Chronique : Sénégal en crise – la notation financière souveraine, toujours spéculative ou à haut risque

Un rapide round up démontre que jusqu’à présent, le Sénégal, pays doté d’abondantes ressources minières, agricoles et halieutiques, présente des déficits de transaction courantes élevés, avec des besoins de financements extérieurs significatifs et une dépendance aux importations dont le corollaire est une inflation importée. (Dr).

Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest, second poumon économique de l’UEMOA-certes de taille moindre à la Côte d’Ivoire – est à la croisée des chemins. De temps à autre des agences de notation, telles que Standard & Poor’s (S&P) Global Ratings, filiale de McGraw-Hill, font l’évaluation du risque-pays. Cette année 2023, qui augurait de bien d’espoirs, est en train d’être freinée dans son élan.

L’année 2023 s’annonçait très belle… La production des hydrocarbures, pétrole et gaz, devrait être effective. Le taux de croissance annoncé devrait dépassait 10%, selon plusieurs analystes- la loi de finances, plus généreuse, attend 11,4%. Cependant, la crise politique, que traverse le pays ces derniers jours avec une économie à genoux, n’augure rien de bon. Les pertes, en vies humaines, frisent la trentaine dont beaucoup de jeunes, tandis que celles matérielles et en manque à gagner, sont estimées en centaines de milliards f CFA (20 000 Mrds f CFA/ 330 j). Un rapide round up démontre que jusqu’à présent, le Sénégal, pays doté d’abondantes ressources minières, agricoles et halieutiques, présente des déficits de transaction courantes élevés, avec des besoins de financements extérieurs significatifs et une dépendance aux importations dont le corollaire est une inflation importée.

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Le PIB par habitant est estimé à moins de 1700 $. Ce pays, qui comptabilise une population de 17 millions d’habitants-RGPH en cours- représente grosso modo 20% du PIB de l’UEMOA, mais seulement 4% de la CEDEAO. Des performances bien en deçà du potentiel sénégalais. En effet, la configuration économique du pays doit être prise en compte, avec un secteur l’informel à 80% dans l’économie du pays. Le tertiaire, qui tire l’économie vers le haut, face à une industrie moribonde et un secteur primaire encore extensif, peut-il fournir une évaluation précise ? Cette interrogation est d’autant plus judicieuse que la collecte de données précises et cohérentes reste essentielle pour la croissance et le développement. Une économie à l’arrêt, pendant quasiment une semaine, ne peut qu’aggraver la notation financière du Sénégal. Aujourd’hui, face à la crise politique que traverse le pays, avec un leader de l’opposition en résidence surveillée, depuis une semaine, après la sentence prononcée par la chambre criminelle du Tribunal de Dakar peut-on dire que la solvabilité du Sénégal soit relativement faible, avec un niveau de risque de crédit élevé ?

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Le début d’une crise à circonscrire au plus vite Rappelons qu’outre la collecte et l’analyse des données, les agences de notation considèrent dans leurs critères d’évaluation, la surveillance continue du pays en fonction des évolutions économiques, financières et politiques. Ne perdons pas de vue que dans le contexte actuel, pour équilibrer le budget, l’Etat a émis des émissions de dettes commerciales en devises. Toutefois, cette part, à 40%, constitue une réelle menace le jour où le Sénégal adopterait un régime de change flexible. Même le respect des critères de convergence, limitant les déficits budgétaires à 3% du PIB dans l’espace sous-régionale, est devenu fort difficile. Le financement hors budget, l’appui financier à des entreprises publiques ou l’apurement d’arriérés accumulés ou encore le service de la dette, les scandales financiers successifs (Force Covid, La Poste, Prodac…) contrastent avec une nécessaire discipline budgétaire pour préserver la stabilité économique. Avec des subventions qui ont commencé à pondérer le budget, quadruplant en un an, le Sénégal a relevé, au début du mois de janviers 2023, le prix des carburants– un poste pourtant très sensible. Faute de sources fiables sur une récente notation financière d’une agence, je puis affirmer que dans un peu plus d’un mois, la 3èmeConférence annuelle Global Emerging Markets, prévue mardi 11 juillet 2023 à Londres et organisée par S&P, qui ambitionne d’être très informative sur les tendances du crédit et du marché en Asie, dans la région EMEA (Europe Middle Esat and Africa) et en Amérique latine, nous en édifiera un peu plus.

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