ODD – 2030 : quel bilan d’étape pour l’Afrique ?

A mi-chemin de l’échéance de 2030, les objectifs de développement durable sont en grande difficulté. Une évaluation des 140 cibles environ pour lesquelles des données de tendances sont disponibles montre qu’environ la moitié d’entre elles accusent un retard modéré ou sérieux. (Crédit : UN).

Si les tendances actuelles se maintiennent, 575 millions de personnes vivront encore dans l’extrême pauvreté et seulement un tiers des pays auront réduit de moitié leur niveau national de pauvreté d’ici à 2030, L’Afrique est l’une des régions qui sous haute surveillance.  

A mi-chemin de l’échéance de 2030, les objectifs de développement durable sont en grande difficulté. Une évaluation des 140 cibles environ pour lesquelles des données de tendances sont disponibles montre qu’environ la moitié d’entre elles accusent un retard modéré ou sérieux. Pour plus de 30 % d’entre elles, il n’y a eu aucune évolution ou la situation a régressé par rapport au niveau de référence de 2015. « Il faut qu’un changement fondamental se produise — sur les plans de l’engagement, de la solidarité, du financement et de l’action — pour mettre le monde sur la bonne voie. Et il faut qu’il se produise maintenant. Nous pouvons faire mieux. Dans les moments très difficiles, l’humanité s’est toujours montrée à la hauteur », avertit le rapport sur les objectifs de développement durable (ODD) 2023 : « Édition spéciale Vers un plan de sauvetage pour l’humanité et la planète », publié en prélude du sommet sur ODD de septembre dernier des nations-unies. Si la tendance actuelle se confirme 575 millions de personnes vivront encore dans l’extrême pauvreté en 2030, et seul un tiers des pays atteindront la cible consistant à réduire de moitié les niveaux de pauvreté à l’échelle nationale. La faim a atteint des niveaux records par rapport à 2005 et les prix des denrées alimentaires demeurent élevés dans un plus grand nombre de pays qu’au cours de la période 2015-2019. Il faudra aussi 286 ans pour combler les disparités fondées sur le genre en matière de protection juridique et supprimer les lois discriminatoires. Dans le domaine de l’éducation, les conséquences d’années de sous-investissement et de déficit d’apprentissage sont telles que, à l’horizon 2030, quelques 84 millions d’enfants seront non scolarisés et 300 millions d’enfants ou de jeunes scolarisés quitteront l’école en ne sachant ni lire ni écrire, estime le document.

« Il n’est pas encore trop tard pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C, éviter les pires effets de la crise climatique et garantir la justice climatique pour les personnes, les communautés et les pays qui se trouvent en première ligne des changements climatiques, mais c’est le moment ou jamais d’agir », analyse le rapport.

Les niveaux de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, atteignant un niveau inégalé depuis 2 millions d’années. A ce rythme, les sources d’énergie renouvelables ne représenteront toujours qu’une fraction de notre approvisionnement énergétique en 2030, quelques 660 millions de personnes seront toujours privées d’électricité et près de 2 milliards de personnes continueront d’être tributaires de combustibles et de technologies polluants. Par ailleurs, dans le monde, de nombreux groupes de population vulnérables, y compris les jeunes et les personnes âgées, restent non couverts par les programmes de protection sociale légale. À mi-chemin de l’Agenda 2030, la plupart des pays africains peinent à atteindre la majorité des cibles des ODD. Sans des politiques visant à accélérer les progrès vers les ODD, d’ici à 2030, au moins 492 millions de personnes se retrouveront dans une situation d’extrême pauvreté et au moins 350 millions de personnes d’ici à 2050, préconisait un rapport en 2022. En effet, un rapport conjoint de la Commission de l’Union africaine (CUA), de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), de la Banque africaine de développement (BAD) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a été publié dans ce sens à l’occasion de la Conférence économique africaine 2022 à Maurice. Il est intitulé « Mieux reconstruire après la maladie du coronavirus, tout en faisant progresser la pleine mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable ».

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Sur cette lancée, lors de ses assemblées annuelles à Marrakech, du 09 au 15 octobre, la Banque Mondiale a estimé que la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait ralentir à 2,5 % en 2023, après avoir atteint 3,6 % l’année dernière. Elle devrait ensuite remonter à 3,7 % en 2024 et à 4,1 % en 2025. La région devrait cependant enregistrer une contraction de son PIB par habitant de 0,1 % pour la période 2015-2025. Soit une « décennie perdue » de croissance atone pour une région confrontée à de nombreux défis : des niveaux de revenu par habitant obstinément faibles, des pressions budgétaires croissantes exacerbées par le lourd fardeau de l’endettement et un besoin urgent de création d’emplois. Face à ces difficultés multiformes, les pays doivent mener de grandes réformes qui permettront de favoriser la prospérité économique, réduire la pauvreté et créer des possibilités d’emploi durables dans la région. Pour cela, il est indispensable de bâtir un écosystème qui facilite l’entrée, la stabilité et la croissance des entreprises, ainsi que le développement de compétences qui répondent à leurs besoins.

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