Investissements du Japon en Afrique, vers un retour d’influence ?

Très tôt positionné en partenaire de pays africains au sud du Sahara, le Japon, qui est en train d’être devancé par l’Empire du Milieu, a montré un regain d’intérêt pour l'investissement en Afrique ces dernières années, notamment dans des domaines, tels que l'infrastructure, les ressources naturelles, l'énergie et le développement économique. (Crédit : TICAD 2019)

Forum ouvert et inclusif, la Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD), initié en 1993 par le Japon, a constitué le bras armé du pays du soleil levant dans la promotion de la croissance économique, du commerce et de l’investissement, de la gouvernance… en Afrique. Face à la concurrence, des USA, de l’UE et de la Chine, le Japon se relance, avec en ligne de mire, une ZLECAf naissante.   

Un milliard USD, c’est le montant que le Japón va investir dans le secteur minier en RDC. L’annonce fait le 10 août donne un coup d’accélérateur aux investissements japonais en Afrique. Depuis le début, la coopération japonaise en Afrique a visé l’appropriation africaine du développement et un partenariat win-win.  Si au début, en 1993, à Tokyo, la première des conférences TICAD comme celles qui suivirent, a été axée sur des rencontres G2G (gouvernements à gouvernements), portant sur la maîtrise du processus et des stratégies de développement, la gouvernance, et le partenariat dans le développement économique, social et sécuritaire. Cette approche, qui instaura rapidement un mécanisme de suivi à trois niveaux, comprenant un Secrétariat adjoint, un Comité conjoint de surveillance et des Réunions de suivi, s’est voulue pragmatique et efficiente. Fort heureusement, elle évoluera très vite. La période du Forum passa de 5 à 3 ans à partir de 2016 et alternativement au japon et en Afrique. La TICAD VII, du 28 au 30 août 2019 a reconnu pour la première fois les entreprises privées comme partenaire officiel. Le TICAD VIII, du 27 au 28 août à Tunis 2022, un plan d’investissements de 30 milliards de dollars sur 3 ans a été décidé. A noter que le Japon a toujours misé sur la formation professionnelle, avec l’implantation de centres de formation financés et encadrés.

Un regain d’intérêt japonais pour l’Afrique

Très tôt positionné en partenaire de pays africains au sud du Sahara, le Japon, qui est en train d’être devancé par l’Empire du Milieu, a montré un regain d’intérêt pour l’investissement en Afrique ces dernières années, notamment dans des domaines, tels que l’infrastructure, les ressources naturelles, l’énergie et le développement économique. Les stratégies d’investissement du Japon en Afrique ont produit peu d’avantages depuis la première édition de la TICAD en 1993, le solde des IDE du Japon en Afrique, qui s’élevait à 12 milliards de dollars à la fin de 2013, est tombé à environ 4,8 milliards de dollars à la fin de 2020, par rapport à 65 milliards de dollars du Royaume-Uni, 60 milliards de dollars de la France, 48 milliards de dollars des États-Unis et 43 milliards de dollars de la Chine, au cours de la même période. Le nombre d’entreprises japonaises, opérant en Afrique, a lentement augmenté, passant de 520 en 2010 à 796 en 2019, mais l’investissement total a diminué ces dernières années. Le Japon a investi dans plusieurs pays africains au fil des ans, mais il est important de noter que les investissements peuvent varier d’une année à l’autre en fonction des priorités économiques, des opportunités et des partenariats. Généralement des pays, tels que l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Maroc ou encore le Sénégal, ont attiré une part importante des investissements japonais.

A lire aussi : Afrique: en partenariat avec la BAD, le Japon va investir 5 milliards dans 4 secteurs prioritaires

L’Afrique du Sud, en raison de son niveau de développement économique, a souvent été l’un des principaux bénéficiaires des investissements japonais en Afrique, avec 70% du total. Ces investissements couvrent un large éventail de secteurs, notamment l’industrie automobile, les infrastructures et les technologies. Le Japon a aussi montré un intérêt pour l’Égypte, en particulier dans les domaines de l’énergie, de l’infrastructure et des technologies. Quant au Kenya, il a attiré l’attention du Japon en raison de son rôle de centre économique et technologique en Afrique de l’Est. Les investissements japonais y ont été observés dans des domaines, tels que les télécommunications, les infrastructures et les énergies renouvelables. En tant que plus grande économie d’Afrique, le Nigéria a été une destination pour les investissements japonais, en particulier dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et des technologies. En Côte d’Ivoire, les investissements japonais ont augmenté, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture et des infrastructures.

A lire aussi : Chronique : quelle position pour l’Afrique dans la guerre hégémonique entre le dollar et le yuan ?

Cette liste est loin d’être exhaustive, sachant que d’autres pays africains ont reçu des investissements japonais importants. Il est utile de souligner que les priorités d’investissement du Japon évoluent en fonction des circonstances économiques et des opportunités émergentes. En dehors des chiffres et des accords de partenariats, les investissements japonais en Afrique ont péché par un excès de bonne volonté. L’exemple patent se trouve dans l’aide alimentaire japonaise (Projet Riz KR) pour lutter contre les effets de la sécheresse ou autres effets des changements climatiques. En expédiant des milliers de tonnes de riz et de blé japonais vers cers pays, au lieu de privilégier les achats locaux des exploitants agricoles, la valeur des spéculations locales baisse. Les exploitants agricoles locaux sont alors confrontés à la mévente…  

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici