Chronique :  A qui profite le contrat céréalier ukrainien ?

Pour contourner les menaces de famine de quelque 44 millions de personnes dans 38 pays, selon Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, l’accord joue un rôle crucial sur des niveaux d’urgence de la faim, sur les tensions inflationnistes des cours des céréales. (Crédit : Africa Income).

Le contrat céréalier ukrainien profite à de nombreuses parties prenantes, à savoir l’Ukraine, les pays importateurs de céréales, y compris ceux d’Afrique. Grand pays céréalier, l’Ukraine joue un rôle important dans la sécurité alimentaire mondiale, nonobstant la guerre avec la Russie. Reste à savoir s’il sera reconduit et dans quels délais…

Lorsque la guerre a connu un début d’enlisement, la question sur toutes les lèvres était de savoir si l’Ukraine pourrait continuer à contribuer à nourrir le monde ? Vers la fin du premier semestre 2022, les exploitants agricoles ukrainiens avaient entre leurs mains 20 millions de tonnes de céréales, sans compter la récolte de la campagne 2021-2022. Un grand nombre d’analystes ont trouvé que l’Afrique a bénéficié du contrat céréalier ukrainien. Certes, bien qu’en guerre, l’Ukraine, qui est l’un des principaux exportateurs de céréales au monde (42% huile de tournesol, 16% du maïs et 9% du blé), en a profité, mais aussi le continent qui est l’un de ses principaux clients (Tunisie 49%, Libye 48%, Egypte 26%…). En effet, l’Afrique a pu accéder aux céréales ukrainiennes, qui sont de haute qualité et à un prix abordable, grâce à un tel accord. Dans certaines parties du continent, où la sonnette d’alarme commençait à être tirée, cette entente, qui a dépassé le casus belli russo-ukrainien, a aidé à réduire la faim et la malnutrition.

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L’accord, qui a été du donnant-donnant, a vu l’assouplissement des sanctions des pays occidentaux contre la Russie d’une part, et le renouvellement des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire. Pour contourner les menaces de famine de quelque 44 millions de personnes dans 38 pays, selon Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, l’accord joue un rôle crucial sur des niveaux d’urgence de la faim, sur les tensions inflationnistes des cours des céréales. C’est d’autant plus juste que la Russie joue sur les prolongations ou non sur les délais, tantôt 120 jours, tantôt 60 jours. Si les exportations agricoles russes ne sont pas visées par des sanction, Poutine et ses équipes évoquent des restrictions qui freinent banques, compagnies d’assurance et autres sociétés de logistiques pour traiter avec leurs exportateurs.   

Un atout pour l’Afrique

Le marché gagnerait à ce qu’il soit reconduit. Le contrat céréalier ukrainien a créé des emplois et généré des revenus en Afrique. Les entreprises céréalières ukrainiennes ont investi en Afrique, et les agriculteurs africains ont pu vendre leurs produits aux entreprises ukrainiennes. Cela a aidé à stimuler l’économie africaine. Aussi, le contrat permet à l’Ukraine d’exporter ses céréales et d’en tirer des revenus. Cela est important pour l’économie ukrainienne, qui a été durement touchée par la guerre. Les pays importateurs de céréales ont pu accéder aux céréales ukrainiennes, qui sont de haute qualité et à un prix abordable. Cela est important pour la sécurité alimentaire mondiale, car l’Ukraine est l’un des principaux exportateurs de céréales au monde.

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A travers le monde, les entreprises céréalières ont pu commercer avec l’Ukraine et gagner de l’argent. Dans la même veine, le contrat a permis aux consommateurs d’avoir accès aux céréales ukrainiennes, à un prix abordable. Cela est important pour le pouvoir d’achat des consommateurs, car les céréales sont une denrée alimentaire de base. Généralement, le contrat céréalier ukrainien, accord win-win profite à de nombreuses parties prenantes. Doit-on rappeler que l’Ukraine compte parmi ses principaux clients le PAM (Programme alimentaire mondial) qui a coutume d’y envoyer des dizaines de navires pour approvisionner en centaines de milliers de tonnes de blé, l’Ethiopie, la Somalie, le Yémen, Djibouti, l’Afghanistan … ? Pour les pays d’Afrique, la guerre russo-ukrainienne a été un excellent prétexte pour un retour aux cultures vivrières traditionnelles à base de mil, millet, fonio, sorgho… à condition de les mécaniser et de moderniser l’exploitation et la transformation.

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