La grande île possède diverses ressources naturelles et de réels atouts économiques. Si sur certaines filières, elle caracole en tête, dans d’autres, des schémas laborieux ont freiné son développement. A sa tête depuis bientôt 5 ans, le Président Andry Rajoelina, ex-maire de la capitale, compte des tops mais aussi des flops. A l’Elysée ce week-end, il plancherait avec son hôte sur une coopération renforcée et surtout Win Win.
C’est un président jeune qui est à la tête de Madagascar. Andry Rajoelina est âgé à peine de 49 ans. Son élection à la magistrature suprême, le 18 janvier 2019, suscita énormément d’espoirs, tant son pays possède diverses ressources naturelles et atouts économiques qui peuvent contribuer à un essor économique réel. En dépit de son jeune âge, c’est un homme du pouvoir. Dix ans plutôt, en 2009, il avait été porté à la tête de la Haute autorité de la Transition de la République de Madagascar, après le coup de force qui déposa le président Marc Ravalomanana… Après un départ en trombe, au lendemain de ce mandat- entre autres bailleurs de fonds, le FMI a mis sur la table 292 millions $, puis 100 millions $, pour la réalisation d’infrastructures- ses efforts ont été atténués par les effets considérables de la pandémie Covid-19– qu’il renia longtemps, avant d’annoncer une médication locale (Covid Organics à base d’artémesia par IMRA) au succès surestimé- avec une contraction de l’économie de 7,1% en 2020. Dans cette perspective de développement d’infrastructures (réhabilitation des routes, autoroute sur la côte de l’océan Indien Antatanarivo-Tamatave, etc.), le Chef de l’Etat malgache compte poursuivre les investissements dans l’agriculture (canal d’irrigation de 100 km au profit des zones sud, accroissement de 25% de la production de riz…) et asseoir un tissu industriel solide pour soutenir la création de valeur ajoutée des produits et réduire les importations.
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Madagascar possède l’une des plus vastes zones économiques exclusives (ZEE) d’Afrique, couvrant environ 1,2 million km² dans l’océan Indien. Cela offre des possibilités pour l’exploitation durable des ressources marines, la pêche et le développement de l’aquaculture. Cette option va certainement orienter sa visite en France. Très actif sur Twitter, le Président Rajoelina a posté le 09 juin « Je remercie le Président @EmmanuelMacron pour son accueil chaleureux, son engagement en soutien aux initiatives pour appuyer l’émergence de #Madagascar. Nous renforcerons la coopération dans plusieurs domaines stratégiques, dont l’urgence climatique, en avant du Sommet, fin juin. »
L’agriculture, un pilier économique essentiel
Le pays ne manque pas d’atouts. Madagascar est connue pour sa biodiversité exceptionnelle, abritant une grande variété d’espèces endémiques. L’île possède des écosystèmes uniques, tels que les forêts tropicales, les mangroves, les récifs coralliens et les lacs, qui sont précieux du point de vue écologique et offrent des opportunités pour le tourisme écologique. Sur le volet agricole, Andry Rajoelina qui promeut la sécurité alimentaire s’appuie un potentiel avec des terres agricoles fertiles. Le pays est un important producteur et exportateur de produits agricoles, tels que la vanille (590 millions $, campagne 2021-2022), les fruits tropicaux (mangues, ananas, litchis), le café, le riz, les épices et les plantes médicinales. L’agriculture reste un pilier économique essentiel pour le pays. Aussi, Madagascar possède des ressources minérales significatives, notamment le graphite, le charbon, le nickel, le cobalt, le titane, le chrome et l’ilménite. Ces ressources minérales attirent l’investissement étranger dans l’industrie minière du pays. En termes d’énergie renouvelable, la Grande Île possède un fort potentiel, en particulier l’énergie hydroélectrique, éolienne et solaire. L’exploitation de ces sources d’énergie peut contribuer à réduire la dépendance du pays aux combustibles fossiles et à favoriser le développement économique durable. En dépit des promesses électorales, le secteur touristique, qui offre des opportunités inestimables, avec des paysages naturels exceptionnels, des plages pittoresques, des parcs nationaux, des réserves naturelles et une culture unique, gagnerait à être davantage accéléré. La tendance est certes prometteuse avec un secteur en plein essor et une source de revenus importante pour le pays, mais des programmes plus ambitieux sont à attendre.
Comment juguler une inflation rampante ?
Justement, le pays fait face à des défis économiques, tels que la pauvreté, l’insécurité politique et la faiblesse des infrastructures. La baisse des prix du carburant et de l’électricité promise en 2019 est devenue chimérique pour le premier cité. A la mi-2022, le prix du carburant à la pompe a bondi de 44%, (le litre de gasoil à 1500 Ar ou 0,36€, celui de l’essence sans plomb à 1800 Ar ou 0,44€). Quant à la production d’électricité, une gestion décriée de la JIRAMA (société malgache d’électricité et de distribution d’eau), avec des délestages récurrents, fait craindre des hausses… L’exploitation efficace et durable de ses ressources naturelles ainsi que le développement d’industries clés sont essentiels pour stimuler la croissance économique et améliorer les conditions de vie de sa population. C’est à juste titre donc que les observateurs assurent que l’émergence économique présuppose l’accès gratuit à l’école jusqu’au Bac et au-delà, le développement de la formation professionnelle et de l’apprentissage, l’accès à l’eau potable, à une électricité continue… des utilités essentielles et non encore réalisées. Au tweet du président, un citoyen malgache, répondant au nom de Tenny répond « Je crois que vous aviez complètement oublié les Îles Eparses, vous aviez oublié tellement de choses, c’est dommage. », tandis qu’une certaine Tinah Christina, pour sa part, défend son président et note « J’apprécie personnellement vos efforts. ». Le moins qu’on l’on puisse dire est que Rajoelina a du pain sur la planche. Son jeune âge est un autre atout pour puiser dans une énergie alimentée de la révolution industrielle X.0 qui l’éloigne de quelconques influences, fussent-elles russes, françaises ou autres. C’est lui qui disait la semaine dernière à des confrères « L’Afrique ne veut pas recevoir de leçons des pays occidentaux. »