La junte militaire, qui a déposé le président Mohamed Bazoum, va-t-elle subir les foudres d’Etats de la CEDEAO (Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest) qui ont menacé de recourir à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel en plus de sanctions économiques et financières.
Derrière les bruits de bottes qui s’intensifient au Niger, nombre d’observateurs perçoivent une guerre larvée de l’uranium et de l’or nigériens. Entre 2005 et 2020, près de 18% des approvisionnements français d’uranium provenaient du Niger, soit 24 787 tonnes, selon Euratom, derrière le Kazakhstan et l’Australie. En 2022, le Niger a été le second exportateur d’uranium naturel de l’Union européenne. Ce même Niger, classé parmi les pays les plus pauvres de la planète qui reçoit près de 2 milliards $ par an d’aide au développement, d’après la banque mondiale. Trouvez où est l’erreur ? Depuis le coup d’Etat, perpétré par des militaires dirigés par le Général Abdourahmane Tchiani, le 26 juillet dernier, afin que le pays puisse bénéficier plus amplement de ses ressources, la France, par la voix de son président, n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. En effet, le président Macron a presque immédiatement annoncé « Toute attaque contre la France et ses intérêts ne sera tolérée. » A entendre le chef de l’Etat français, on a l’impression que le Niger, Etat souverain d’Afrique, est assimilé à un Département français d’Outremer. Rappelons que l’uranium, ressource nécessaire à l’énergie nucléaire français, est surtout exploitée au Niger par le conglomérat français Orano à Arlit, dans le nord du pays.
Embargo ou guerre
Depuis ce dimanche 6 août 2023, l’ultimatum, fixé par les Etats de la CEDEAO (Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest) à Abuja dimanche dernier, pour imposer un embargo des transactions commerciales et financières, voire une intervention militaire, a expiré. Si des instances, telles que le Sénat nigérian, ont rejeté une éventuelle intervention armée, les chefs d’état-major de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ont le feu vert de leurs chefs d’état respectifs. Aussi, les Etats Unis, l’Allemagne, la France soutiennent une action musclée pour rétablir le président Bazoum démocratiquement élu et son équipe. Catherine Colonna, cheffe de la diplomatie française, a été on ne peut plus claire affirmant que la remise en cause du dispositif antiterroriste français au Sahel n’est pas à l’ordre du jour. Après avoir rapatrié ses ressortissants qui le souhaitaient, la France a maintenu ses bases au Niger avec 1 500 hommes, refusant de les évacuer… A l’opposé, les armées maliennes, burkinabè sont mobilisées pour apporter un soutien solidaire à leurs frères nigériens. Plusieurs unités sont déjà déployées. Quant à l’Algérie, qui a près de 1000 km de frontières avec le Niger, elle dit un niet catégorique à toute intervention militaire dans ce pays. Son président Abdelmadjid Tebboune a souligné qu’aucune solution n’est possible sans son pays, premier concerné…
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En attendant, des pays comme le Tchad ou la Mauritanie excluent toute intervention militaire au Niger. Le premier cité privilégie d’ailleurs la voie diplomatique. Gageons qu’au sortir de cette crise qui risque d’être longue, le Niger puisse profiter amplement de ses ressources, notamment de son uranium naturel vendu à un cours plus rentable, de son or et qu’il aille vers plus de transformations et de raffinages, sur place.