Chronique- Quelles stratégies d’une sécurité alimentaire et une logistique efficace en Afrique

Aujourd’hui, l’élaboration de stratégies efficaces pour la sécurité alimentaire et la logistique en Afrique est cruciale. Elle nécessite une approche intégrée, car les défis logistiques, ayant trait à des coûts de transport élevés, des infrastructures insuffisantes, des pertes post-récoltes importante, sont une cause majeure de l’insécurité alimentaire sur le continent.

L’Afrique dispose d’assez de terres arables, fort fertiles, et d’une main d’œuvre suffisante et bon marché. Paradoxalement, en dépit de surproductions dans plusieurs spéculations agricoles, nombre de pays y sont confrontés à des difficultés de sécurité et/ou de souveraineté alimentaire. D’une part, les cultures traditionnelles vivrières de tubercules, de mil ou de fonio… ont été délaissées au profit de cultures commerciales imposées par le colon. D’autre part, les pertes colossales de nourriture sont dues à du stockage inadapté, à des réseaux de transport déficient et à une logistique inefficace. Selon les derniers chiffres de la Banque mondiale, des proportions de 20% des céréales et 40% des fruits et légumes sont perdues annuellement.

L’efficacité de stratégies, à même d’assurer une sécurité alimentaire et une logistique efficace, repose certes sur la stabilité politique et la coopération régionale, mais aussi sur une plus importante interconnexion des systèmes alimentaires et des échanges transfrontaliers.

La production alimentaire est importante en Afrique, cependant elle gagnerait à être augmentée. La résilience et l’accès aux aliments aussi doivent être améliorés. En effet, l’amélioration de la productivité agricole pourrait passer par des technologies et Innovations. Nos Etats, qui ont presque tous des Instituts de recherche et de technologie alimentaire, feraient mieux de les outiller et de promouvoir l’adoption de variétés de cultures améliorées (plus résilientes au climat), de systèmes d’irrigation efficaces, et de technologies numériques (capteurs, drones, etc.). Ces innovations permettraient d’optimiser l’utilisation des intrants et la gestion des cultures.

Technologies de conservation et de transformation

En renforçant l’accès aux intrants (engrais, semences de qualité), au financement (crédits abordables) et à la formation pour les agriculteurs, l’accent pourrait être mis sur le soutien aux petits et moyens exploitants, sur l’octroi de titre foncier aux femmes qui jouent un rôle central… Il est à ce niveau essentiel d’assurer une meilleure sécurité foncière pour encourager les investissements durables et élaborer des politiques pour la gestion et la conservation des ressources naturelles.

Une agriculture climato-intelligente ou AgriTech va permettre de mettre en œuvre des pratiques agricoles qui augmentent la productivité tout en s’adaptant et en atténuant le changement climatique. L’agroécologie, l’agroforesterie, la conservation des sols… ont fini par faire leurs preuves ailleurs.

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En termes de diversification alimentaire, le paysan africain qu’il soit sahélien ou forestier a trouvé la parade depuis l’aube des temps. Il reste à encourager la sélection d’aliments nutritionnellement riches et locaux pour lutter contre des manques à gagner énormes. Des produits agricoles, aux vertus diététiques inégalées, ne demandent qu’à être labellisés, brandés, et mis aux normes de packaging standard.

Un autre gros chapitre a trait à la réduction des pertes post-récolte qui peuvent atteindre 40% pour les denrées périssables. Pour s’en garder, nos Etats de concert avec un secteur public responsable doit investir sans délais dans les technologies de conservation, de stockage, tels que silos, entrepôts modernes, réfrigération, et de transformation.

Pour une logistique efficace

Une logistique performante est essentielle pour relier les zones de production aux marchés et aux consommateurs, réduisant ainsi les coûts et le gaspillage. Cela passe par le développement des infrastructures de transport. En investissant massivement dans la construction et l’entretien d’autoroutes, de voies express, de routes rurales et autres de desserte et des principaux corridors commerciaux régionaux, ciblant les marchés, ports et passages frontaliers critiques, l’impact sera maximisé. Dans la foulée, les infrastructures multimodales viendront en appoint.  Développer et moderniser les ports et les aéroports permettra de faciliter l’import-export et les échanges inter-régionaux.

Nous restons persuadés qu’avec l’amélioration du stockage et de la chaîne du froid, les capacités d’entreposage moderne seront augmentées et l’Afrique pourrait s’autosuffire en produits frais et d’agro-industrie. Le corollaire sera la constitution de stocks de sécurité et le lissage des approvisionnements. Aux petits exploitants pourraient être déployées des solutions de stockage adaptées.

Mailler le continent d’autoroutes et de chemin de fer aux standards internationaux ne servirait à rien s’il n’y a pas la facilitation du commerce. En lieu et place de tracasseries de toutes sortes, il faudra la simplification des formalités. Réduire les obstacles non tarifaires pour lutter contre les lenteurs douanières, les lourdeurs administratives aux frontières permettra d’accélérer l’acheminement des denrées. Cela présuppose la promotion d’une concurrencesaine dans le secteur des transports et de la logistique. L’efficacité de la logistique s’en trouverait améliorée, etles coûts de transport seraient réduits des prix de denrées bon marché pour le consommateur final.

L’institution effective de Bourses de Matières Premières et de la ZLECAf aideront grandement à fluidifier le commerce interafricain.