Binette Samaké : Le travail ouvre la porte vers la liberté des femmes

Binette Samaké est une jeune femme malienne evoluant dans le secteur agricole. (Crédit : DR)

Binette Samaké est une jeune femme malienne evoluant dans le secteur agricole. Pour Africa Income, elle est revenue sur les obstacles qu’elle a du surmonter pour mettre en place son entreprise, « SENE KURA ». Laquelle est spécialisée dans la professionnalisation de la culture maraîchère hors-sol : tomate, concombre, céleris poivron, (persil). Son nom est désormais évocatrice et inspiratrice dans le secteur prometteur de l’agro-business, où elle est devenue une source d’inspiration pour de nombreuses femmes qu’elle forme.

Dans quel secteur d’activité évoluez-vous avant de nous parler de vos débuts dans l’entrepreneuriat agricole ?

J’ai commencé l’entrepreneuriat en 2017 dans le secteur de l’agriculture principalement avec le jardinage hors-sol. Après les études, j’ai fait ma soutenance en jardinage hors-sol. Dès lors, j’ai commencé à faire les petits pots hors-sol à la maison et l’installation du jardin avec des pneus pour la consommation familiale. En 2018, je me suis dit pourquoi pas aller installer le jardin chez les clients. C’est à ce moment que j’ai commencé à en faire une activité, mais dans l’informelle. Après avoir suivi une formation sur l’entrepreneuriat, j’ai formalisé mon entreprise pour exercer le métier pleinement. Au fur et à mesure, j’ai ajouté d’autres branches comme l’aménagement des champs, la production et la vente des pépinières, la formation, le suivi et l’accompagnement.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles, vous avez été confronté en tant qu’entrepeure ?

La première difficulté a été mes connaissances limitées du domaine de jardinage hors-sol. Ensuite la question des genres s’est posée. Mes interlocuteurs ne faisait pas facilement confiance à une femme agronome. La société malienne ne voit pas trop une femme entreprendre dans le domaine de l’agriculture, qu’elle se déplace à chaque fois dans des zones éloignés. Elle préfère voir en elle une ménagère et ceci est un vrai obstacle dans la vie d’une entrepreneure. Il y a aussi le manque de moyens liés notamment à la difficulté d’accéder aux terres arables. J’ai été obligée d’aménager les champs des particuliers. Car je n’avais pas les moyens de m’en procurer à l’époque.

Quelle est la particularité de l’écosystème entrepreunarial malien selon vous ?

La particularité de l’écosystème entreprenarial malien est qu’au Mali, le grand problème réside même dans l’absence de cet écosystèmes. Les efforts sont lézardés, les initiatives polarisées. D’un côté vous trouverez les incubateurs et de l’autre les entrepreneurs. Ils sont sensés se concerter, mais dans la réalité, ils agissent séparément. Pas d’organisation, pas de structuration. Donc, l’accompagnement fait toujours défaut car on ne sait vers qui se touner. Et il arrive que nous soyons victimes d’abus de confiance, à cause de cette absence d’interlocuteurs fiables et désignés.

Quel message adressez-vous aux femmes à l’occasion de ce mois de mars ?

Le message que je peux donner aux femmes à l’occasion de ce mois demars est que : si les femmes sont assises, je leurs demande de se lever et si elles le sont déjà, qu’elles courent. Personne ne peut aussi bien mélanger la farine du boulanger que le boulanger lui même. Le travail est la porte de liberté de tout individu. Qu’elles comprennent à jamais celà. Bonne journée de 08 mars à toutes les femmes du Mali et du monde entier en général.

Propos recueillis par Modibo Sidibé