Le gouvernement du Niger vient d’adopter son projet de loi de finances pour l’exercice budgétaire 2023 qui s’équilibre en recettes et en dépenses à un montant de 3 245,44 milliards de francs CFA, soit 4,9 milliards de dollars, en hausse de près de 12% par rapport à l’exercice précédent. Malgré une conjoncture assez difficile sur le plan alimentaire et sécuritaire, le pays surfe sur des perspectives favorables portées par des prévisions optimistes du redressement de la production agricole ainsi que de l’accélération de la mise en œuvre de grands projets d’investissement notamment dans le secteur pétrolier.
Le projet de loi des finances pour l’année budgétaire 2023 a été adopté à l’issue d’un Conseil des ministres présidé par le Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, et s’inscrit conformément aux grandes orientations exposées par le ministre des Finances, Dr Ahmed Jidoud, il y a quelques semaines devant le Parlement où le texte sera soumis à nouveau pour examen et adoption lors de la session budgétaire qui s’ouvrira début octobre prochain. Ainsi, pour l’année prochaine, le budget s’équilibre en recettes et en dépenses à un montant de 3 245,44 milliards de francs CFA contre 2 908,59 milliards de FCFA en 2022, soit une hausse de 11,58%. C’est pour la première fois de l’histoire du pays que le budget dépasse la barre des 3000 milliards de francs CFA, une hausse qui pourrait s’expliquer en grande partie en rapport avec les perspectives prometteuses de la croissance du Niger qui devrait rebondir en 2022 et 2023 après un net ralentissement en 2021. C’est ce qu’anticipe le FMI comme indiqué dans sa dernière note de conjoncture sur les perspectives macroéconomiques du pays.
Après le net ralentissement qui l’a ramenée à 1,3 % en 2021, sous l’effet des conséquences néfastes de chocs climatiques et de l’insécurité sur le secteur agricole, la croissance devrait repartir à la hausse pour atteindre 6,9 % en 2022, à la faveur du redressement de la production agricole et de l’accélération de la mise en œuvre de grands projets d’investissement liés à l’oléoduc destiné à l’exportation du pétrole brut qui doit relier le Niger au Bénin, a déclaré, en juin dernier, Mme Antoinette Sayeh, directrice générale adjointe et présidente par intérim du Fonds.
Et ce, à l’issue de l’achèvement par le Conseil d’administration du Fonds de la première revue de l’accord triennal 2021-2024 en faveur du Niger au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). Toutefois, et selon ce qu’avait déjà estimé M. Antonio David, le chef de mission des services du FMI qui s’est rendue au Niger dans le même cadre, malgré ces perspectives économiques à court et moyen termes globalement favorables, « des risques baissiers pèsent en raison de la volatilité des prix des produits de base dont les denrées alimentaires, de la vulnérabilité aux chocs climatiques et de l’insécurité ».
Perspectives favorables malgré la persistance des défis et des chocs
Le Niger fait, en effet, face à une crise alimentaire aiguë cette année avec environ 4,4 millions de personnes qui devraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire pendant la période de soudure. En outre, relève-ton, « l’insécurité au Sahel et l’instabilité politique dans les pays voisins, ainsi que l’incertitude des conditions climatiques, continuent de faire peser des risques sur les perspectives économiques du Niger ». Des difficultés que la persistance de la guerre en Ukraine pourrait aussi aggraver en accentuant les pressions à la hausse sur les prix des denrées alimentaires au niveau mondial et au niveau local. Selon le gouvernement nigérien, le budget pour le prochain exercice a été élaboré en tenant compte de ce contexte national et international et surtout des défis structurels qui restent persistants sur le plan du développement humain. En 2023, les prévisions de croissance sont projetées à 5,2% du PIB en raison notamment de la hausse attendue de la production agricole et surtout de l’accélération des investissements notamment dans le secteur pétrolier. La construction en cours du pipeline Niger-Bénin, d’une longueur de 1.982 kms pour un investissement de 2.400 milliards de francs CFA – environ 4,5 milliards de dollars US – devrait permettre au pays de porter sa production d’or noir de 20.000 actuellement à 100.000 barils de brut par jour à sa mise en service attendue fin 2023. A la clé, une hausse substantielle des investissements et surtout des recettes d’exportations. Une embellie sur laquelle le Président Bazoum Mohamed, arrivé au pouvoir en avril 2021, compte pour répondre aux multiples attentes socioéconomiques des citoyens de ce pays parmi les plus pauvres de la planète.