Chronique- Logistique moderne et transport multimodal, deux mamelles du développement

La logistique moderne et le transport multimodal sont des piliers fondamentaux pour le développement économique de l’Afrique. Le continent, riche en ressources et en potentiel de croissance, est freiné par des infrastructures souvent insuffisantes et des chaînes d’approvisionnement fragmentées.

Le potentiel de notre continent est immense. Toutefois, l’Afrique est confrontée à des défis logistiques importants, tels que des infrastructures inadéquates, des cadres réglementaires et douaniers complexes, des marchés fragmentés, un manque d’adoption technologique ou encore un accès limité au financement.

Le manque d’autoroutes, de routes goudronnées, de réseaux ferroviaires modernes (à écartement standard), de ports efficaces et de capacités aéroportuaires, reste un frein majeur. Il s’y ajoute une diversité des réglementations, de procédures douanières lentes et de problèmes de corruption qui augmentent les coûts et les délais. La multiplicité des pays et des règles rend les opérations transfrontalières difficiles.

A ces entraves, viennent se greffer le faible recours aux solutions numériques (IA, blockchain, IoT, systèmes de suivi en temps réel), et une difficulté d’obtenir des investissements massifs nécessaires pour les infrastructures logistiques. Tout cela constitue une entrave à l’optimisation des échanges commerciaux.

Logistique moderne, une nécessité

Une logistique efficace est bien plus que le simple déplacement de marchandises. Elle englobe la gestion de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, de l’approvisionnement en matières premières à la livraison au consommateur final. En Afrique, une logistique moderne peut réduire les coûts et augmenter la compétitivité.Des processus logistiques optimisés permettent de minimiser les délais, de réduire les pertes et d’abaisser les coûts de transport et de stockage. Cela rend les produits africains plus compétitifs sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux, et attire les investissements étrangers.

Une logistique moderne est aussi à même de stimuler le commerce intra-africain et international. En facilitant la circulation des biens entre les pays africains et avec le reste du monde, une logistique améliorée peut donner un sacré coup de pouce significatif à la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), favorisant ainsi l’intégration régionale et les échanges commerciaux.

Le développement du secteur logistique (transport, entreposage, gestion de la chaîne d’approvisionnement) génère de nombreux emplois, contribuant à la croissance économique et au développement social. Outre cette capacité de création d’emplois, une logistique efficace permet d’acheminer plus facilement les produits vers les consommateurs, même dans les zones reculées. Cela est particulièrement important pour l’accès aux biens essentiels comme les denrées alimentaires, les médicaments et le matériel éducatif.

Une meilleure gestion de la chaîne d’approvisionnement, notamment grâce à des infrastructures de chaîne du froid efficaces, peut réduire les pertes post-récolte et garantir la qualité des produits agricoles, renforçant ainsi la réputation des produits africains.

Catalyseur de l’industrialisation, ce volet, qui favorise des chaînes d’approvisionnement fiables pour l’approvisionnement en matières premières et la distribution des produits finis, va soutenir le développement industriel du continent.

Last but not least,une logistique modernisée et « verte » peut réduire l’empreinte carbone en optimisant les itinéraires, en utilisant des modes de transport plus écologiques (comme le rail ou les véhicules électriques) et en réduisant les embouteillages.

Les atouts du transport multimodal

Le transport multimodal implique l’utilisation de plusieurs modes de transport (route, rail, maritime, aérien, fluvial) pour acheminer des marchandises, sous un contrat unique et avec une seule entité responsable. Pour l’Afrique, il offre des avantages considérables.

En termes d’optimisation des coûts et des délais, le multimodal permet de choisir le mode de transport le plus approprié et le plus rentable pour chaque étape du voyage. Par exemple, le transport maritime est souvent le moins cher pour les longues distances, tandis que le transport routier est nécessaire pour le « dernier kilomètre ». Combiner ces modes permet des économies substantielles et une efficacité accrue.

Relativement à la fluidité du trafic et la préservation de l’environnement, il permet une réduction de la congestion routière et de la pollution : En déplaçant une partie du fret de la route vers le rail ou le transport fluvial (là où c’est possible), le transport multimodal contribue à désengorger les axes routiers et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

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Le recours à des conteneurs standardisés et à un suivi centralisé réduit les risques de vol, de dommages et de pertes de marchandises, d’où une amélioration de la sécurité des marchandises.

Sur un autre aspect, le transport multimodal permet de relier les régions enclavées aux grands ports et aux marchés, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités économiques. Il accroît ainsi l’accessibilité et la connectivité.  

C’est par ailleurs un gage d’une simplification des procédures. Avec un contrat unique et un point de contact unique pour l’ensemble du processus de transport, la complexité administrative et les lourdeurs bureaucratiques, souvent problématiques aux frontières africaines, sont réduites.

Un autre atout et non des moindres a trait au fait qu’en offrant des alternatives de transport, le multimodal rend les chaînes d’approvisionnement moins vulnérables aux perturbations (catastrophes naturelles, conflits, pannes d’un mode de transport).

A mon avis, la création de centres logistiques interconnectés (Hubs), avec des ports secs, peut rationaliser les flux de marchandises. En investissant massivement dans la logistique moderne et le transport multimodal, le développement économique durable et l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale seront effectifs. Dans cette démarche, il ne faudra pas faire l’économie d’une harmonisation réglementaire et d’une adoption technologique.