Tunisie : la population à l’épreuve des ruptures de denrées alimentaires

Malgré la résilience des entrées de capitaux, l’explosion de la facture d’importation aura mis à mal la balance des paiements. Le déficit du compte courant s’est détérioré de 59 % en 2022, atteignant 12,4 milliards de dinars (soit 8,5 % du PIB par rapport aux 6 % enregistrés en 2021).

La Tunisie dont l’économie s’est embourbée dans une crise financière depuis 2011 subit des pénuries récurrentes de denrées alimentaires. L’impact sanitaire est tangible pour les personnes atteintes de certaines maladies chroniques.

Depuis 2022, les pénuries de certains produits se font de plus en plus sentir dans les rayons de supermarchés en Tunisie. Parmi eux : le blé, le sucre, l’huile de cuisson et les produits laitiers. Les médicaments font également partie de ces pénuries. Même si les pâtes, pain ou encore le couscous sont les plus consommés en Tunisie, le riz – sans gluten – reste un aliment vital pour les 100.000 personnes atteintes de la maladie cœliaque recensés dans le pays. Son absence impacte les personnes atteintes de maladies chroniques. « Vous rentrez à la maison et vous ne trouvez pas la nourriture de base dont vous avez besoin. C’est une situation très difficile« , déplore Derbeli, 18 ans, dans les colonnes de Reuters. Sa mère, Hasna Arfaoui, était obligé de préparer les soirs des pâtes sans gluten mais trop coûteuse. Des coûts très élevés pour Arfaoui, femme de ménage et veuve au chômage avec trois enfants.

A lire aussi : Tunisie : prêt de 268 millions USD de la banque mondiale pour une ligne électrique avec l’Italie, dans un contexte financier tendu

La famille tunisienne a été confrontée à des difficultés dans l’approvisionnement des denrées dont elle a besoin. Des ingrédients de base comme le riz manquent, a-t-elle déclaré.  De son côté, le gouvernement a affirmé que les pénuries n’ont rien à voir avec la crise des finances publiques, les négociations en faveur d’un plan de sauvetage étranger étant au point mort. Selon des agences de notation, l’État tunisien pourrait faire défaut sur sa dette souveraine. Cependant, plusieurs économistes, analystes politiques et l’influant syndicat tunisien rétorquent que le gouvernement retardait ou arrêtait les importations de produits subventionnés pour aider à faire face à un déficit budgétaire de 5 milliards de dollars. Ce malgré les difficultés publiques, Monji ben Hriz, président de l’Association tunisienne de lutte contre la maladie coeliaque, est inquiet quant au fait qu’aucun navire ne devait décharger du riz avant décembre et que les stocks détenus par l’État étaient déjà épuisés. Du riz importé par le secteur privé est disponible, mais à un prix exorbitant, difficile à acheter pour de nombreux Tunisiens « Les gens rencontrent aujourd’hui de réelles difficultés pour s’approvisionner en riz et certains ont modifié leur régime alimentaire pour cette raison, mettant leur santé en danger », s’est-il plaint.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici