Des agriculteurs nigérians et leurs communautés recevront 15 millions d’euros de compensation pour la pollution par les hydrocarbures dans leurs villages. La pollution a été causée par des fuites dans les pipelines de Shell. L’issue de cette affaire judiciaire sonne comme un avertissement pour les grandes entreprises qui polluent dans des pays en développement.
La compagnie pétrolière et Shell versera 15 millions d’euros (15,9 millions de dollars) aux communautés nigérianes qui ont été touchées par de multiples fuites d’oléoducs dans le delta du Niger, a annoncé vendredi la compagnie pétrolière dans un communiqué conjoint avec la division néerlandaise des Amis de la Terre, « Milieudefensie ». En 2008, des agriculteurs et des pêcheurs, ainsi que Milieudefensie (Amis de la Terre Pays-Bas), ont engagé des poursuites judiciaires contre le siège de Shell à La Haye en raison de la pollution pétrolière sur leurs terres. La pollution a eu lieu entre 2004 et 2007 dans les villages d’Oruma, Goi et Ikot Ada Udo au Nigeria. C’est 15 ans plus tard qu’ils ont obtenu justice.
« Si l’on regarde l’ensemble du dossier judiciaire, le gain majeur est qu’une nouvelle norme a été établie : les entreprises ne pourront plus s’en tirer en polluant et en ignorant les droits de l’homme. Maintenant, ils peuvent être appelés à rendre des comptes », a déclaré Directeur de Milieudefensie Donald Pols.
Cas sans précédent
Pour la première fois dans l’histoire, un siège social a été tenu pour responsable des agissements de sa filiale dans un autre pays. Shell a résisté à la demande pendant de nombreuses années, arguant depuis son siège aux Pays-Bas que l’affaire devait être entendue par un tribunal nigérian. Un argumentaire rejeté par le tribunal néerlandais qui ordonné en 2021 à Shell de verser une indemnisation aux agriculteurs nigérians, de nettoyer les dégâts et de prendre des mesures pour empêcher de nouveaux déversements en installant un système de détection de fuites près d’Oruma. Pour sa défense face à cette décision judiciaire, la compagnie d’hydrocarbure a estimé que les fuites d’hydrocarbures ont été causées par un sabotage plutôt que par un défaut d’entretien, comme l’a voulu faire croire l’accusation.