Agriculture : OCP, le géant marocain du phosphate prévoit d’ouvrir une usine d’ammoniac vert de 7 milliards de dollars

A plus long terme, l'OCP envisage de renforcer sa chaîne d'approvisionnement domestique, notamment en construisant une usine à Tarfaya, dans le sud du Maroc. D'ici 2026, l'usine devrait produire 200 000 tonnes d'ammoniac par an, passant à 1 million de tonnes d'ici 2027 et 3 millions de tonnes d'ici 2032.

L’Office Chérifienne des phosphates (OCP) du Maroc a annoncé des investissements de 7 milliards de dollars dans une usine d’ammoniac utilisant de l’hydrogène vert, produit à partir de carburant renouvelable, selon les informations relayées par Reuters le 20 juin. OCP, l’une des plus grandes sociétés de phosphates et d’engrais au monde cherche à augmenter sa production et à atteindre ses objectifs de faible émission de carbone, dans un contexte de hausse des prix soutenus par le conflit Russo-ukrainienne.

L’OCP du Maroc prévoit de construire une usine d’ammoniac vert de 7 milliards de dollars pour prévenir des difficultés d’approvisionnement. L’entreprise publique OCP est l’un des plus gros importateurs d’ammoniac, dépensant 2 milliards de dollars pour la matière première l’année dernière alors que la guerre en Ukraine faisait grimper les prix mondiaux. L’impact de la guerre sur les approvisionnements a également accru l’importance mondiale d’OCP et son orientation vers les énergies renouvelables. C’est un élément important d’une stratégie industrielle marocaine visant à réduire les importations d’énergie. Pour compenser ses difficultés d’approvisionnement, l’OCP a conclu un accord pour acheter de l’ammoniac d’Amérique du Nord cette année, a-t-il déclaré dans les colonnes de Reuters. A plus long terme, il envisage de renforcer sa chaîne d’approvisionnement domestique, notamment en construisant une usine à Tarfaya, dans le sud du Maroc. D’ici 2026, l’usine devrait produire 200 000 tonnes d’ammoniac par an, passant à 1 million de tonnes d’ici 2027 et 3 millions de tonnes d’ici 2032. Son projet d’utiliser l’hydrogène produit à partir de l’électrolyse solaire et éolienne comme matière première pour fabriquer de l’ammoniac fait partie d’une stratégie de 13 milliards de dollars que la société a annoncée en décembre pour passer aux énergies renouvelables.

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Le Maroc a beaucoup investi dans les énergies renouvelables, en partie parce qu’il a un potentiel énormes en éolienne et énergie solaire, mais aussi parce qu’il manque de pétrole ou de gaz et entretient des relations difficiles avec son voisin algérien producteur d’hydrocarbures. Le gouvernement souhaite porter les énergies renouvelables à 52% de la capacité électrique installée contre 38% d’ici 2030 et fait également pression pour une augmentation du dessalement pour aider les villes et l’agriculture à faire face à l’impact des années de sécheresse.  L’entreprise publique OCP a déclaré qu’elle prévoyait de s’appuyer entièrement sur l’eau dessalée pour ses opérations industrielles d’ici 2027 et a déclaré à Reuters qu’elle lancerait des appels d’offres au début de l’année prochaine pour étendre la capacité de dessalement à Safi et Jorf Lasfar sur l’Atlantique. Son projet Tarfaya porte sur une usine de dessalement alimentée par des énergies renouvelables d’une capacité de 60 millions de mètres cubes par an pour alimenter les installations industrielles.

L’Afrique une priorité pour l’OCP

En 2022, la guerre en Ukraine avec à la clé la hausse des prix a permis à OCP d’enregistrer des revenus de 11,29 milliards de dollars, en hausse de 40 % par rapport à 2021, et un bénéfice net de 4,9 milliards de dollars, en hausse de 38 %. Les bénéfices ont chuté cette année en raison de la baisse des prix, mais OCP s’attend à ce qu’ils se redressent au second semestre. « Nous allons augmenter notre production pour répondre à la demande supplémentaire », a déclaré OCP à Reuters qui possède les plus grandes réserves de phosphate au monde et prévoit d’augmenter la capacité de production d’engrais à 15 millions de tonnes cette année et à 20 millions de tonnes en 2027. La société a promis d’allouer 4 millions de tonnes de production d’engrais au marché africain, où elle a mis en place des unités de mélange et cartographié la composition des sols sur 30 millions d’hectares pour aider à produire des engrais personnalisés. Les investissements d’OCP en Afrique subsaharienne ces dernières années, où l’approvisionnement en engrais est crucial pour le développement économique, reflètent l’expansion d’autres entreprises marocaines sur le continent qui a servi à étayer un engagement diplomatique accru. OCP a déclaré à Reuters qu’il commencerait la production dans son usine d’engrais au Nigeria fin 2026 et lancerait la même année une étape de pré-production dans son usine éthiopienne.

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