Libéré des sanctions économiques de la Cedeao, le Mali tente de reprendre pieds sur les marchés financiers. Le gouvernement de transition d’Assimi Goita doit redresser une économie en souffrance.
La Cedeao a levé les sanctions économiques qui pesaient sur le Mali. La décision prise le 03 juillet à Accra au Ghana met un terme au gel des avoirs de l’État malien, des entreprises publiques et parapubliques. Le pays peut désormais procéder à des transferts via des systèmes de paiement à travers la Banque Centrale. A cela s’ajoute la réouverture des frontières terrestres, maritimes et la validation par la Cedeao du nouveau calendrier proposé par la junte lui permettant de rester au pouvoir jusqu’en 2024. La levée de ces sanctions en vigueur depuis janvier 2022 permettra au Mali de se redéployer sur les marchés financiers.
Regagner la confiance des créanciers
Les sanctions imposées au Mali par la Cedeao l’ont exclu des plateformes financières internationales, rendant impossible le remboursement de ses créances. Dés janvier, le Mali a accumulé les défauts de paiement qui se sont élevés à environ 82 millions d’euros au cours du mois de février. Depuis les impayés se sont accumulés sur six mois pour atteindre 550 millions de dollars d’impayés pour la dette émise sur le marché régional. Les arriérés de dette du pays envers des instituions internationales se sont envolés à 80 millions de dollars sur la même période. Soit un total cumulé de 3% du PIB malien, détériorant la confiance des bailleurs.
Transition au Mali : La CEDEAO exprime sa déception
Aussitôt la levée des sanctions annoncée, le Mali a entamé des discussions pour le remboursement de ses créances. Le gouvernement de transition dirigé par le Colonel Assimi Goita a retrouvé l’accès à ses comptes domiciliés auprès de la BCEAO et procédé le 4 juillet au remboursement d’une créance arrivée à échéance, selon une information de Reuters. Le pays peut désormais émettre de nouveaux titres de dette pour financer le fonctionnement de l’Etat. Au début de l’année 2021, les besoins de financement du Mali sur le marché régional ont été évalués à près de 363 millions de dollars.
Redresser une économie en panne
Selon une note de l’agence Moody’s, le Mali devrait s’attendre à une croissance de 1,5% en 2022 contre 5,5% auparavant. Par ailleurs, la pandémie du COVID-19 associée à un coup d’État en août 2020 a fait passer l’économie d’une forte croissance de 5,1 % du PIB réel en 2019 à une récession au cours de laquelle le PIB réel a diminué de 2 % en 2020. Ce qui correspond à une perte totale de croissance de 7,1 points de pourcentage, d’après l’analyse de la Banque Africaine de développement (BAD) dans ses perspectives du pays 2021. L’économie malienne a été par la suite malmenée par une série d’événements défavorables. L’escalade des sanctions économiques de la Cedeao, la persistance des attaques terroristes menées par les djihadistes, les conséquences de la pandémie du COVID-19 ont affaibli le pays. Non producteur de pétrole et de gaz, le Mali subit la hausse des prix du baril qui se négocie à plus de 110 dollars en juillet 2022 contre 74 dollars en septembre 2021. Ces facteurs combinés à une flambée des prix des denrées alimentaires dans le contexte de la guerre Russie- Ukraine ont contribué à creuser les déficits budgétaires.