4 % de la production mondiale de gaz et 11,4 % des exportations mondiales de GNL en 2021, avant l’invasion russe de l’Ukraine. Des chiffres qui ne manqueront pas d’augmenter compte tenu du pipeline de projets du continent et de la demande croissante de l’Europe anticipent les experts.  Selon un rapport de février 2023 du Forum des pays exportateurs de gaz, la part de l’Afrique dans la production totale de gaz devrait passer de 260 milliards de mètres cubes en 2021 à 585 milliards de mètres cubes en 2050, date à laquelle le continent représentera plus de 11 % de l’offre mondiale. La demande sur le continent devrait pour sa part augmenter de 82 % d’ici à 2050, le gaz représentant 30 % du bouquet énergétique. Autant dire que la dynamique pour une hausse de la demande en GNL sur le marché va connaitre de beaux jours dans les prochaines années et permettre à beaucoup de pays comme le Nigeria, l’Algérie, la Lybie, le Mozambique, le Sénégal ou le Congo et autres, de tourner la page de l’après pétrole et la « malédiction » qui va avec au regard de son faible impact pour ne pas dire effet retardataire dans leur quête de développement et d’émergence…

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