Chronique : Présidentielle 2024 au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye raffle le scrutin

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, dans un communiqué avoir diminué ses prévisions de croissance économique pour le Sénégal en 2024 à 7,1%, à cause de l'incertitude liée à la présidentielle tenue en mars dernier et d'un retard dans la production de gaz. (Crédit : DR).

L’élection présidentielle 2024, d’abord prévue le 25 février 2024, puis reportée, a eu finalement lieu dimanche 24 mars 2024. Après le dépouillement de plus de 2/3 des bulletins, les tendances placent bien en tête le candidat de l’opposition Bassirou Diomaye Diakhar Faye (44 ans), jusqu’alors Secrétaire général du Parti PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité), avec 57,84% des voix, contre à peine 31,88% pour Amadou Ba, candidat de la mouvance du régime désormais sortant.

Les Sénégalais sont sortis en masse, dimanche 24 mars 2024 pour élire le 5ème Président de la République. Aussi bien au pays que dans la diaspora, la mobilisation a été exceptionnelle et constatée aussi bien au pays qu’à travers la diaspora. Ce scrutin du 24 mars 2024 a eu des allures de référendum. En attendant d’avoir les résultats officiels provisoires, on peut d’ores et déjà avancer que le taux de participation sera record, malgré le mois de Carême et de Ramadan, les frustrations de citoyens empêchés de consacrer leur devoir citoyen. Les couacs sont dus à un émiettement territorial, à des impairs de toutes sortes pour désorienter des électeurs. Toujours est-il que le Sénégal, estampillé par ses détracteurs comme une démocratie mineure, montre à la face du monde que sa démocratie se place sur la rampe de celles qui ont un bel avenir devant elles pour grandir et se parfaire. Vers 22 h, alors que certains bureaux de vote n’avaient pas encore fermé leurs portes pour permettre à des queues interminables de citoyens de voter, notamment à Asnières en France, les tendances des résultats ont laissé apparaître que le candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye, de la Coalition Président Diomaye 2024, ressortait presque partout largement en tête. Déjà en début d’après-midi, les résultats de la diaspora Moyen-Orient (Koweït, Arabie Saoudite, Turquie, EAU…) donnaient le ton. Ces tendances ont fini par s’accentuer au fil des heures. Elles se sont alourdies dans les communes charnières. Vers minuit, après le dépouillement de 72% des bulletins, Bassirou D. Faye arrivait largement en tête (57,84%) devant Amadou Ba, ex-Premier ministre qui n’a pas fait mieux que 31,88%. Si le candidat issu du Pastef- d’abord dissout par décret présidentiel en juillet 2023, avant d’être réhabilité par une récente loi d’amnistie- qui, rappelons-le, venait à peine de sortir de prison, après avoir purgé 11 mois à la prison du Cap Manuel à Dakar, a gagné dans son propre bureau de vote (Bureau n°4 de l’Ecole Ndiandiaye, Commune de Ndiaganio) avec 83 ,33% des voix, soit 65 sur 78, contre à peine 10,25% pour Amadou Ba, soit seulement 08 votes, ce dernier s’est fait laminé dans le sien (Bureau n°9 de l’Ecole HLM Grand Médine) n’arrivant qu’à glaner 84 voix, soit 23,93%, contre 237 votes (67,52%). Même les taux de participation, respectifs dans ces deux bureaux de vote, 72,22% et 60,52%, qui peuvent paraître anodins, en disent long sur l’issue du scrutin.

La résilience d’Ousmane Sonko

Les péripéties, qui ont émaillé la vie politique sénégalaise ces derniers mois, avec notamment plusieurs verrous judiciaires et administratifs utilisés par le pouvoir du Président Macky Sall pour empêcher le leader du PASTEF, Ousmane Sonko, de se présenter- il désigna son dauphin Bassirou Diomaye Faye- ont-ils fait que le camp adverse n’ait pas eu l’élégance d’appeler le vainqueur pour le féliciter ? Il est vrai qu’il eut 18 candidats, mais en réalité, ce ne fut qu’un duel entre Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye. Au moment où le camp de la Coalition Diomaye jubilait et que leurs militants et sympathisants sillonnaient les rues de la capitale en triomphe, Amadou Ba a convoqué son staff de campagne et des militants au siège de l’APR (Alliance pour la République) pour une allocution à 00h30 pour d’abord la surseoir au lendemain, avant de prononcer au balcon un discours laconique, arguant de respecter le droit et promettant de revenir, en milieu de journée du lundi, auprès d’eux, lorsque les résultats seront plus complets… Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas des réformettes qui attendent la nouvelle équipe qui arrive au pouvoir. Il faudra une refonte totale des institutions, de l’administration et asseoir une gouvernance exempte de toute gabegie et qui serait à même de permettre au Sénégal, une industrialisation plus accentuée, un maillage plus dense de ses réseaux autoroutier, ferroviaire, aérien et maritime, une souveraineté recouvrée… Leur programme de campagne, baptisé « Projet » par une jeunesse qui piaffe d’impatience, sera un excellent canevas.

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