Derrière le feuilleton politico-médiatique, le coup d’état au Niger a bouleversé l’équilibre des échanges commerciaux entre pays membres, poussant la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à rehausser ses taux directeurs pour maintenir la croissance projetée et prévenir d’éventuelles pressions inflationnistes.
Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé, à l’issue de sa réunion ordinaire tenue le 6 septembre 2023, de relever de 25 points de base les taux directeurs de la Banque Centrale, à compter du 16 septembre 2023. Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque Centrale prête ses ressources aux banques passe de 3,00% à 3,25%. Cette décision intervient dans un contexte de montée des incertitudes au niveau régional, de persistance des tensions inflationnistes, de renchérissement des conditions financières sur les marchés internationaux et de moindre mobilisation de ressources extérieures. La hausse des taux directeurs vise donc à anticiper et à contenir l’impact de ces facteurs de risque sur les perspectives macroéconomiques de l’Union.
Les sanctions contre le Niger, facteurs d’incertitudes
A suite du coup d’Etat du 26 juillet, les pays de l’UEMOA ont décidé de suspension toutes les transactions commerciales et financières du Niger, y compris celles touchant aux produits pétroliers, à l’électricité et autres biens et services. La Cedeao a aussi gelé des avoirs financiers et monétaires du gouvernement nigérien auprès de la BCEAO et autres banques commerciales de l’Uemoa. Des restrictions qui s’appliquent aux opérations financières entre les banques du Niger et celles des pays de l’Uemoa et ont conduit au gel des avoirs des entreprises publiques et parapubliques nigériennes dans l’ensemble des institutions financières de l’Uemoa. Les effets de ses sanctions risquent de peser sur les économies de la sous-région, mais l’activité économique au sein de l’UMOA a maintenu sa dynamique de progression au deuxième trimestre 2023.
UMOA : de solides indicateurs en 2023
Pour l’année 2023, la croissance économique est projetée à 5,6%. Le taux d’inflation, en rythme annuel, qui avait atteint 5,8% au premier trimestre 2023, a baissé à 4,0% au deuxième trimestre. En juillet 2023, il est ressorti à 3,4%. Par ailleurs, les crédits à l’économie ont évolué à un rythme soutenu, enregistrant une progression de 16,2%, en rythme annuel, à fin juin 2023 après 16,6% à fin mars 2023. Cette bonne orientation permet de soutenir l’activité économique dans l’Union. Au cours des mois à venir, le Comité de Politique Monétaire analysant l’évolution des risques qui entourent les perspectives macroéconomiques, devrait prendre, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire de la zone. Au cours de son allocution, à l’ouverture du Comité de Politique Monétaire de la BCEAO du 6 septembre 2023, le président de l’institution Jean-Claude Kassi BROU a précisé qu’au sein de l’UEMOA, l’activité économique demeure soutenue avec un taux de croissance estimé à 5,7% au deuxième trimestre 2023. La bonne tenue de l’activité dans l’ensemble des secteurs laisse augurer une croissance robuste projetée à 5,6% pour l’année 2023, après 5,9% en 2022.
« L’inflation dans l’Union a continué à baisser, à la faveur de la hausse de la production de céréales et de la baisse des prix des produits énergétiques et alimentaires importés. Cette orientation est aussi portée par les actions des Etats pour lutter contre le coût de la vie ainsi que les effets des mesures de politique monétaire prises par la Banque Centrale », a expliqué Jean-Claude Kassi Brou lors de son allocution.
Le taux d’inflation s’est situé à 4,0% sur le deuxième trimestre de 2023 après 5,8% le trimestre précédent. En juillet 2023, la progression des prix à la consommation est ressortie à 3,4%, se rapprochant davantage de la cible de la Banque Centrale. Au niveau du financement des économies, les crédits accordés par le système bancaire au secteur privé et aux Etats s’inscrivent toujours dans une tendance haussière. Toutefois, le président estime que les ressources mobilisées par les Etats auprès des partenaires techniques et financiers sont en forte baisse dans un contexte de déficits budgétaires toujours élevés, induisant de fortes pressions sur le marché financier régional et sur les comptes extérieurs de l’Union.