Un vent de changement souffle sur le continent. Las de ce paradoxe qui a longtemps fait que des pays africains aux ressources à fort potentiel, en minerais, en terres rares, métaux précieux… soient les derniers de la classe, en termes d’IDH ou figurent dans les PMA (Pays moins avancés), voire dans les PPTE (Pays pauvres très endettés), une tendance lourde se dégage pour en finir avec des systèmes, mis en place depuis le lendemain des indépendances.
Avant la proclamation des résultats officiels, il ressort du cumul des procès-verbaux de très nombreux de bureau de vote des législatives anticipées au Sénégal qui se sont déroulées, ce dimanche 17 novembre 2024, pour élire 165 députés, une large victoire du Parti PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’équité et la fraternité). Ce sont les tendances qui se dessinent un peu partout, à travers le pays et dans la diaspora. A titre d’exemple, dans les 13 bureaux de vote à Casablanca au Maroc, c’est un score sans appel de 1 569 voix sur 1 867 votants qu’a réalisé ce parti au pouvoir au Sénégal, depuis mars 2024. Ce taux de 84,04% de voix pour le parti PASTEF, très significatif du reste, est quasi général. Figurez-vous qu’il y avait 41 listes en compétition, dont plusieurs coalitions de partis, à savoir le PASTEF, la coalition Takku Wallu, la coalition Samma Sa Kaddu… dans ce pays qui compte plus de 300 partis politique – vous avez bien lu ! – sur une population de 18 millions d’âmes !
Dans les bureaux témoins au Sénégal dans les quartiers et villes, reconnus comme baromètre des élections, le parti PASTEF a fait une véritable « razzia » raflant tout. Souvent même les opposants, têtes de listes de la coalition Jam ak Jariñ Amadou Ba, ex-Premier ministre, et de l’intercoalition Samma sa Kaddu (PS, PDS…), actuel maire de Dakar, ont été battus dans leurs propres bureaux de vote. Ce qui se passe au Sénégal est largement représentatif. Pour rappel, l’Exécutif, empêché d’appliquer une politique d’austérité en supprimant des organes budgétivores, telles que le HCCT et le CESE, et menacé d’une motion de censure, a été obligé de dissoudre l’Assemblée nationale, par la voix du Président de la République. Désormais, le pouvoir en place aura mles coudées franches pour dérouler son programme de développement économique.
Quelles leçons, tirer d’un tel scrutin ?
Le peuple a décidé de se débarrasser d’un système qui a jusqu’à présent surendetté un pays sans pourtant le sortir du sous-développement. Certains parlent de pragmatisme et de maturité de peuples qui ont décidé d’arbitrer et envoyer à la retraite les sexagénaires et autres septuagénaires, dont les relents de la signature d’accords secrets avec le colon continuent de pondérer le développement de leurs pays respectifs. Si certains ont plébiscité des coups de force de militaires, d’autres vont réduire les forces politiques à deux ou trois, soit un paysage politique à visage humain– loin des centaines de mouvances qui n’ont souvent qu’une boîte postale, en guise d’adresse.
Il est arrivé le temps où ces pays ont décidé de prendre à bras le corps leur développement économique, en frappant sa propre monnaie, en érigeant dans les secteurs stratégiques des champions nationaux… Dans un pays comme le Sénégal, où les mines de fer de la Falémé ont attendu des partenaires investisseurs depuis plus de 64 ans, l’Etat va prendre ses responsabilités pour ériger une sidérurgie locale où il sera largement majoritaire, à défaut d’être unique propriétaire. Il en sera de même dans les pierres précieuses, le phosphate et ses dérivés (expertises ICS et Senchim aidant pour produire de l’acide phosphorique), dans le sucre, les huileries alimentaires, ainsi que dans de grands pans de l’agroalimentaire. C’est la clé du succès de la souveraineté, défendue par la Vision 2050 et récemment déclinée, sachant que pour ne pas aller de mal en pis, le choix des partenaires doit être très méticuleux. Le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, la Guinée… ont décidé de changer de fusil d’épaules. Leurs ressources devraient désormais être valorisées sur place et leurs stocks d’or rivaliser de valeur avec ceux de pays du nord.