Au moment où, environ 60% des pays les plus pauvres du monde sont déjà surendettés ou fortement menacés de le devenir, leur dette publique avoisinant 70% de leur PIB, la filière de la gestion des déchets, à fort potentiel, tant sur le plan économique qu’environnemental, passe pour une panacée.
L’ONG Greenpeace déplorait que chaque année, l’humanité génère 300 millions de déchets plastiques ! Quant à l’organisation des Nations Unies, via leur site UN News, elle attirait l’attention sur le fait que les e-déchets augmentaient 5 fois plus vite que leur recyclage, soutenant que moins du quart des 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été recyclés en 2022… D’aucuns ont parlé alors d’e-gâchis. Pourtant, il existe de multiples opportunités dans la filière de la gestion des déchets, tant pour les acteurs traditionnels que pour les nouveaux entrants. D’abord par la collecte et le tri, il est possible d’atteindre une optimisation des circuits de collecte, le développement du tri sélectif et intelligent, ainsi que la mise en place de solutions de collecte individualisée. Ensuite la valorisation passe par le développement de nouvelles filières de recyclage et de valorisation des déchets, notamment pour les plastiques, les déchets électroniques et organiques.
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En termes de traitement,les innovations dans les techniques de traitement des déchets non valorisables, comme l’incinération propre et la méthanisation, apportent une forte valeur ajoutée. Actuellement, il est utile d’intégrer la notion de « déchet minimal », dès la conception des produits pour réduire leur impact environnemental en fin de vie, donc ce concept d’Eco-conception. Une autre opportunité est à trouver dans les services numériques. A travers le développement de solutions digitales pour la gestion des déchets, comme les plateformes de mise en relation entre producteurs et valorisateurs, ou les outils de suivi de la performance environnementale, la gestion des déchets ouvrent plusieurs niches.
Des défis à relever, des réussites à adapter
Cependant pour profiter à nos pays en développement, dont certains se démènent avec un endettement qui s’aggrave, la filière de la gestion des déchets doit encore relever plusieurs défis. L’accent doit être mis sur l’éducation et la sensibilisation du public pour encourager le tri et la réduction des déchets à la source. Pour réussir, une telle filière, il est aussi nécessaire d’assurer des infrastructures adéquates pour la collecte, le traitement et la valorisation des déchets- un certain nombre de startups mettent sur le marché des produits et services dans ce sens qui ne demandent qu’à être commercialisés. En autre enjeu et non des moindres a trait à la mise en place de réglementations et d’incitations pour favoriser l’adoption de pratiques durables. Pour réussir le pari, il existe des success-stories à travers le monde qui démontrent le potentiel de la gestion des déchets. En effet, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suède ont mis en place des systèmes de gestion des déchets performants qui combinent une collecte efficace, un tri rigoureux et une valorisation maximale des déchets. Nous croyons qu’une telle filière peut permettre à de nombreux pays africains à se consacrer davantage à la satisfaction des besoins essentiels des populations, à savoir la santé, l’éducation, plutôt qu’au service de la dette…
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