Télécoms : Les actions d’Airtel Africa s’envolent en bourse portées par les spéculations autour du paiement mobile

Airtel Africa plc est une société basée au Royaume-Uni, fournisseur de services de télécommunications et de transfert mobile. La Société opère au Nigeria, en Afrique de l'Est et en Afrique francophone. (crédit : Dr).

Sur un trend haussier, la croissance d’Airtel Africa est portée par la stabilité du naira et les hausses de prix. L’introduction en bourse du secteur de paiement mobile du groupe prévue au premier semestre 2026 a créé une effervescence autour des actions d’Airtel Africa. Et ce, dans un contexte où le paiement mobile est devenu incontournable pour de nombreux Africains. Airtel Money a traité 193 milliards de dollars au deuxième trimestre 2025.

Les actions d’Airtel Africa s’envolent au FTSE à l’approche de son introduction en bourse dans le secteur des services de paiement mobile. L’excellente performance d’Airtel Africa (AAF.L) au sein du FTSE 100 cette année, juste derrière le groupe minier aurifère Fresnillo (FRES.L), a mis en lumière le secteur des télécommunications africain, souvent négligé par les investisseurs internationaux. Figurant parmi les deux premiers opérateurs dans chacun des 14 pays africains où elle est présente, dont le Nigeria, Airtel représente un pari judicieux pour les spécialistes des marchés émergents. La stabilisation du naira nigérian a été un facteur clé de la hausse de 164 % du cours de son action, permettant à la croissance de ses activités de données et de paiement mobile de se répercuter positivement sur ses résultats.

« On ne voit pas toujours ce genre de rendements, mais la croissance sous-jacente était bien présente », a déclaré Sergey Dubin, gestionnaire de portefeuille chez Harding Loevner à New York, actionnaire d’Airtel depuis plusieurs années, dans les colonnes de Reuters. « Elle ne se reflétait tout simplement pas dans les résultats financiers en dollars américains en raison de la dépréciation des monnaies locales », a-t-il précisé.

Le naira s’est apprécié depuis janvier pour atteindre 1 447,79 nairas pour un dollar. Cette appréciation fait suite aux dévaluations de 2023 et 2024 qui l’avaient fait chuter jusqu’à 1 690 nairas pour un dollar, annulant ainsi la croissance à deux chiffres d’Airtel en monnaie locale, convertie en dollars. Par ailleurs, le Nigeria a autorisé des hausses de prix après un gel de 12 ans, augmentant les tarifs de 50 % début 2025. Le bénéfice net d’Airtel a presque quintuplé pour atteindre 376 millions de dollars début septembre. La réévaluation d’Airtel repose en grande partie sur la prise en compte par le marché de la croissance de sa filiale de paiement mobile, Airtel Money, dont l’introduction en bourse est prévue au premier semestre 2026. Airtel Africa, détenue majoritairement par l’indien Bharti Airtel (BRTI.NS), se négocie à 4,6 fois son résultat d’exploitation prévisionnel, contre moins de 3 il y a seulement quatre mois, et est valorisée à 14,6 milliards de dollars.

Le boom des télécoms africains par les transferts mobiles

Bien que les actions d’autres opérateurs africains aient également progressé, surpassant largement celles des opérateurs télécoms mondiaux, contrairement à Airtel, elles restent inférieures à leurs records historiques. Le kényan Safaricom, pionnier du paiement mobile en 2007, a vu son cours bondir de 70 % en dollars américains cette année, tandis que MTN a plus que doublé et Vodacom progresse de 52 %.  Le groupe américain de paiements Mastercard a pris une participation dans Airtel Money en 2021, valorisant l’entreprise à 2,65 milliards de dollars. Deux ans plus tard, il a pris une participation dans la branche monétaire de MTN. Selon John Karidis, analyste chez Deutsche Bank, qui s’est confié à Reuters, cette transaction valorisait Airtel Money à 9,4 fois son résultat d’exploitation prévisionnel après contrats de location. Il estime que l’entreprise devrait valoir au moins 13 fois cette valeur, soit environ le double des activités télécoms d’Airtel.

« Les perspectives de croissance structurelle de ses marchés des télécommunications et monétaires resteront solides pendant encore plusieurs années », a-t-il écrit ce mois-ci, relevant son objectif de cours à 390 pence, ce qui représente un potentiel de hausse de 30 %.

Sur un continent où une grande partie de la population n’a pas accès aux services bancaires, les opérateurs télécoms ont joué un rôle essentiel dans l’accès aux services financiers. Au deuxième trimestre de cette année, Airtel Money a traité des transactions d’une valeur annualisée de 193 milliards de dollars, soit une hausse de 36 %, un montant équivalent au PIB total du Nigeria. L’intérêt pour cet investissement ne se limite pas aux services vocaux – dont les revenus sont en baisse – mais s’étend aux données et au paiement mobile. La faible pénétration du téléphone et la croissance démographique offrent en effet des perspectives de croissance à long terme.