Chronique : quand la mauvaise gouvernance coûte 148 milliards USD annuels à l’Afrique

Le manque à gagner dû à la corruption chiffre à plusieurs milliards de dollars. Selon Transparency International, les gouvernements d’Afrique voient lui filer entre les doigts 148 milliards $ par an, soit le quart de son PIB, à cause de ce « cancer » ! (Crédit : DE).

En Afrique, la reddition des comptes reste encore un défi à relever. De nombreux pays africains souffrent de corruption, de népotisme et d’absence de transparence. Ces maux nuisent à la bonne gouvernance et à la rentabilité des deniers publics. S’ils arrivent que les organes de lutte mis en place arrivent à épingler des couples, ce sont très souvent les seconds couteaux qui tombent tandis que les gros bonnets passent entre les mailles des filets.

La corruption et la concussion, qui ne sont pas l’apanage du continent noir, pondèrent le développement de beaucoup de pays africains. Il n’est pas rare que des chantiers, censés générer des milliers d’emplois et beaucoup de revenus, voire porteurs de modernité, finissent en queue de poisson. Des projets qui s’insèrent dans des programmes de développement, estampillés « Emergence », en lice ces dernières années dans de nombreux pays africains. Dans la logique d’un tel élan des lois sur la transparence et la lutte contre la corruption ont été promulguées. Des organes, conventions et instances sont établis au niveau continental, régional ou national. Parmi ceux-ci, la Convention de l’Union africaine sur la lutte contre la corruption et les infractions connexes, le GIABA (Groupement intergouvernemental d’actions contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest) au sein de la CEDEAO, les Cellules nationale de Traitement des informations financières (CENTIF), des Cours des comptes et autres Directions de l’inspection financière et/ou d’Etat… pour lutter contre de tels fléaux. De plus, des organisations de la société civile et des médias jouent un rôle de plus en plus important dans le suivi des actions du gouvernement. En dépit de tous ces efforts, il reste encore du chemin à parcourir en Afrique, en termes de gouvernance et reddition des comptes. Le manque à gagner dû à la corruption chiffre à plusieurs milliards de dollars. Selon Transparency International, les gouvernements d’Afrique voient lui filer entre les doigts 148 milliards $ par an, soit le quart de son PIB, à cause de ce « cancer » !

La reddition des comptes reste encore un défi

Il est grand temps d’imposer et de faire respecter la reddition des comptes, élément essentiel d’une bonne gouvernance. Elle permet de garantir que les ressources publiques sont utilisées de manière efficace, efficiente et équitable. Souvent un défi en Afrique, la reddition des comptes est entravée par un certain nombre de facteurs, notamment la corruption, la faiblesse des institutions et la pauvreté. Pour améliorer la reddition des comptes en Afrique, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes efficaces de contrôle et de surveillance. Ces mécanismes doivent permettre aux citoyens de s’informer sur l’action du gouvernement et de signaler les cas de corruption ou de mauvaise gestion. Parmi les critères pour rentabiliser les deniers publics en Afrique, nous trouvons que la transparence des finances publiques occupe une place de choix. Les citoyens doivent avoir accès aux informations sur les recettes et les dépenses publiques. Aussi, l’indépendance des institutions de contrôle, telles que la Cour des comptes ou l’Inspection générale des finances, doivent être indépendantes du gouvernement. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas partout. Certains de ces organes sont logés à la Présidence de la République… dans des pays ouest africains. Pour plus d’efficience dans la lutte contre des dirigeants sans scrupules, il est important d’imposer des sanctions efficaces. Les personnes coupables de corruption doivent être sanctionnées de manière dissuasive. Il apparaît évident que la mise en œuvre de ces critères nécessite des efforts concertés de la part des gouvernements, des citoyens et des organisations de la société civile, dont les lanceurs d’alerte doivent être protégés. Il est clair qu’en améliorant la reddition des comptes, les pays africains peuvent contribuer à garantir que les ressources publiques soient utilisées de manière à améliorer la vie de leurs citoyens.

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