L’industrie de l’intelligence artificielle (IA) représente un levier de transformation majeur pour l’Afrique. Bien que le continent soit face à des défis d’infrastructure, l’IA permettrait de « sauter des étapes » technologiques, faire le fameux leapfrogging, pour répondre à des problématiques locales urgentes.
L’IA pourrait ajouter jusqu’à 1 500 milliards de dollars au PIB de l’Afrique d’ici 2030 si le continent parvient à capter seulement 10 % du marché mondial de l’IA. Il y a en effet un certain nombre de secteurs principaux où l’IA pourrait avoir l’impact le plus significatif. Au préalable, l’Afrique devra relever trois défis majeurs, à savoir la souveraineté des données, un accès à une électricité stable et à une connexion internet haut débit mais aussi à une IA frugale.
Pour asseoir une souveraineté des données, il faudra que les Etats africains évitent que les données africaines ne soient exploitées uniquement par des géants technologiques étrangers sans retour local. Quant à une IA frugale, elle requiert de développer des modèles moins gourmands en énergie et en puissance de calcul, adaptés aux réalités techniques du continent.
Principaux secteurs bénéficiaires
Dans le secteur primaire, qui emploie plus de 60 % de la population active africaine, l’IA pourrait aider à une agriculture de précision. La résultante serait de transformer ce secteur de la subsistance vers la productivité, avec une optimisation des récoltes, une meilleure gestion des ressources et des prévisions climatiques plus précises. Il est avéré qu’en Agritech, des capteurs intelligents et l’imagerie satellite analysent la santé des sols et prédisent les rendements. Aujourd’hui des algorithmes optimisent l’irrigation et l’usage des engrais, réduisant les coûts pour les petits exploitants. Par ailleurs, l’IA permet d’anticiper les sécheresses ou les invasions de nuisibles et autres adventices (comme les criquets), protégeant ainsi la sécurité alimentaire.
Dans le domaine de la santé et du diagnostic médical, les régions où le nombre de médecins par habitant est faible, l’IA comble des lacunes critiques, permettant des diagnostics à distance, avec une précision de niveau expert, la gestion des épidémies (modélisant et anticipant la propagation de maladies infectieuses), une optimisation des chaînes d’approvisionnement pour éviter les ruptures de stock de vaccins et de médicaments essentiels (HealthTech).
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Concernant la Fintech, l’industrie de l’IA est promotrice de l’inclusion financière. Elle est capable de révolutionner l’accès aux services bancaires pour les populations non bancarisées. Aux scores de crédit alternatif, s’ajoute la lutte contre la fraude. A ceux qui n’ont pas d’historique bancaire, l’IA analyse l’activité sur téléphone mobile pour évaluer la solvabilité et accorder des micro-prêts. En outre, elle permet la sécurisation des transactions mobiles, pilier de l’économie numérique dans des pays, tel que le Kenya ou le Nigeria.
Avec des plateformes qui réalisent des traductions automatiques, l’IA aide à surmonter les barrières linguistiques et éducatives. Des tuteurs intelligents s’adaptent au rythme de chaque élève, particulièrement utile dans les classes surchargées. Fort utile dans l’apprentissage personnalisé, une telle industrie concourt à la préservation des langues. L’IA permet d’intégrer les langues africaines (Swahili, Wolof, Amharique, etc.) dans les outils numériques, facilitant l’accès aux services publics et à l’information pour tous.














