Chronique : Immobilier- un autre rythme, d’autres process pour combler le gap

Aujourd’hui, les process de construction conventionnels ne sont pas adaptés aux réalités de l'Afrique au sud du Sahara. Ils sont souvent trop coûteux, trop longs et trop complexes. (Crédit ; DR).

En Afrique au sud du Sahara, la demande croissante de logements est estimée à 250 millions de logements d’ici 2050. Les promoteurs immobiliers, estampillés grands groupes, n’y réalisent que 4 500 à 5 000 logements par an. Pire, il faut en moyenne 10 ans pour construire un logement social dans la région. Ce rythme est trop lent…

L’Afrique s’urbanise. C’est un mouvement irréversible. Le constat dans les grandes agglomérations est un déficit en logements décents. Aux alentours de villes, au schéma directeur pourtant bien défini, des banlieues, greffées à la va-vite ou de façon sauvage, créent des conditions d’habitat qui laissent à désirer.

D’un pays à l’autre, la demande annuelle dépasse les centaines de milliers de logements sociaux. Avec un cumul de moins de 30 000 logements économiques produits par an, cette problématique ne sera pas endiguée de sitôt. En adoptant un autre rythme et d’autres process, il est possible de combler le gap des logements standards en Afrique au sud du Sahara. Le rythme de construction des logements en Afrique au sud du Sahara est encore trop lent. Pour répondre à la demande croissante de logements, estimée à 250 millions de logements d’ici 2050, il est nécessaire de simplifier les procédures administratives, de mobiliser les ressources financières, d’instaurer des organes étatiques de garantie des prêts et de former les ouvriers. Il est aussi important de développer des technologies de construction plus rapides et plus efficaces. C’est un train de mesures qui engagent à la fois l’Etat et le secteur privé, appelés à travailler la main dans la main.

Vivement des Guichets Uniques

Concrètement, des Guichets Uniques faciliteraient une production et une vente de masse. Tous les intervenants dans l’immobilier social, allant de la conservation foncière aux banquiers, en passant par le cadastre, les notaires agréés, les services communaux, des impôts et domaines… s’y retrouveraient. Toutes les grandes villes africaines auraient différents Guichets Uniques (voire plus d’un par ville) où se dirigeraient tous les demandeurs. Au-delà de ces démarches administratives, il s’agira d’adopter des process adaptés. Aujourd’hui, les process de construction conventionnels ne sont pas adaptés aux réalités de l’Afrique au sud du Sahara. Ils sont souvent trop coûteux, trop longs et trop complexes. Il est nécessaire d’adapter les process de construction aux besoins et aux contraintes d’une région au climat chaud. Cela passe par l’utilisation de matériaux locaux moins coûteux, par la simplification des techniques de construction et par la formation des ouvriers. Des exemples de matériaux locaux peuvent être utilisés pour la construction de logements en Afrique au sud du Sahara. Il s’agit notamment d’un banco (traditionnellement usité) à améliorer, dont la terre crue mélangée à de la paille, la brique de terre cuite, le bois… Ce sont des matériaux peu coûteux, faciles à trouver et à travailler. Ils sont également adaptés au climat de la région et font inversion par rapport à la température ambiante. Dans un logement en banco ou construit de brique en terre cuite, l’isolation thermique ne nécessite aucun apport énergétique externe.

Toutefois, l’utilisation de ces matériaux locaux nécessite l’adoption de techniques de construction adaptées. A titre d’exemple, la construction en terre crue nécessite l’utilisation de techniques spécifiques pour assurer la solidité et l’étanchéité des bâtiments. Il est aussi important de former les ouvriers aux techniques de construction adaptées aux matériaux locaux. Nos écoles polytechniques, universités, architectes et ingénieurs en génie civile gagneraient à s’y pencher. Cela permettra de garantir la qualité des constructions et de réduire les coûts et par ricochet de démultiplier le nombre de logements sociaux (à moins de 10 millions F CFA, soit 15 000 €) livrés par an, dans nos différents pays.

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