La situation économique dans l’espace communautaire ainsi que les perspectives dans une conjoncture mondiale pleine d’incertitudes a été l’un des principaux sujets à l’ordre du jour du 23e Sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui s’est tenu lundi 05 décembre 2022 à Abidjan, en Côte d’ivoire. En dépit d’une résilience que fait montre l’activité économique avec une croissance du PIB attendue à 5,7% cette année et 7,3% projeté en 2023, l’inflation ne cesse de galoper et devrait atteindre 7,5% en 2022 contre 3,6% l’année dernière.
C’est au lendemain d’un autre Sommet, celui de la Cédéao qui s’est tenu à Abuja, au Nigeria, que les dirigeants de l’UEMOA se sont donner rendez-vous dans la capitale économique ivoirienne pour faire le point sur les évènements importants de la vie de notre l’espace communautaire ainsi que sur les défis à relever pour consolider l’union économique et monétaire. A cette occasion, le chef de l’Etat ivoirien qui assure la présidence de la Conférence a tenu à rappeler que cette rencontre statutaire se tient dans un contexte particulier marqué par des crises profondes qui affectent le monde entier qui n’épargnent malheureusement pas la sous-région.
En effet, a indiqué Alassane Dramane Ouattara, « nos Etats sont confrontés aux conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui se traduisent par des difficultés d’approvisionnement, et la flambée des prix des denrées alimentaires et énergétiques. Cette situation, comme vous le savez, intervient au moment où nos économies se relevaient du choc causé par la pandémie de COVID-19 ».
Des économies résilientes malgré les chocs
Dans sa présentation de l’Etat de l’Union, le Président ivoirien s’est toutefois félicité le président ivoirien, « les mesures mises en œuvre, par nos gouvernements, ont permis d’atténuer les effets néfastes de cette crise dans notre Union ». Ainsi, a-t-il aussi salué, au plan économique, les économies des Etats de l’UEMOA sont demeurées résilientes avec un taux de croissance de l’Union a légèrement fléchi et est attendu à 5,7% en 2022, après un taux de 6,1% en 2021. Cependant, a-t-il aussi mis évidence, le taux d’inflation devrait passer de 3,6% en 2021 à 7,5% en 2022 au sein de l’UEMOA. Pour le Président Ouattara, cette hausse bien que galopante est cependant moindre comparée à l’Europe où elle atteint plus de 10% et même 20% dans plusieurs pays africains.
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La Conférence des dirigeants de l’UEMOA a été précédée d’une série de session des experts ainsi que celle des ministres sur la situation monétaire au sein de l’espace communautaire. Dans l’exposé qui résume la situation fait par le ministre togolais de l’Economie et des finances, Sani Yaya, président du Conseil des ministres, il ressort qu’au cours de l’année 2022, l’activité économique est restée soutenue, en dépit d’une conjoncture internationale morose et d’un environnement sociopolitique et sécuritaire interne fragile. La bonne dynamique du taux de croissance du PIB de l’Union qui est estimé à 5,7% en 2022, après 6,1% en 2021, nonobstant les divers chocs subis, est selon ses explications, notamment consécutive à l’intensification des investissements dans les Etats membres ainsi qu’à la bonne tenue des activités manufacturières, commerciales et des 8 services. Le taux d’inflation qui est estimé à 7,5% en 2022 contre 3,6% en 2021, est de son coté, essentiellement la conséquence de la persistance des tensions sur les prix des produits alimentaires et pétroliers ainsi que sur les postes des fonctions logement et transport. Le ministre togolais a par ailleurs souligné que le déficit budgétaire s’établirait à 6,1% en 2022 contre 5,5% du PIB en 2021. Il a en outre fait savoir que les Etats membres de l’Union restent confrontés à de multiples défis, dans un contexte de persistance de la guerre russo-ukrainienne. Et pour y faire face avec efficacité, a poursuivi le ministre Sani Yaya, “les actions à mettre en œuvre devraient viser la maîtrise de l’inflation, l’amélioration des performances des administrations fiscales, la rationalisation des dépenses publiques et l’optimisation de la dette publique’’
La maitrise de l’inflation, défi majeur dans l’UEMOA
Afin de faire face à la situation et atténuer l’impact des chocs sur leurs économies, les dirigeants de l’Union ont donné de nouvelles orientations à la Commission ainsi qu’à ces différentes institutions notamment la Banque centrale (BCEAO) ou la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) de poursuivre et renforcer leurs actions et programmes en soutien aux états afin de les aider à faire face aux chocs. Les perturbations de l’économie mondiale, dont les perspectives restent incertaines, sont de nature à hypothéquer cette embellie que connait l’activité économique des Etats membres de l’UEMOA, l’une des zones économiques les plus dynamiques du continent. D’autant qu’en plus des conséquences de la persistance des chocs, les pays de la sous-région font face à une amplification des menaces sécuritaires.
Comme l’a relevé le Président ivoirien, qui à passer le relais à la tête de la Conférence des chefs d’Etat Mohamed Bazoum, « malgré les efforts de nos pays respectifs, la situation demeure, préoccupante et contraint nos Etats à accroître les investissements dans le domaine de la défense et de la sécurité au détriment de certains projets de développement cruciaux, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation ».
La maitrise de l’inflation constitue de ce fait, des principaux défis à relever pour les pays membres de l’UEMOA, qui en plus de l’impact de l’économie mondiale sur leurs économies respectives, font face à une double crise sécuritaire et alimentaire. Pour l’heure, les pays membres semblent tenir bon et font mieux que leurs états voisins au sein de la Cédéao. Cependant, la persistance de la morosité de la situation économique mondiale risque d’assombrir leurs perspectives de croissance alors que les défis socioéconomiques restent ambiants au sein de l’espace communautaire.