Les crédits carbones peuvent être un outil utile pour soutenir les efforts de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement, mais leur efficacité dépendra de la manière dont ils sont conçus et mis en œuvre. Il est essentiel de veiller à ce qu’ils servent réellement à réduire les émissions et à apporter des bénéfices concrets aux populations les plus vulnérables. Nous en faisons une analyse nuancée.
La question des crédits carbones adoptés à la COP29 (29ème Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), qui se tient du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan, soulève de nombreuses interrogations, notamment quant à leur efficacité réelle pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique.
Dans le principe, les crédits carbones sont un outil prometteur. L’idée est simple. Les pays développés, gros émetteurs de gaz à effet de serre, peuvent compenser leurs émissions en finançant des projets de réduction des émissions dans les pays en développement. Le potentiel est important. En effet, ces crédits pourraient stimuler des investissements dans les énergies renouvelables, la reforestation, ou d’autres projets environnementaux dans les pays du Sud. Cependant, les critiques et défis ne manquent pas. Entre les effets d’annonce et la réalité, les écarts peuvent être abyssaux. Où en est le Fonds Vert pour le climat et ses 100 milliards $ promis par an, depuis la COP21 à Paris en 2015 jusqu’en 2025 ?
Parmi les risques, il y a celui du Greenwashing. Certains craignent que les crédits carbones ne servent surtout à donner une image verte à des entreprises ou des États, sans véritable impact sur le climat. Si cela n’est pas du saupoudrage, comment le dénommer ?
Par ailleurs, la mise en place d’un marché des crédits carbones est complexe. En outre, cela nécessite des règles strictes pour éviter la double comptabilisation des réductions d’émissions ou la spéculation. Il existe un risque que les pays les plus pauvres ne bénéficient pas équitablement de ces mécanismes, les bénéfices étant captés par des intermédiaires ou des grandes entreprises.
Solutions ou saupoudrage ?
Pour répondre à cette question, il faut examiner plusieurs éléments. D’abord, en termes de qualité des projets, les crédits carbones doivent être associés à des projets réels, additionnels (c’est-à-dire qui n’auraient pas eu lieu sans le financement carbone) et durables. Ensuite, relativement à la transparence, il est important de s’assurer qu’un système de suivi et de vérification rigoureux soit mis en place pour garantir l’intégrité des crédits.
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Aussi, il est importantissime de vérifier la répartition des bénéfices. Justement, il faut s’assurer que les communautés locales et les États hôtes bénéficient équitablement des revenus générés par les projets.
Et pour éviter que ces crédits carbones ne soient considérés comme une solution miracle, une panacée, il est nécessaire que l’ambition climatique soit globale. Il est impératif de les voir comme un outil complémentaire à des politiques climatiques ambitieuses de réduction des émissions. Donc, gare à l’euphorie…