Chronique- Comment capitaliser sur la créativité de la jeunesse, pour les bases d’une industrie en Afrique

La créativité de la jeunesse africaine est dans toutes les rues de nos grandes villes, mais se rencontre aussi dans les hameaux les plus reculés. Malheureusement, il est encore rare que des industries émergent à partir des inventions résultantes. Entre une volonté politique manquante et des process peu huilés, les succès restent rares. Pourquoi et comment surfer sur cette vague ?

Le développement industriel de l’Afrique passe par une mobilisation de toutes les forces vives du continent, en particulier de sa jeunesse créative. En mettant en place des politiques publiques adaptées et en favorisant un écosystème propice à l’innovation, il est possible de transformer le potentiel créatif de la jeunesse africaine en moteur de développement économique et social. Du crack zimbabwéen Maxwell Chikumbutso, inventeur, entre autres, d’un hélicoptère qui convertit directement les radiofréquences en énergie verte, au prodige éthiopien, Heman Bekele, âgé à peine de 15 ans, qui a créé un savon qui prévient et traite le cancer de la peau, fait « Enfant de l’Année » par notre confrère TIME, en passant par l’autodidacte sénégalais Babacar Gningue, qui a conçu un générateur électrique autonome… la créativité ne manque pas. Si Bertin Nahum, CEO de Quantum Surgical, français d’origine béninoise, né à Dakar, fondateur de la société Medtech, à l’origine de la technologie médicale robotisée ROSA, cartonne aux Etats Unis d’Amérique et à travers le monde, c’est parce qu’il aurait profité de Fab Labs équipés d’outils numériques pour permettre aux jeunes de prototyper leurs idées. Des véhicules, mis en place par son pays, où sont organisés des hackathons et pitchs pour résoudre des problèmes, spécifiques liés au développement industriel. A cela peut s’ajouter des programmes d’incubation sectoriels, mis en place par les gouvernements, dans des secteurs clés tels que l’agriculture, l’énergie ou les technologies de l’information. A ne surtout pas négliger, la protection de la propriété intellectuelle. Les mécanismes y afférents et qui encouragent la création et l’investissement doivent être facilités pour plus de Brands et de Labels.

Lutter contre l’appât aux cerveaux

Compte tenu du fait que les Etats n’ont que des intérêts et pas d’amis, il serait grand temps que cette jeunesse soit accompagnée sur place et contrainte à ne plus collectionner des Awards, organisés par des nations plus développées ou des multinationales en quêtes de forts QI. L’organisation de tels concours et événements, pour valoriser la créativité et l’innovation, gratifiés de programmes de mentorat pour accompagner les jeunes entrepreneurs dans leur parcours, revient aux Etats dont les inventeurs sont ressortissants. Pour transformer l’inventivité de la jeunesse africaine en moteur de l’émergence industrielle en Afrique, nous Etats gagneraient d’abord à encourager l’éducation et la formation. Cela passe par la mise en place des programmes éducatifs qui favorisent la pensée critique, la résolution de problèmes et l’innovation dès le plus jeune âge, dans les écoles et universités.

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Au volet des formations professionnelles, il s’agira de développer des cursus adaptés aux besoins des entreprises et aux métiers d’avenir, en mettant l’accent sur les compétences techniques et les soft skills. Un apprentissage par l’expérience (DUALE), par la promotion de stages, de projets de groupe et d’incubateurs d’entreprises, permettra aux jeunes de mettre en pratique leurs connaissances et de développer leur réseau.

Que les inventeurs créent et les industriels opérationnalisent

Sachant que l’environnement est déjà propice à l’innovation, la multiplication d’incubateurs et accélérateurs qui offrent des espaces de coworking et programmes d’accélération, favorisera le soutien et l’assistance aux jeunes entrepreneurs et startups. L’argent étant le nerf de la guerre, il s’agira de faciliter l’accès au financement pour les projets innovants, notamment en développant des fonds d’amorçage et d’investissement dédiés et en mettant en place des dispositifs de garanties. Une collaboration entre les différents acteurs serait vivement souhaitée sur ce plan. Vu qu’un inventeur n’est pas forcément un bon manager, nos pays gagneraient à encourager les collaborations entre grandes entreprises et startups pour favoriser le transfert de technologies et l’émergence de nouvelles solutions. A mon avis, c’est le meilleur moyen de soutenir la recherche appliquée. En réservant plus de financements à la recherche appliquée, en particulier dans les domaines, liés aux besoins industriels du continent, en favorisant les partenariats entre universités et entreprises, il y a de fortes chances de transformer les résultats de la recherche en produits et services commercialisables. Sur un autre volet, la mise en place des mécanismes efficaces pour faciliter le transfert de technologie des laboratoires vers les entreprises, peut booster l’industrialisation des inventions. Durant la pandémie Covid-19, nombre de prototypes ne sont pas allés plus loin que les salles de Travaux Pratiques d’Instituts et d’Ecoles de formation…

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