Chronique : Sénégal – le président sortant, clerc de Macron ?

Recevoir toutes ces indemnités d’un pays, puis aller servir un autre Etat, est-ce légal ? Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye ne doit-il pas abroger une telle disposition ? N’y-a-t-il pas conflits d’intérêts quelque part ? Doit-on rappeler que les Etats n’ont pas d‘amis, mais que des intérêts ? (Crédit : DR).

En novembre 2023, alors que son second mandat à la tête du Sénégal touchait à sa fin, Macky Sall (62 ans) a été nommé Envoyé spécial et président du Comité de Suivi du 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la planète), par le président français Emmanuel Macron (47 ans). Bénéficiaire d’un parachute doré qu’il s’est taillé, avant son départ du pouvoir, se pose la légalité de ses émoluments du Sénégal, PPTE.  

Depuis le 02 avril, Macky Sall, qui a été porté à la magistrature suprême du Sénégal, pendant 12 ans, soit 2 mandats de, respectivement, 7 et 5 ans, de 2012 à 2024, est l’employé du président de la France, Emmanuel Macron. Celui-ci l’a nommé, après le dernier Sommet de Paris pour un Nouveau Pacte Financier, au mois de juin 2023, Envoyé Spécial du 4P (Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète) et président du Comité de Suivi. Juste avant son départ, les services de Communication de la Présidence de la République du Sénégal ont confirmé qu’il rentrerait en fonction dès la fin de son mandat, le 02 avril 2024. Cherchez l’erreur ?! Comment se fait-il qu’un des plus grands commis de l’Etat du Sénégal, qui a occupé tous les postes de responsabilités, allant de Directeur de PETROSEN à Chef de l’Etat, chef suprême des armées, en passant par Ministres de plusieurs Départements, dont celui régalien de l’Intérieur, par Président de l’Assemblée nationale, soit aujourd’hui simple employé du président actuel de la France ? En dépit de sa maîtrise des codes secrets, des points vitaux et névralgiques du Sénégal, Macky Sall, qui a signé, lui-même, le décret 2013-125 du 17 janvier 2023 qui garantit aux anciens présidents du Sénégal en vie une généreuse pension, une maison de fonction meublé ou une indemnité compensatrice de 4,5 millions f CFA (7 250 €), un salaire mensuel (5 millions f CFA, soit 7 500 €), du personnel affecté à leur service (jusqu’à 4, rémunérés de façon analogue au personnel affectés dans les postes diplomatiques et consulaires du Sénégal), une assurance maladie pour eux et leur femme, et une série d’avantages (2 véhicules, un téléphone fixe, prise en charge à hauteur de 40 millions f CFA par an ou 60 000 € de billets d’avion…) jusqu’à leur mort, doit-il être au service de la France ? Un décret, taillé sur mesure pour Macky Sall qui a opté de vivre dans une demeure cossue de Marrakech au Maroc… Il coûterait au Sénégal, au bas mot 120 millions f CFA par an (1,8 million €), un PMA (Pays Moins Avancé) et de surcroît PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) !

Une question de légalité et de délit d’initiés

Recevoir toutes ces indemnités d’un pays, puis aller servir un autre Etat, est-ce légal ? Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye ne doit-il pas abroger une telle disposition ? N’y-a-t-il pas conflits d’intérêts quelque part ? Doit-on rappeler que les Etats n’ont pas d‘amis, mais que des intérêts ? A l’heure où la Banque de France et les chambres fortes de l’Hexagone débordent de stocks d’or et de devises fortes, quand le reniement du fCFA (franc de la Communauté Financière d’Afrique) se fait de plus en plus pressant pour une souveraineté monétaire loin de toute servitude, la France pose un regard de Chimène sur Macky Sall. En revisitant les 4 principes directeurs du 4P, à savoir « Aucun pays ne devrait avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la préservation de la planète », « Chaque pays adopte une stratégie qui lui est propre en matière de transition, tenant compte de ses besoins et de ses contraintes pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Nous renforcerons nos partenariats afin d’accompagner ces trajectoires nationales. Nous avons besoin d’une impulsion financière et plus de ressources pour aider les économies vulnérables à sortir à sortir leur population de la pauvreté, tout en protégeant la planète », « Le système financier international doit être plus performant : le rôle des capitaux privé est la clé. Notre aptitude à relever les défis mondiaux dépendra fondamentalement de l’augmentation des capitaux privés pour transformer les économies émergentes et en développement, parvenir à un monde à zéro émission nette et respectueux de l’environnement et réduire les inégalités plus efficacement « , on se rend compte que ce ne sera certainement pas le début d’une philanthropie à grande échelle d’investisseurs privés.

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Comment ne pas demeurer sceptiques, face à ceux qui ont déjà piloté les essais nucléaires dans le désert algérien puis à Mururoa, ont fusillé les tirailleurs sénégalais réclamant leur pension, à Thiaroye en 1944, au retour d’une guerre qui ne les concernait pas directement, et qui perpétuent l’exploitation de matières premières sans encourager une transformation à valeur ajoutée sur place… ? Un plan Marshall, à l’instar de l’original, après la Seconde Guerre mondiale, ou celui actuellement alloué à l’Ukraine dans son conflit contre la Russie, aurait été plus adéquat. J’ajoute pour conclure que, dans la liste des 63 soutiens, figurent les drapeaux du Sénégal et du Niger -le resteront-ils longtemps d’ailleurs ? – mais ceux du Burkina Faso, du Mali, de la Chine, des Etats Unis, du Royaume Uni, d’Italie, pour ne citer que ceux-là, sont absents.     

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