Rétrospective 2022 : ces deals qui ont marqué l’année 2022 en Afrique [ Partie I : Banques-assurance]

Avec le rachat d'AFRISIA Bank en île Maurice, le magnat ivoirien Koné Dossongui réalise l'une des importantes acquisitions bancaires en Afrique.

Sur le plan des affaires, l’année 2022 s’est bouclée en Afrique sur une bonne note au regard des nombreuses opérations qui ont été enregistrées. Levées de fonds, fusions-acquisitions, investissements : le marché africain a été assez rythmé en dépit de l’attentisme qui prévalait en début d’année et de l’incertitude qui a été amplifiée par la multiplication des chocs. En dépit de ces vents défavorables comme la guerre en Ukraine qui ont plombé une reprise post-Covid 19 prometteuse, le continent a su tirer son épingle du jeu et à certains égards même, semble braver la crise.  En florilège, quelques deals et transactions conclues en 2022 et qui témoignent si besoin est encore, du potentiel et surtout du dynamisme d’un marché en pleine croissance.

Banques : avec le rachat d’AFRISIA Bank en île Maurice, le magnat ivoirien Koné Dossongui réalise l’une des importantes acquisitions bancaires en Afrique

C’est l’une des dernières opérations conclues en fin d’année et qui a fait l’effet d’une bombe dans le milieu bancaire et financier africain ! L’homme d’Affaires ivoirien Koné Dossongui, patron d’AFG Holding et PDG d’Atlantic Group, a acquis près de 75% le capital social de AFRASIA Bank Limited, la troisième banque la plus importante de l’Île Maurice avec un actif total de 4,6 milliards de dollars. La cérémonie de signature s’est déroulée, le mercredi 28 décembre 2022, à Port-Louis, la capitale de l’Île Maurice entre AFG Holding, le Groupe IBL et la Banque Nationale du Canada. 

 » Avec le rachat du mastodonte AFRASIA Bank, 4.6 milliards de dollars d’actifs, Koné Dossongui réalise en Île Maurice, la plus grande acquisition bancaire jamais réalisée en Afrique noire et devient incontestablement l’un des plus importants groupes bancaires panafricains », a-t-on indiqué dans la note d’information publiée juste après la signature du deal.

  » Nous sommes particulièrement fiers de cette opération qui permettra un meilleur ancrage du développement entamé de AFG Holding dans l’Océan Indien et le développement d’une offre de services financiers à forte valeur ajoutée au profit à la fois des opérateurs économiques et des banques en Afrique. Nous capitaliserons sur plus de 40 ans d’expertise de Atlantic Group dans le secteur bancaire africain, pour accélérer le développement de AfrAsia Bank Limited. » a affirmé, dans la note, Koné Dossongui, le Fondateur et Président du Conseil d’Administration d’Atlantic Group. Selon le groupe bancaire panafricain, cette transaction s’inscrit dans la stratégie de Atlantic Group de développer un important groupe bancaire panafricain offrant une large gamme de services financiers sophistiqués à forte valeur ajoutée, notamment des services bancaires internationaux, des services de gestion de trésorerie, de courtage et garde de titres, des services de gestion de patrimoine ainsi que le financement du commerce, et des solutions de change.  »Nous sommes heureux de conclure cet accord avec AFG Holding, un acteur bancaire majeur en Afrique subsaharienne. Nous sommes confiants sur les perspectives de développement de la banque compte tenu de la qualité du repreneur et notre groupe continuera à entretenir des relations commerciales privilégiées avec la banque à l’international et à Maurice, où le Groupe IBL est un acteur économique de premier plan » a déclaré, de son côté, Arnaud Lagesse, Group CEO de IBL Ltd.  Pour sa part, Ghislain Parent, le premier vice-président de la Banque Nationale du Canada, a dit être convaincu  » qu’AFG Holding saura poursuivre avec succès la croissance d’AfrAsia Bank ».  Il convient de noter qu’AFG Holding qui est la holding financière de Atlantic Group de M. Koné Dossongui, est active depuis plus de 40 ans dans le secteur de la Banque et de l’Assurance en Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et récemment dans l’Océan Indien. le vaisseau amiral du holding, Atlantic Group est de son coté, un groupe diversifié opérant dans les secteurs financier (banque et assurance), industriel (cimenterie, agriculture, transformation de cacao et de café) et technologique (télécom et transformation digitale.

Financement du développement : 8,9 milliards de dollars pour le 16e FAD de la BAD

Après une année d’intenses négociations sur fond de perspectives économiques mondiales difficiles, les partenaires au développement du Fonds africain de développement (FAD), qui se sont réunis du 4 au 6 décembre 2022 à Tanger, au Maroc, se sont convenu d’engager une enveloppe totale de 8,9 milliards de dollars pour ses cycles de financement de 2023 à 2025. Il s’agit de la plus importante reconstitution des ressources de l’histoire du Fonds qui est le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et dont la mission consiste à faire bénéficier des dons et des prêts à taux préférentiels aux pays à faible revenu du continent. Cette reconstitution des ressources, à hauteur de 8,9 milliards de dollars, comprend 8,5 milliards de dollars de financement de base du FAD et 429 millions de dollars pour son nouveau Guichet d’action climatique. Selon la BAD, le financement de base du FAD-16 enregistre une augmentation de 14,24 % par rapport aux 7,4 milliards de dollars du FAD-15, ce qui constitue « une franche reconnaissance du Fonds africain de développement et de l’impact de sa réponse aux multiples besoins du continent en matière de développement, notamment la reprise après la pandémie de Covid-19, les effets des changements climatiques, la fragilité, la dette et les vulnérabilités économiques ».

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Au cours de cette très attendue reconstitution du Fonds, l’Algérie et le Maroc ont pour la première fois apporté leur contribution au fonds et ont ainsi rejoint l’Angola, l’Égypte et l’Afrique du Sud sur la liste des pays africains contributeurs. Il faut noter aussi que cette reconstitution est intervenue alors que le Fonds célèbre le 50e anniversaire de sa création en 1972. Selon le groupe de la BAD, le Fonds a un impact significatif et, rien qu’au cours des cinq dernières années, il a contribué à raccorder 15,5 millions de personnes à l’électricité, permis à 74 millions de personnes d’avoir accès à une agriculture améliorée, permis à 42 millions de personnes de bénéficier de services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement et a fait profiter 50 millions de personnes de services de transports améliorés, notamment grâce à la construction et la réhabilitation de 8 700 kilomètres de routes.  Dans cette dynamique, le FAD-16 soutiendra deux priorités opérationnelles et politiques stratégiques : le développement d’infrastructures de qualité durables et résilientes aux changements climatiques et la gouvernance, le renforcement des capacités et la gestion durable de la dette dans les pays bénéficiaires. « Les pays africains à faible revenu sont les plus vulnérables et les moins préparés à faire face aux changements climatiques. Le Guichet d’action climatique et notre engagement à consacrer 40 % du financement de base du FAD-16 au financement climatique contribueront à renforcer la résilience climatique de l’Afrique », a déclaré le Président de la BAD Akinwumi Adesina à l’issue de la réunion de mobilisation du Fonds FAD-16. 

Assurances : Allianz finalise l’acquisition de parts majoritaires dans les activités Non-Vie de Jubilee Insurance en Afrique de l’Est

Le 22 Septembre 2022, la société Allianz, l’un des principaux assureurs et gestionnaires d’actifs dans le monde est devenue l’actionnaire majoritaire de Jubilee Insurance Mauritius Limited avec l’acquisition de  66 % des participations de Jubilee Holdings Limited (JHL) et d’Aga Khan Fund for Economic Development (AKFED) . Il s’agit de la cinquième et dernière acquisition prévue par l’accord signé le 29 septembre 2020 entre Allianz et JHL. Allianz avait  alors accepté d’acquérir à court terme une participation majoritaire dans les activités d’assurances Non-Vie de JHL dans cinq pays d’Afrique de l’Est à savoir le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi et l’Île Maurice. La première acquisition, au Kenya, a été finalisée en  mai 2021, tandis que l’Ouganda a été finalisée en octobre 2021, suivie du Burundi en mars 2022 puis de la Tanzanie en mai 2022. « Nous sommes ravis d’avoir finalisé la dernière transaction de notre accord avec Jubilee, consolidant ainsi la présence d’Allianz en Afrique de l’Est. Nous restons convaincus que la force mondiale d’Allianz combinée à la marque reconnue de Jubilee et à son expertise locale approfondie nous permettront de fournir les meilleures solutions d’assurance de premier plan aux clients d’Afrique de l’Est et d’ailleurs », a déclaré Delphine Traoré, CEO Régional d’Allianz Africa. De son coté, le Président du Groupe Jubilee Holdings, Nizar Juma, a estimé que cette « la nouvelle entité tirera parti des capacités technologiques, de l’expertise mondiale en matière.

Capital-risque: ruée des investisseurs vers les start-up africaines

Les start-up africaines ont  véritablement la cote auprès des investisseurs! Malgré les vents contraires qui ont émaillé cette année 2022, les chiffres des investissements en capital-risque sur le continent témoignent d’une dynamique certaine pour ce segment de plus en plus important de l’écosystème économique et financier africain. Selon les données comptabilisées par l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA), sur les six premiers mois de l’année, près de  3,5 milliards de dollars  d’investissement ont été générés, soit une hausse de 133 % par rapport à la même période un an plus tôt. Le rapport publié fin 29 septembre dernier fait ressortir qu’au total, ce sont 445 investissements qui ont été réalisés dans 300 entreprises .

« L’écosystème africain du capital-risque a montré des tendances haussières malgré l’inflation galopante et un climat macroéconomique défavorable. Alors que le marché mondial du capital-risque a connu d’importantes contractions à divers degrés selon les régions, l’écosystème africain a réalisé sa meilleure performance de tous les temps »,  ont estimé les auteurs du rapport pour qui, « cette performance démontre la profondeur des opportunités ainsi que le potentiel que le continent a à offrir ». C’est aussi, soulignent les mêmes experts, « le résultat d’un effort concerté de gouvernements africains ces dernières années pour entretenir des écosystèmes dynamiques et favorables, permettant l’entrepreneuriat et l’investissement pour prospérer ».

Les perspectives de l’écosystème sont tout aussi prometteur pour le reste de l’année qui va se relever comme l’un des meilleurs crus de ces dernières années pour les start-up africaine qui enregistrent une hausse significative des investissements. Avec des levées plus régulières et des montants plus importants pour accompagner leur  développement  sur le continent africain de manière organique ou par le biais d’acquisitions.  A titre d’exemple, le rapport a mis en avant deux exemples concrets avec la société kenyane de commerce électronique Wasoko, qui a levé 125 millions de dollars pour son expansion en Afrique de l’ouest (Sénégal et Côte d’ivoire), ou la Fintech solaire kenyane M-Kopa, qui a de son côté levé 75 millions de dollars pour développer ses activités au Ghana et au Nigeria.

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Au total, 4,7 milliards de dollars de transactions de démarrage ont été conclus sur le continent au cours de la même période, grâce à une quantité importante de nouveaux capitaux levés par les gestionnaires de fonds en 2021, à un intérêt croissant pour l’écosystème du capital-risque en Afrique et à des tailles d’entrée globalement plus importantes. Comme il ressort en filigrane, c’est l’Afrique de l’ouest, portée par le géant marché nigérian qui vient en tete des investissements levées en terme de volume suivie par l’Afrique de l’Est, qui a enregistré la plus forte croissance du volume des transactions par rapport à l’année précédente. L’Afrique du Nord (20 %), l’Afrique australe (14 %) et l’Afrique centrale (1 %) ferment le rang. Pour ce qui est des secteurs, la finance vient en haut du podium avec les start-up fintech qui ont attiré près de 89% des flux d’investissements loin devant les secteurs de la santé, de l’éducation ou de l’environnement qui ont également le vent en poupe ces derniers temps et dont le potentiel de croissance va certainement renforcer celle du secteur les prochaines années.

Bourse : Orange Côte d’Ivoire fait bouger la BRVM

Le 30 décembre 2022 s’est effectué à Abidjan, la première cotation du titre de l’opérateur de télécommunication Orange Côte d’Ivoire (Orange CI) à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, après la cession de 5% des 14,95 % des parts de l’Etat ivoirien dans l’entreprise. L’opération s’inscrit dans le cadre de l’offre publique de vente d’actions Orange Côte d’Ivoire lancée par le comité de privatisation de l’entreprise en novembre dernier. Une opération qui devrait permettre d’atteindre plusieurs objectifs à la fois dont, entre autres, la promotion du secteur privé, d’encourager l’actionnariat populaire, de procurer des ressources financières à l’Etat et améliorer la gouvernance des sociétés d’Etat. La souscription qui a été prévue du 5 au 19 décembre a été clôturée le 7 décembre soit 72 heures de souscription, avec un prix de cession fixé à 9500 FCFA l’action.

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Au total, un montant de 187 milliards FCFA ont été enregistrés au terme des souscriptions soit un taux de 132%. 94% des souscripteurs sont des investisseurs ivoiriens, selon les explications de la directrice générale de EDC Investment Corporation, chef de file de l’opération, Roseline Abé. Cette entrée à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) a aussi permis de porter à cinq le nombre d’entreprises du secteur de la télécommunication cotées à la BRVM en 2022 et à 35 le nombre de sociétés ivoiriennes cotées sur le marché, a fait noter le directeur général de la BRVM, Dr Edoh Kossi Amenounvé. Pour la première journée de cotation en bourse l’on enregistre un volume de titres échangés de 13470 avec une cour de 10.210, soit une hausse de 7,47% au premier fixing, ce qui a permis d’établir la capitalisation boursière à 1 538,19 milliards de FCFA. Des premiers pas qui augurent de réelles perspectives tant pour le titre que pour le marché régional…

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