En ce début 2023, année annoncée difficile, l’Afrique au Sud du Sahara suscite des espoirs, tablant sur une croissance de 3,7%, selon le FMI. Des experts estiment que sa population va doubler entre 2022 et 2050. Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des Etats Unis, s’y rend pour une visite de deux semaines, qui coïncide avec le Forum économique de Davos et une autre tournée de Qin Gang, ministre chinois des Affaires étrangères.
Le continent africain prend-t-il, à sa juste mesure, l’importance du paramètre qu’il est dans l’équation de la croissance mondiale dans les années à venir ? Si oui, peut-on se demander comment ses dirigeants gèrent-ils leurs agendas pour renforcer le dynamisme économique africain, être un moteur essentiel de la croissance et répondre présents dans 10 ou 20 ans, au sein du concert des nations ? Convoitée, pour renforcer ses liens commerciaux et bénéficier de flux d’investissements de pays riches de la planète, l’Afrique gagnerait à tirer son épingle du jeu. Cela passerait par réussir son intégration pour atteindre une taille critique et être capable de pénétrer des marchés gigantesques en Asie et en Amérique.
L’accent sur un développement inclusif
Janet Yellen, Secrétaire au Trésor des Etats Unis, va y passer 2 semaines, du 17 au 28 janvier, annonçant une visite au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud. Au menu, plus d’échanges dans les secteurs de l’énergie, des investissements dans les infrastructures, de la sécurité alimentaire, de la dette. Comme par hasard, au même moment, Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, sera présente sur le continent. Ce n’est pas tout. Le chef de la Diplomatie chinoise, Qin Gang, effectuera à la même période une tournée… Ces agendas, qui empiètent les uns sur les autres, ne sauraient être le seul fait d’un hasard. Le continent connaît une classe moyenne en pleine expansion. Parallèlement, face au parc automobile croissant, les besoins en investissements structurants ne manquent pas.
Tous ces responsables, en tournée africaine prévoient des rencontres avec les autorités gouvernementales et le patronat, voire la société civile pour accroître leur influence et s’octroyer un maximum de marchés. La coopération chinoise ne cesse de se développer sur le continent. Les Etats Unis, par la voix de son président Joe Biden, viennent d’annoncer, après le récent Sommet USA-Afrique, quelque 55 milliards de dollars d’accords commerciaux sur les 3 prochaines années. Courant 2023, le président Biden, Kamala Harris, Secrétaire d’Etat, SE Katherina Tai, Ambassadrice Représentante du Commerce, Gina Raimondo, Secrétaire du Commerce, et Wally Adeyemo, Adjoint de Janet Yellen et d’origine nigériane, ont tous programmé de se rendre en Afrique.
Les bonnes stratégies
Avoir du répondant, serait de mettre en place des stratégies permettant une transformation des ressources dans des zones industrielles aménagées, de hisser la qualité des biens et services, de massifier l’offre, via la création de consortia d’entreprises, voire d’une intégration sous-régionale ou régionale, sans omettre d’organiser le patronat. Des conduites et méthodes qui peuvent être soutenues par tous ces « amis » de l’Afrique. De toutes les façons l’Afrique devra faire des choix. Le Sommet Economique de Davos du 16 au 20 janvier fait son retour après 2 ans. Il est attendu une affluence record de milliardaires du monde entier, auxquels vont s’ajouter une cinquantaine de chefs d’Etats et de gouvernements, pour une action collective et globale au profit d’un monde, arrivé à un point critique d’inflexion. D’aucuns évoquent la récession, sur fond de crise ukrainienne. Les dernières pandémies de virus à Covid-19 ou Ebola ont fini par gommer les distances et autres dichotomies entre pays riches et pauvres.
Au-delà de faire l’état des lieux, le Forum de Davos va tabler sur les priorités de 2023, notamment aider à trouver des solutions face aux crises alimentaire et sécuritaire, à la détérioration de l’environnement en prônant un peu plus la décarbonisation des économies, au digital, à la cybersécurité, à l’accentuation de la surveillance mondiale des agents pathogènes. L’Afrique ne doit pas se permettre de rater un tel rendez-vous. Mieux, elle doit y avoir voix au chapitre.