Chronique : Aéronautique, un juteux filon en Afrique ?

L’industrie aéronautique mondiale pèse des milliards de dollars et contribue de manière significative à l'économie. Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), l'aviation commerciale soutient directement ou indirectement environ 65,5 millions d'emplois dans le monde et contribue à plus de 2,7 milliards $ au PIB mondial, soit environ 3,6 %. (Crédit : Dr).

S’il y a un secteur où les marges peuvent être importantes en Afrique, c’est bien celui de l’aéronautique. A l’image du reste du monde, il joue un rôle significatif dans l’économie. Néanmoins, vu la profondeur de la filière qui va de la fabrication d’aéronefs (avions commerciaux, avions militaires, hélicoptères, etc.), aux bureaux d’études, en passant par la fourniture de services de maintenance et de réparation, ainsi que les activités liées aux services aéroportuaires et à la gestion du trafic aérien. Il est nécessaire de l’accompagner, de le soutenir et d’apprêter son cadre.

L’industrie aéronautique mondiale pèse des milliards de dollars et contribue de manière significative à l’économie. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), l’aviation commerciale soutient directement ou indirectement environ 65,5 millions d’emplois dans le monde et contribue à plus de 2,7 milliards $ au PIB mondial, soit environ 3,6 %. Quant au transport de passagers, via l’aviation commerciale l’IATA l’estimait, en 2019, à environ 4,5 milliards de passagers. Excepté les années Covid, ce nombre a été en constante augmentation. Depuis l’après Covid d’ailleurs, il est reparti de plus belle. Le constat, fait sur des applications mobiles, telles que FlightRadar, révèle que notre continent accuse un sacré retard. Cette configuration reflète l’implantation des grandes compagnies aériennes et constructeurs d’aéronefs qui jouent un rôle majeur dans l’industrie aéronautique. Des sociétés, telles qu’Airbus, Boeing, Lockheed Martin, Embraer, Bombardier et bien d’autres sont des acteurs clés dans la fabrication d’aéronefs et génèrent des revenus importants. Aucun de ces constructeurs n’est africain. En termes de compagnies aériennes, certaines du continent arrivent à tirer leur épingle du jeu, faisant du point à point, étoffant leur flotte, mais restent très en deçà de mastodontes, telles qu’American Airlines Group (États-Unis), Delta Air Lines (États-Unis), United Airlines (États-Unis), Lufthansa Group (Allemagne), Air France-KLM (France), International Airlines Group (IAG) – comprenant British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling, etc. (Royaume-Uni/Espagne/Irlande), China Southern Airlines (Chine), Southwest Airlines (États-Unis), China Eastern Airlines (Chine), Emirates (Émirats arabes unis) – classées selon leur chiffre d’affaires 2021, par l’IATA.

Forte valeur ajoutée et catalyseur d’innovation technologique

Hautement technologique, l’industrie aéronautique est un moteur d’innovation. Les progrès dans la conception aérodynamique, les matériaux composites, les moteurs plus efficaces, les systèmes de contrôle de vol avancés, l’électronique embarquée, l’avionique et bien d’autres domaines ont permis d’améliorer la sécurité, la performance et l’efficacité des avions. Depuis les succès de Solar Impulse, des études sérieuses sont faites pour quitter le moteur thermique et privilégier le solaire et l’hydrogène… Dans un premier temps, les pays africains qui optent pour implanter des aéropoles (Plug & Play), forment leur jeunesse aux métiers afférents, peuvent tirer profit des chaînes d’approvisionnement.  L’industrie aéronautique repose en effet sur une vaste chaîne d’approvisionnement mondiale. Des milliers de fournisseurs et de sous-traitants dans différents pays contribuent à la fabrication des composants et des systèmes nécessaires à la construction d’aéronefs. Cette chaîne d’approvisionnement crée des emplois et stimule l’activité économique dans de nombreuses régions.  Les Etats africains plus ambitieux peuvent réussir la migration allant de la sous-traitance au produit fini (aéronef, semi-conducteur, câblage, moteur vert, batteries…)

Plus que des fonds d’amorçage

L’accompagnement du numérique et de l’innovation dans l’aéronautique est crucial pour l’industrie aérospatiale. Les progrès technologiques rapides dans le domaine numérique offrent de nombreuses opportunités pour améliorer l’efficacité, la sécurité et les performances globales des avions et des opérations aériennes. Les pays africains qui comptent miser sur le secteur gagneraient à y injecter des fonds conséquents. Certes, il faudra des fonds d’amorçage pour mettre le pied à l’étrier de startups innovantes, mais dans ce secteur très capitalistique, des capitaux plus importants, apportés en financements innovants seraient une condition sine qua non.  Jugez vous-mêmes, dans le domaine du numérique, plusieurs domaines d’application se démarquent. Les outils de conception et de modélisation assistés par ordinateur permettent aux ingénieurs de développer et de tester virtuellement des aéronefs et leurs composants. Cela réduit les coûts et les délais de développement, tout en améliorant la précision et la qualité des conceptions. Quant à la fabrication additive ((impression 3D) elle permet de créer des pièces complexes et légères directement à partir de modèles numériques. Cela offre des avantages en termes de poids, de résistance et de flexibilité de conception, ainsi que la possibilité de produire des pièces de rechange rapidement et localement.

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L’utilisation de capteurs et de l’Internet des objets (IoT) permet de collecter des données en temps réel sur les performances et l’état des aéronefs. On parle alors de maintenance prédictive. Ces données peuvent être analysées pour détecter les anomalies, prévoir les pannes et planifier la maintenance de manière proactive, réduisant ainsi les temps d’immobilisation des avions. Aujourd’hui, les technologies numériques ont permis le développement de cockpits plus avancés avec des écrans multifonctions, des commandes électroniques et des systèmes d’assistance au pilotage. Last but not least, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique jouent un rôle croissant dans l’aéronautique. Ils sont utilisés pour l’optimisation des trajectoires de vol, la gestion du trafic aérien, l’analyse des données de vol, la détection des fraudes et la sécurité des systèmes.

S’impliquer

Pour soutenir toutes ces initiatives, de nombreuses organisations, notamment les constructeurs aéronautiques, les fournisseurs de technologie et les universités, doivent travailler en étroite collaboration pour promouvoir la recherche et le développement (R&D) dans le domaine de l’aéronautique numérique. Les gouvernements et les organismes de réglementation gagneraient à s’impliquer pour garantir la sécurité et la conformité réglementaire de ces nouvelles technologies. En somme, l’accompagnement du numérique et de l’innovation dans l’aéronautique permet, non seulement de repousser les limites de l’efficacité, de la sécurité et de la durabilité dans cette industrie cruciale, mais aussi de permettre à l’Afrique de combler son retard. Ces avancées continueront à façonner l’avenir de l’aéronautique en proposant des aéronefs plus performants, des opérations plus efficaces et une expérience de vol améliorée pour les passagers et l’équipage. Cette image d’aéroports internationaux de grandes villes africaines, avec juste un ou deux avions sur le tarmac, serait ainsi aux oubliettes.

Article publié le 19 juin 2023

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