L’Afrique à la croisée des chemins en 2024

A la COP28 du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, les discours ont été surtout condescendants et les lignes ont à peine bougé en ce qui concerne le financement des pays impactés par le changement climatique dont la majorité sont africains.

La rengaine est bien connue : responsable de moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES), l’Afrique est la région qui subit le plus les conséquences du réchauffement climatique. Selon les estimations récentes de la Banque africaine de développement (BAD), les pays africains doivent mobiliser 2800 milliards de dollars de financement climatique entre 2020 et 2030. Mais ils ne reçoivent actuellement que 3 % du financement climatique mondial, dont seulement 14 % proviennent du secteur privé.

A la COP28 du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, les discours ont été surtout condescendants et les lignes ont à peine bougé en ce qui concerne le financement des pays impactés par le changement climatique dont la majorité sont africains. C’est le statu quo, mise à part la création d’un fonds pertes et dommages pour le climat avec une dotation initiale de 100 millions de dollars et l’engagement de quelques pays du nord d’allouer à ce fonds environ 800 milliards de dollars. Paradoxalement, privé d’un schéma de financement clair, le continent a subi à la COP28 de nouvelles pressions pour une sortie accélérée des énergies fossiles, sans réelles estimations via des études approfondies du manque à gagner et du préjudice financier qui en découle. L’Afrique est dotée d’importantes ressources fossiles à exploiter, afin de financer son développement économique et social. La pression émane principalement de pays qui, en 2022, n’ont pas hésité à revenir sur des solutions polluantes, notamment le gaz de schiste, les centrales nucléaires (récemment adoubées) pour maintenir leurs économies à flot.

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La contradiction pose avec acuité l’urgence pour nos Etats de créer un cadre de concertation continental indépendant des influences externes pour mieux étudier, s’aligner et coordonner sur les grands défis et prises de positions, indépendamment des solutions exogènes dans l’objectif de défendre farouchement les intérêts africains. L’indifférence à peine voilée face aux réels besoins des africains, en matière de lutte contre les effets du changement climatique, illustre à bien des égards le traitement habituel réservé aux maux des 1,4 milliards d’Africains. De quoi inciter à une prise de distance face aux agendas externes alors qu’au cours de cette année 2024, plusieurs pays sont attendues sur des décisions politiques, économiques, et financières : élections présidentielles, l’approbation de fusions acquisitions ou privatisations, la relance ou le maintien de la croissance, l’endettement ainsi que la prise de position sur des tensions internationales entre puissances belligérantes.

Article initialement publié dans le numéro Africa Income Mag Janvier-Mars 2024

Maimouna DIA

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