Soumis à une forte pression financière, Accra s’est résigné à solliciter l’aide du FMI. La crise sanitaire du COVID-19 suivie de la guerre en Ukraine ont plombé l’économie ghanéenne caractérisée par une inflation record. Un coup dur pour Nana Akufo-Addo qui avait promis de se passer des institutions de Bretton Woods.
Le Ghana connaît sa pire inflation en deux décennies, qui a atteint 28% en glissement annuel au cours du mois de mai 2022, selon les chiffres de l’agence nationale des statistiques. En conséquence, les manifestations contre la vie chère se sont multipliées dans la capitale Accra. Le parlement sans majorité s’est joint à la contestation populaire. L’hémicycle a bloqué les réformes entreprises par le président Nana-Akufo Addo pour sortir de cette impasse, le poussant à faire à faire appel à l’aide financière du FMI. Début juillet, Kojo Oppong Nkrumah, ministre de l’Information du pays a annoncé que le président Ghanéen a autorisé son homologue des Finances Ken Ofori-Atta à entamer des engagements formels avec le FMI pour un prêt.
Une économie laminée par le COVID-19 et la crise Ukrainienne
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par le chef de division Carlo Sdralevich s’est rendue à Accra du 6 au 13 juillet 2022 pour évaluer la situation économique actuelle. Les experts du FMI se sont également penchés sur les grandes lignes du programme national renforcé du gouvernement qui pourrait être soutenu par un accord de prêt. Les analystes de l’institution de Bretton Wood ont estimé que le choc économique mondial causé par la guerre en Ukraine a frappé le Ghana à un moment où le pays se remettait encore du choc de la pandémie de Covid-19 et avec une marge de manœuvre limitée. Ces circonstances défavorables ont contribué au ralentissement de la croissance économique, à l’accumulation de factures impayées, à la forte dépréciation du taux de change et à l’inflation.
« Le Ghana est confronté à une situation économique et sociale difficile dans un environnement mondial de plus en plus difficile. La situation budgétaire et de la dette s’est gravement détériorée à la suite de la pandémie de COVID-19. Dans le même temps, les inquiétudes des investisseurs ont entraîné des dégradations de la cote de crédit, des sorties de capitaux, la perte de l’accès aux marchés extérieurs et une augmentation des coûts d’emprunt intérieurs, a déclaré Sdralevich à la fin de sa mission au Ghana.
Les denrées de première nécessité ont connu une hausse de 30% pour le pays ouest-africain qui importe 20% de ses besoins céréaliers de la Russie. Producteur de pétrole, le Ghana est un importateur de brut dont les prix ont frôlé les 120 dollars le baril à la fin du premier trimestre 2022 plombant davantage le budget de l’Etat. L’effet est immédiat sur le coût du transport qui a connu une hausse de 39%. Les prix du logement ont grimpé de 32,3%. Ce tableau éloigne davantage le Ghana des objectifs fixé par Akufo-Addo à son accession au pouvoir en 2017. A travers son slogan, « Ghana Beyond Aid », le Ghana au-delà de l’aide, le président avait promis une émergence économique rapide. Cette conjoncture sombre ne doit pas occulter le potentiel ghanéen. Deuxième producteur mondial de cacao et grand producteur de pétrole, le Ghana est l’une des rares démocraties africaines ayant connu plusieurs alternances politiques, soutenues par l’une des meilleures croissances économiques mondiales au cours de ces dernières décennies.