Chronique- Les technologies de l’eau au service de l’Afrique

Les technologies de l’eau jouent un rôle crucial dans la réponse aux défis majeurs d’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Afrique, qui impactent la santé, le développement socio-économique et la sécurité alimentaire du continent. Face au caractère stratégique de la ressource de plus en plus d’Etats s’approprient leur gestion pour un maillage et une qualité, aux standards.

Près de 320 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable en Afrique. Les disparités sont criantes, notamment entre zones urbaines et rurales. En matière d’eau, dans le sens large du terme, cet élément essentiel à la vie, l’Afrique est confrontée à un certain nombre de défis. Ils vont d’un accès limité aux infrastructures à un assainissement insuffisant, en passant par la qualité de l’eau, les aléas du changement climatique…

Surtout en milieu rural, l’accès est limité aux infrastructures. Cet état de fait oblige les populations, souvent les femmes et les filles, à parcourir de longues distances pour s’approvisionner en eau.

La problématique de la qualité de l’eau se pose aussi avec acuité. Sa carence est synonyme de contamination par des agents pathogènes et des polluants chimiques. La conséquence est la propagation de maladies hydriques, telles que le choléra, les diarrhées, la fièvre typhoïde, etc.

Nul n’ignore que les effets du changement climatique, avec des sécheresses prolongées et des inondations, perturbent les cycles hydrologiques. Pire, ils réduisent les ressources en eau douce disponibles, produisent beaucoup de dégâts et des dommages colossaux.

Fautes de moyens, de nombreuses communautés africaines sont exemptes d’assainissement adéquat.Une grande partie de la population n’a pas accès à des systèmes d’assainissement liquide, ce qui aggrave la pollution fécale des sources d’eau.

Technologies clés

Des solutions technologiques modulaires, durables et adaptées aux réalités locales sont développées pour surmonter les obstacles énumérés ci-dessus.

En matière de traitement et purification de l’eau potable, des technologies, essentielles pour rendre l’eau salubre, en particulier dans les zones éloignées, sont disponibles et adaptées au continent. Parmi celles-ci, les technologies membranaires qui fonctionnent en osmose inverse et ultrafiltration.Elles sont de plus en plus utilisées pour le dessalement des eaux saumâtres ou le traitement des eaux de surface et souterraines. Leur modularité et leur compatibilité avec l’énergie solaire photovoltaïque, surtout sans batterie, les rendent idéales pour les zones isolées.

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Un autre procédé passe par la désinfection solaire (SODIS). Il s’agit d’une utilisation de l’énergie solaire (rayonnement UV) pour désinfecter l’eau contenue dans des bouteilles transparentes, une méthode simple et peu coûteuse.

Aussi, des stations de traitement sont utilisés pour petits réseaux ruraux. Elles combinent souvent des techniques comme la coagulation, la floculation, la filtration sur sable et charbon actif, et la désinfection par chloration ou électrocoagulation. Des systèmes mobiles existent également dans ces process de filtration/potabilisation.

Quid de la gestion des ressources et distribution ?

Les solutions préconisées plus haut visent à sécuriser et optimiser l’approvisionnement. Contrairement aux contrats d’affermage et autres concessions qui ont eu lieu pendant un temps, l’adduction et la distribution doivent être misesen place par des réseaux d’adduction d’eau potable (AEP). Des réseaux qui englobent des stations de traitement, des réservoirs, jusqu’à des bornes-fontaines. Cet ensemble devant simplifier l’accès et le paiement, par des systèmes modernes et économiques dans les quartiers défavorisés. Pour un franc-succès de ces technologies en Afrique, certes une approche globale est préconisée, mais certaines gestions peuvent être délicates, notamment les partenariats public-privé (PPP).A mon avis, si ces derniers se développent pour financer et gérer les infrastructures, permettant une meilleure efficacité de la distribution de l’eau, ils doivent rester locaux. Par un renforcementdes capacités, l’implication des acteurs locaux et la formation pour l’installation, la maintenance, et la réparation des équipements, restent cruciales pour assurer la durabilité des solutions technologiques.

L’innovation écoresponsable n’est pas à négliger. En effet, l’intégration des énergies renouvelables (solaire notamment) est un facteur clé pour des solutions autonomes et économiques.

Pour l’exploitation de forages et puits, il serait utile de poursuivre le développement de pompes électriques robustes, souvent alimentées par énergie solaire. Dans certains cas, l’utilisation de la technologie pour le contrôle à distance et l’optimisation des systèmes d’approvisionnement en eau ou systèmes de télégestion.

Traitement et réutilisation des eaux usées

Relativement eaux usées et de ruissellement, la gestion est vitale pour la santé publique et la préservation des ressources.

Un appel est lancé à nos ingénieurs et techniciens spécialisés dans la conception de stations d’épuration pour les zones rurales ou périurbaines, souvent développées dans le cadre de projets de recherche collaboratifs. Ces stations d’épuration modulaires etadaptées seraient d’un apport significatif. Une épuration qui va jusqu’à la gestionet la valorisation des boues d’épurationdes boues.

Dans la réutilisation des eaux usées traitées, des processus avancés permettent de les injecter dans l’irrigation agricole ou industrielle. Il en est de même dans l’exploitation des eaux de ruissellement. Cette réutilisation permet de réduire la pression sur les sources d’eau douce. Il s’agit d’une ressource si importante que dans de nombreuses villes européennes que j’ai visitées, j’ai constaté des gouttières aux toits de tous les bâtiments et édifices.